Les prémices de la fusion BCP/SMDC se font déjà sentir. En effet, la SMDC a restructuré son organigramme, tout en créant une nouvelle commission devant collaborer avec celle de la BCP, afin de ficeler le projet de fusion. Parallèlement, comme si de rien n'était, la SMDC vient de lancer son premier produit monétique et compte en lancer d'autres très prochainement. La SMDC (Société marocaine de dépôt et de crédit) n'existera plus. C'est le Comité des établissements de crédit, réuni le 2 avril dernier, qui l'a décidé. Cette disparition n'est pas due à une faillite ou à une crise financière aiguë. Loin de là. La SMDC ne sera plus parce qu'elle sera absorbée sous peu par la BCP, devenue tout récemment son actionnaire de référence, suite au rachat des parts de BNP Paribas et de la banque Worms. Restent les parts de la BMCE Bank. Celle-ci détient toujours 14% de la SMDC, mais ne tardera pas à les vendre à la BCP, car celle-ci a reçu l'aval des autorités monétaires pour l'absorption de sa filiale. Cette opération, programmée dans moins d'un an, est devenue, depuis le 2 avril dernier, le centre d'intérêt de la direction des deux banques, qui ont constitué deux commissions de travail (l'une formée par des cadres de la SMDC, la seconde par ceux de la BCP), auxquelles la mission de préparer le terrain à la fusion a été confiée. Selon nos informations recoupées auprès de sources bien renseignées, “la SMDC a récemment mis en place un nouvel organigramme calqué sur celui de la BCP”. Préparation du rapprochement Aussitôt l'information sortie secrètement du monde discret de la banque, certains observateurs ont cru à un diktat de la part de la direction de la BCP, qui aurait contraint l'équipe de la SMDC à revoir sa structure interne sous toutes les facettes. Commentaire rejeté par la direction de la petite banque du Boulevard Hassan-II, qui attribue le changement de l'organisation à son souci de s'adapter à l'évolution de la profession bancaire. Concrètement, il n'y a pas eu de restructuration profonde de l'organigramme de la SMDC. Seulement des changements de noms opérés, dans le but d'harmoniser la structure de la banque avec celle de sa maison-mère, en prévision de l'imminent rapprochement. Logique, estime un analyste de la place, qui avance que l'absorption de la SMDC va coûter à la BCP des centaines de millions de dirhams en raison de l'ampleur de ses créances en souffrance, qu'on estime aujourd'hui à 900 millions de dirhams, soit 30% de l'ensemble des crédits à l'économie de la banque. Anciennement déclinée en secteurs, la nouvelle organisation est désormais structurée en pôles. L'organisation passe ainsi de 6 secteurs à 5 pôles, sous l'effet de la disparition du secteur export qui comporte un portefeuille sinistré, composé essentiellement d'entreprises du secteur textile. Comme pour les créances douteuses, ce secteur a été viré au contentieux, et plus précisément, au département contentieux qui, lui aussi, change de structure puisqu'il a été renforcé par une équipe de commerciaux. Ce dernier changement d'orientation revêt, pour la direction de la SMDC, une importance cruciale, pour la simple raison que presque le tiers de son portefeuille clients est menacé de non-recouvrement. Pour éviter cela, la SMDC compte traiter de manière plus commerciale ses clients devenus insolvables. Autrement dit, trouver des solutions à l'amiable avec eux et éviter les recours en justice, souvent très coûteux pour les institutions bancaires. C'est la nouvelle logique qui orientera le traitement des dossiers tombés en litige, non seulement au niveau de la SMDC, mais dans tout le Groupe banques populaires. Ceci étant, la banque toujours dirigée par Abdellatif Idmahamma se met à niveau et amorce une restructuration en douceur à même d'améliorer ses indicateurs financiers plombés, pendant un certain temps, par le laxisme qui caractérisait la politique de distribution des crédits. Sur le plan du réseau commercial, la SMDC sera complètement absorbée par le Groupe banques populaire. Autrement dit, les agences commerciales de chaque ville seront absorbées par la Banque populaire régionale de cette même localité. Cette action entraînera la disparition de l'enseigne SMDC au profit de celle de la Banque populaire. Quant au siège de la banque, actuellement sis sur le boulevard Hassan II, il est question qu'il abrite la direction “grandes entreprises” du groupe. Ainsi, tout le personnel de cette direction, logée en ce moment au siège de la BCP, va migrer vers les locaux actuels de la SMDC. À la question , “y aura-t-il une coupe dans l'effectif du personnel de la SMDC ?”, les dirigeants répondent par la négative. “Tout le personnel de la SMDC sera réintégré dans le Groupe banques populaires” expliquent-ils. Néanmoins, des départs volontaires auront lieu, suivant des conditions qui seront divulguées ultérieurement au personnel désireux de changer de cap ou de partir en retraite anticipée. De nouveaux produits Par ailleurs, le remue-ménage qui s'opère en termes d'organisation, prémices de la fusion, ne semble pas perturber le développement des produits offerts par la banque. En effet, il peut paraître paradoxal qu'une banque au bord de la disparition lance de nouveaux produits, mais les faits sont là ! La SMDC a lancé, début avril, sa première carte monétique (carte GAB) reliée au guichet automatique interbancaire. Ce n'est pas tout, puisque incessamment (dans 2 mois), deux nouveaux produits monétiques verront le jour. Il s'agit de la carte Visa éléctron et de la carte Visa classic, destinées à compléter l'offre de la banque en cartes bancaires. “Le développement de ces produits ne date pas d'aujourd'hui. Les investissements ont été entrepris longtemps avant l'annonce de la fusion. Si aujourd'hui ils ont vu le jour, c'est que l'entité ne pouvait plus faire marche arrière”. Toutefois, quel sera leur rôle s'ils sont appelés à disparaître dans les mois à venir ? Comment ce signal sera-t-il interprété par la clientèle et les institutionnels ? “Tout simplement par le fait que cet investissement de taille ne servira pas à grand- chose.” D'ailleurs, la toute nouvelle carte GAB SMDC, actuellement en circulation, et qui est reliée au guichet interbancaire nous pousse à nous poser quelques questions, sachant que les produits monétiques du Groupe banques populaires ne sont pas reliés à ce centre…