Le parti présidé par Saâd Eddine El Othmani prépare calmement sa campagne électorale. Plusieurs rendez-vous sont programmés pour déterminer la feuille de route du parti. La rentrée politique de cette année est assez particulière. D'abord 2007 est une année électorale et ensuite tout le monde attend et observe les islamistes du PJD. Ces derniers n'ont pas manqué de marquer les esprits. Après l'élection du tiers sortant de la deuxième Chambre, le parti dirigé par Saâd Eddine El Othmani a connu un cuisant échec. Il n'a remporté qu'un seul siège. Pour les dirigeants du PJD, cette «défaite» a une explication plausible. Leur syndicat, l'Union Nationale des Travailleurs Marocains (UNTM), dirigé par Mohamed Yatim, n'a vu le jour que vers la fin des années 1990 et le parti n'a toujours pas intégré les structures des chambres professionnelles pour pouvoir rivaliser avec les grandes formations politiques. Mais en aparté, les cadors du PJD estiment que l'utilisation de l'argent lors de ce scrutin a été déterminante pour leur défaite. Malgré ce revers, les deux conseillers du PJD ont, cependant, fait l'événement lors de la constitution des groupes au sein de la deuxième Chambre. Et pour cause, ils ont été approchés par la Confédération Démocratique du Travail (CDT) de Noubir Amaoui afin de constituer le même groupe. Une approche qui a été abandonnée après la protestation de certains dirigeants de la CDT. Cette démarche dénote de la stratégie du PJD. Une alliance contre nature qui permettra aux deux conseillers de maîtriser les arcannes de la Chambre des conseillers. Un autre événement de taille a marqué cette rentrée. Après le revirement de l'USFP qui a décidé de prendre la présidence de la commission de la justice au sein du Parlement alors que ses députés avaient manifesté, l'année dernière, leur souhait de présider la commission sociale, le PJD a été forcé de changer de cap. « Il est clair que la commission de la justice présidée par Mustapha Ramid allait permettre au parti d'être présent sur la scène politique et de marquer les esprits lors d'une année électorale. Les socialistes l'ont bien compris et ont essayé de nous couper l'herbe sous les pieds », regrette un député islamiste. C'est l'avocat Mohamed Karam qui a défendu cette stratégie pour finalement permettre à son collègue Me Abdelkebir Tabih de prendre la présidence de la commission de la justice au Parlement. Quant au PJD, il a bien recadré le tir en prenant en charge la commission des secteurs sociaux (la santé, l'éducation, l'emploi…) et surtout en nommant la député Bassima El Hakaoui à sa tête. Un message fort. La femme a une place primordiale au sein du PJD. Le livre et son timing Dans la même semaine, un livre choc a été mis en vente. Il s'agit de l'ouvrage de l'ex-ministre des Habous et des Affaires islamiques, Abdelkbir Alaoui M'Daghri. Dans ce livre, «un gouvernement barbu», Alaoui M'Daghri livre une analyse intéressante. Tout en critiquant le programme économique et social du PJD, il défend son intégration au sein du champ politique marocain. Pour l'actuel président de «Bayt mal El Qods», le PJD sera appelé à diriger un des prochains gouvernements. L'obsession de ses cadres de moraliser la vie publique et de combattre la corruption peuvent être deux éléments de réussite pour le PJD. «Abdelkbir Alaoui M'Daghri a toujours eu de l'estime pour le PJD. C'est l'un des ministres de feu Hassan II qui a normalisé les relations entre l'Etat et le PJD. Il ne faut pas oublier qu'il avait organisé l'Université d'été de la Sahoua Islamique avec la présence des plus grands dirigeants des mouvements politiques islamiques dans le monde arabe», explique un élu du PJD. Le mois de novembre sera aussi déterminant. La première semaine connaîtra le troisième congrès du Mouvement Unicité et Réforme (MUR). Tous les hauts cadres du PJD seront présents pour élire les instances du mouvement et surtout son président. Trois noms circulent. Il s'agit de Mohamed Yatim, Mohamed El Hamdaoui et Abdellah Baha. Ce rendez-vous permettra de connaître les tendances du mouvement. Critiqué à cause de son journal «Attajdid», le MUR se penchera sur le sujet pour permettre au PJD d'entamer les élections de 2007, sans grand problème. Le même mois, le conseil national du parti se réunira pour adopter le programme électoral du PJD. Un meeting primordial pour connaître le taux de participation du PJD lors des élections législatives de 2007