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Code électoral : La querelle des gauches
Publié dans La Gazette du Maroc le 03 - 07 - 2006

L'adoption de modifications plus restrictives du code électoral par le gouvernement avant leur discussion prochaine au Parlement a provoqué une vive opposition notamment des partis de la gauche contestataire ainsi que des réserves du PPS. Les querelles et divisions ataviques de la gauche ont trouvé là l'occasion de se manifester bruyamment, mais cette fois-ci étrangement sur le droit à participer aux élections. Jamais résolu, le dilemme de la diversité dans l'union, est plus que jamais posé à la gauche. Quelles peuvent en être les conditions ?
L'adoption par la majorité gouvernementale des modifications du code électoral devant réagir les élections législatives de 2007 a provoqué un tollé retentissant des différents partis de la gauche radicale.
Deux dispositions en particulier sont dénoncées avec virulence. Le seuil de 3 % des voix obtenues lors des élections de 2002 est requis pour pouvoir accréditer des listes, en deçà, les candidatures doivent se conformer à la procédure requise pour les indépendants, soit l'aval de 500 signatures d'électeurs dont 100 élus communaux. Les nouveaux partis, récemment créés, devront se plier aussi à cette même procédure.
La seconde disposition mise en cause est celle du seuil de 7 % des voix que chaque liste doit obtenir à l'échelle de la circonscription ou à l'échelle nationale pour ce qui est de la liste réservée aux femmes, pour être admis à la répartition des sièges.
Le parti socialiste unifié (PSU) de Mohamed Moujahid a appelé à un meeting de protestation à Rabat le 27 juin dernier auquel ont participé le PADS de Ahmed Benjelloun, Annahj Addimocrati d'Abdallah Harrif, le parti socialiste de Abdelmajid Bouzoubaa et le Congrès national ittihadi des amis de Noubir Amaoui. Même si la virulence des propos différait selon les chefs de file de ces partis, il en ressort d'une part le refus opposé au «despotisme anti-démocratique» de l'actuelle majorité et d'autre part l'aggravation de la crise, déjà latente, avec l'USFP.
C'est ainsi que l'imposition de nouveaux seuils dans le code électoral est qualifiée d'opération politique, visant à exclure d'avance des organisations dont l'histoire et le rôle potentiel ne peuvent ainsi être purement niés. Cela a suffi à raviver, de façon saisissante, la querelle des gauches jusqu'ici en mal de convergence et d'unification.
Tir groupé
Le moment ne pouvait être plus mal venu car au sein du PADS et d'Annahj, qui étaient restés sur des positions plus radicales de boycott des élections, des tendances en faveur de la participation au prochain scrutin étaient apparues.
La suspicion envers l'USFP s'est ainsi aggravée et certains n'ont pas hésité à accuser la direction de ce parti d'abandonner l'option démocratique après avoir renoncé à celle du socialisme. Certains anciens dissidents de ce même parti n'ont pas hésité à le soupçonner de vouloir éliminer d'avance des concurrents gênants qui au sein du Parlement le déborderaient sur sa gauche.
Ils suggèrent même que c'est rien moins que l'ambition d'Elyazghi de devenir premier ministre après l'échéance de 2007 qui expliquerait son «acharnement» à faire adopter les nouveaux seuils du code électoral.
Face à ces attaques en tir groupé, l'USFP s'en tient à souligner qu'elle a bataillé pour le maintien du scrutin de liste qui était fortement remis en cause même au sein de la majorité gouvernementale. Un retour au scrutin uninominal aurait constitué une régression totale et aurait mis fin au quota réservé aux femmes.
Le premier secrétaire Mohamed Elyazghi a justifié l'adoption des nouvelles dispositions du code électoral par la nécessité d'en finir avec l'émiettement de la scène politique et de favoriser la constitution de grands pôles distincts et représentatifs, soulignant ainsi la convergence avec le souhait exprimé par le roi. Pour l'USFP, la dispersion des petites organisations « les confine dans l'élitisme et nuit objectivement à l'implication dans l'action politique au sein des masses ». Quant aux accusations virulentes à son endroit, le bureau politique de ce parti rétorque par «la nécessité de dépasser les phénomènes négatifs qui entachent la culture politique dans notre pays afin de rompre avec certains discours répétitifs et qui relèvent parfois de réactions émotionnelles». Il est évident que l'USFP veut limiter la perte et la dispersion des voix de gauche aux élections. Il s'agit de favoriser le “vote utile” face aux islamistes du PJD, surtout en cas d'abstentions importantes.
On assiste là aux survivances d'un vieux différend qui n'a cessé d'alimenter les divisions récurrentes et les méfiances persistantes au sein de la gauche.
L'ancienne gauche révolutionnaire n'a cessé de faire reproche à l'USFP de nier la particularité de ses apports, tant idéologico-politiques que militants. Ses différentes composantes estiment qu'elles expriment des exigences nécessaires pour une véritable mutation démocratique et pour conférer à celle-ci un contenu social plus affirmé. Elles ne peuvent accepter d'être reléguées au même plan que des partis ou organisations sans histoire militante et sans contenu palpable autre que celui du clientélisme ou des ambitions opportunistes.
D'où la grande indignation exprimée lors du meeting de Rabat de se voir contraints à recueillir les signatures des «partis fantoches de l'administration» pour pouvoir déposer les candidatures aux élections.
Ne pouvait-on en effet se limiter aux signatures des citoyens sans passer par celles des élus ?
Depuis longtemps l'USFP s'est montrée allergique aux critiques, perçues comme des surenchères, de la part des autres organisations de gauche. Ceci d'autant plus que la plupart d'entre elles sont nées de scissions en son sein. La particulière animosité envers le PSU vient du fait qu'il est en partie le produit d'une fusion avec l'aile «Fidélité à la démocratie» qui a quitté l'USFP.
Celle-ci a tendance à considérer que les scissions et la multiplication des partis se voulant de gauche (le dernier en date étant le parti travailliste de Abdelkrim Benatik) ne font qu'affaiblir l'USFP et donc la gauche en général. Ils ne traduisent pour elle que des luttes et divisions de clans sans contenu vraiment distinct. A preuve le CNI des amis de Noubir Amaoui n'a été d'aucun apport et il a vite donné lieu à une nouvelle scission avec le départ de son secrétaire général Abdelmajid Bouzoubaa et la création du parti socialiste.
Dilemme insoluble
Elyazghi a, à maintes reprises, affirmé que si les différentes organisations de gauche se cantonnent dans « l'hostilité à l'USFP », elles seront perdantes et nuiront à l'ensemble de la gauche.
On retrouve là un dilemme resté jusqu'ici insoluble. Comment concilier à la fois une réelle diversité de la gauche et son unité ? Il faut sans doute déjà s'interroger sur la réalité de cette diversité. Il est évident que les scissions ne constituent pas le seul moyen pour exprimer un désaccord politique ou pour trancher des différends entre clans ou personnes. Les réflexes centrifuges et scissipares ne pourraient être considérés comme fondement d'une différenciation.
On peut parfaitement concevoir qu'un parti regroupe des sensibilités ou des courants différents, l'essentiel étant qu'une culture du débat et de la démocratie interne prévale pour de bon.
Loin de tout soupçon d'hégémonie ou de bureaucratisasion des appareils, cette culture peut servir de base à une unification sans ostracisme ni exclusion et avec une liberté d'expression interne véritable.
Quant aux différences d'ordre historique qui font que des organisations ne veulent pas renoncer à une existence et à un discours qui leur sont propres, rien n'empêcherait de les admettre dans une perspective unitaire. Dans la mesure où on n'est plus en présence d'un clivage radical entre «révolutionnaires» et «réformistes», il ne peut subsister que des différences d'appréciation sur la nature et le rythme des réformes à introduire. Ce sont les rejets et les anathèmes réciproques qui font que l'USFP et les autres organisations de gauche ne parviennent pas à dialoguer et à établir un cadre de concertation qui serait un dénominateur commun au sein duquel les différences d'approche et d'analyse peuvent subsister. Dans un tel cadre, il serait possible d'envisager des alliances sinon même des listes communes aux élections et encore davantage des actions communes sur le terrain associatif et social.
Le PPS partagé
Il n'est pas impossible d'imaginer que l'USFP puisse, à terme, résorber les différentes scissions qu'elle a pu connaître au cours des dernières années. Le renforcement de la démocratie et d'un véritable débat sur le plan interne pourront certainement y contribuer. L'annonce au cours de la semaine écoulée d'un projet de mémorandum qu'un groupe de membres de l'USFP, dont certains font partie de son conseil national, s'apprêtent à présenter au bureau politique et aux autres instances dirigeantes serait-elle un signe en ce sens ? Ce mémorandum demanderait la reconnaissance de courants au sein du parti pour «créer des espaces de débat car celui-ci est devenu otage des calculs organisationnels étroits et se trouve relégué derrière la lutte pour les positions».
Déjà le 6ème congrès en 2001 avait admis le principe des courants à condition que ceux-ci ne soient pas structurés en organisations distinctes. Aucune suite n'avait été depuis donnée à cette proposition.
Le fait qu'elle soit à nouveau évoquée traduit sans doute un besoin latent d'institution, plus ouverte et plus moderne, du débat au sein du principal parti de gauche pour surmonter de façon plus décisive, les blocages possibles et les tentations scissionnistes.
Quant aux partis de la gauche radicale qui ne faisaient pas partie de la mouvance USFP, ils seraient sans doute bien inspirés d'approfondir leur propre examen critique et de lever certaines ambiguïtés de leur discours et de leur isolement de fait. C'est au sein du PSU que ce débat est déjà engagé, même si l'organisation des courants n'y est guère aisée.
Le PPS se trouve plus encore à la croisée de cette problématique. Il est à la fois membre de la Koutla et de l'actuelle majorité tout en exprimant des réserves sur les nouveaux seuils définis dans le code électoral.
Il se rapproche du PSU, lequel appelle ses élus à voter pour les candidats PPS lors du renouvellement du dernier tiers de la chambre des conseillers. Le PPS pourra-t-il contribuer à un rapprochement entre l'USFP et les autres «sensibilités» de gauche, au-delà de l'actuelle crise ? Cela semble encore aléatoire, mais il aurait vocation à le tenter.


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