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Deux trafiquants racontent
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 11 - 2003


Des réseaux bien organisés
Les candidats à l'émigration clandestine ne reculent devant rien. Les trafiquants d'hommes le savent très bien et organisent des réseaux spécialisés pour acheminer des clandestins entre le Maroc et l'Espagne où ils iront grossir les effectifs de travailleurs-esclaves dans les fermes et les champs. Entre rabatteur, passeur, navigateur et associé sur l'autre rive, la mort est le plus souvent au rendez-vous.
“Je ne suis pas responsable de la mort de qui que ce soit. Ce sont les harragas qui choisissent de partir dans ma barque. Je ne leur mets pas le couteau sur la gorge pour qu'ils embarquent avec moi… j'étais pêcheur et avec le temps, les affaires ont très mal tourné. Aujourd'hui, c'est la seule source d'argent pour moi. Je ne sais rien faire d'autre que de monter sur une barque et prendre la mer avec des harragas dedans”. Brahim a 52 ans, il est père de cinq enfants, trois garçons et deux filles et sa femme est morte il y a quatre ans. Dans ce petit village à quelques encablures de Tétouan, les gens disent beaucoup de bien de lui. Pourtant, avec les morts qui se succèdent, tout le monde ici affiche une mine grise, un visage des mauvais jours. Quand on leur parle des clandestins, ils font la moue et sombrent dans le mutisme ou alors il y en a un parmi eux qui se racle la gorge et entame leur litanie déjà répétée à d'autres : “c'est la faute du gouvernement. Nos enfants n'ont rien d'autre à faire que partir puisqu'il n'y a rien pour eux ici, dans leur pays. Pour ma part, si je pouvais envoyer mon fils travailler et nous aider à vivre, je n'hésiterais pas un seul instant”.
Nous sommes entourés par un groupe d'hommes âgés qui ont tous des enfants et qui soutiennent qu'ils sont prêts à les envoyer mourir. Dans leur logique, un homme qui n'a pas de quoi se nourrir, doit affronter le danger pour subvenir à ses besoins. Il ne doit reculer devant rien et au besoin risquer sa vie pour sauver les siens. Si vous avez le malheur de leur rétorquer qu'ils n'ont, ces harragas, que la mort au bout des vagues, vous les entendrez dégainer la réponse fatale, celle qui ne risque aucune argumentation : “seuls les mécréants ont peur de mourir”. Soit.
Dans un café de Casablanca
Avant de partir dans le Nord pour rencontrer ce pêcheur qui a daigné nous parler de son travail, nous avions un autre rendez-vous dans un café de la ville avec un passeur d'hommes qui assure le transport et les arrivages en Espagne. On va l'appeler Hassan, un quadragénaire brun, très mince avec la démarche d'un ancien athlète qui traîne aujourd'hui un surplus de poids. Il est dans les affaires depuis six ans. Il vit entre l'Espagne et Casablanca et dit avoir une famille à nourrir “comme tout le monde”. Sa spécialité est les clandestins venus d'Afrique subsaharienne. Il ne deale pas avec ses frères marocains pour des raisons de sécurité. “Il faut être marteau pour faire passer des Marocains. Avec ce qui s'écrit dans les journaux, les familles qui portent plainte et tout le bazar, il faut travailler à l'abri. Avec les Africains, il n'y a pas de problèmes ; ils savent qu'ils peuvent y arriver comme ils peuvent y laisser leurs peaux. Ils ne cherchent pas à nous piéger comme les Marocains. Avec un Africain, tu touches ton blé, tu fais monter le mec dans une barque assurée et le reste on ne s'en occupe plus. S'il lui arrive de mourir, ce qui est le sort décidé par Allah, je n'aurais pas sa famille sur le dos ni tous les problèmes que d'autres amis ont vécu en rendant service à leurs frères du pays ”. Pour Hassan, faire monter un homme désespéré sur une barque pour l'envoyer à la morgue est un énorme service qui se paye ! Son réseau est simple comme il nous l'a expliqué. Il a des rabatteurs qui travaillent surtout entre Casablanca et le sud du pays. C'est eux qui dénichent le gibier et choisissent les futurs candidats. «Ils ne sont pas payés au mois ou à la semaine. Non, ils ont une commission sur chaque tête. Il y en a qui se font jusqu'à 20.000 dhs par mois quand les affaires sont bonnes». Les rabatteurs ont des commissions fixées par le marché des passeurs d'hommes.
Cela varie entre 700 et 1.000 dirhams par individu selon les époques.Le métier de rabatteur, comme nous l'explique Hassan, consiste à voyager et à aborder les étrangers noirs qui circulent au Maroc : d'Essaouira jusqu'à Agadir en passant par Marrakech, Casablanca, Rabat, El Jadida, Settat et Mohammédia. Ils demandent aux touristes s'ils sont intéressés par un voyage assuré en Espagne pour une somme variant entre 15.000 et 25.000 dirhams. Hassan nous précise alors que pour ceux qui ne seront pas logés à Casablanca en attendant le grand voyage vers l'Espagne, parce qu'ils ont des amis ou des compatriotes qui acceptent de les héberger, les frais reviennent à 15.000 dhs tous ronds. Pour ceux qui sont “coupés d'un arbre”, ceux qui ne connaissent personne, il faut compter avec les frais d'une chambre où ils seront entassés à cinq ou six en attendant que le passeur fasse sa commande et arrange les affaires avec ses acolytes, pêcheurs ou trafiquants de l'autre côté de la rive méditerranéenne.
Le prix de la mort
Dans le café, Hassan nous présente un nouveau venu. Il dit que c'est un ami qui a travaillé dans le domaine depuis des années et assurait surtout l'arrivée et le dispatching des clandestins une fois débarqués sur le sol espagnol. Le spécialiste sera nommé Ali, il est aujourd'hui propriétaire terrien dans la région de Rabat et dit que les affaires ne font que commencer malgré tout ce tapage fait autour : “ vous croyez franchement que les gens vont cesser de partir parce qu'ils auront peur ? Il n'y a que le changement de vie qui pourrait les en dissuader. En attendant ce miracle, il y aura toujours et de plus en plus de harragas”.
Ali jubile comme s'il s'agissait d'une manne tombée du ciel. Et les états d'âme sur le destin, la mort, la jeunesse qui s'en va, ce n'est pas du tout le registre qu'il affectionne le plus. Il est même tranchant : “si j'étais à leur place, je ferais pareil. Peut-être que vous aussi vous feriez pareil. Pourquoi alors me jeter la pierre comme si j'étais le dernier des criminels. J'estime que je rends un fier service à mes frères puisque je les case en Europe, je leur trouve une planque où ils peuvent gagner des sous avant de revenir au pays”. Ali détaille alors le travail. Quand Hassan fait acheminer son convoi de Casablanca vers le Nord, il y a trois hommes qui travaillent pour eux et qui assurent la réception du colis humain.
Quoi qu'il en soit personne ne voyage le jour même, même si tout est prêt. On s'occupe alors du logement et de la nourriture dans des baraquements sur une ferme ou dans un douar où l'on s'arrange avec les pêcheurs ou certains fellahs en manque de moyens.
Au bout de quelque temps, qui varie entre trois jours et trois semaines, on désigne les “bahharas”, les navigateurs qui vont faire le Détroit. Le choix se porte toujours sur des gens qui ont déjà fait leurs preuves : “on ne travaille pas avec n'importe qui. Nous avons nos hommes qui sont des marins avérés et qui savent se débrouiller en cas de pépin. Ils ne sortent en mer que lorsque le signal est donné de l'autre côté par nos associés espagnols qui attendent les arrivages.”
Selon Ali et Hassan, sur une barque qui chavire et prend l'eau il y en a cinq qui passent le cap sans problème. Une fois sur place, les “associés” espagnols reçoivent la “marchandise” qui ira trouver des cachettes dans les champs de melon, tomates ou dans des oliveraies. Les marins qui conduisent les barques ont des primes de sortie qui vont parfois jusqu'à 5.000 dirhams.
Les prix sont tributaires là aussi des conditions météo et de la bonne ou mauvaise humeur de la nature. Si la mer est démontée et gronde sa colère, le marin qui tente une sortie aura le gros lot. Si la mer affiche un calme plat, il s'en tirera avec un salaire minimum de 2.000 dirhams. “Mais il ne faut plus compter sur un pêcheur sans travail qui va accepter de sortir pour rien. Non, la nuit de navigation se négocie au prix fort et nous l'acceptons, c'est la loi du marché ”.
L'Espagne et ses travailleurs “moros”
“Une fois sur place, il y a des gens qui viennent chercher les clandestins sur la plage même. On les fourgue dans une estafette ou une camionnette et cap sur une ferme où ils obtiennent déjà du travail”. Pour Ali et Hassan qui sont “fiers de faire cela pour des êtres humains dans le besoin”, quand les clandestins mettent leurs pieds dans l'embarcation, il n'y a plus aucune responsabilité. “Ils ont tous du travail, gagnent de l'argent et envoient de quoi vivre à leurs familles dans le pays. Pourquoi se plaindre alors ?”.
Hassan ne dira pas dans quelles conditions les clandestins travaillent, il ne dira pas non plus qu'ils sont traités comme des esclaves et que ceux qui les ont récupérés sur la plage un jour pensaient les avoir achetés du même coup. Ils ont alors droit de vie ou de mort sur eux, les menacent de les livrer à la police en cas de refus de travailler, les rackettent au besoin et se permettent même de les envoyer d'une région à l'autre comme des forçats dans un bagne. Ils n'auront jamais une situation régulière, leurs patrons s'arrangeront toujours pour les garder sous leur coupe et feront tout pour que les papiers restent une chimère derrière laquelle tous les clandestins doivent courir. “Ce n'est pas vrai. J'en connais qui sont revenus au bout de cinq ans chez eux avec de l'argent, ont monté une petite affaire et sont revenus travailler en Espagne. Ils ont fini par avoir des papiers comme tout le monde. On va pas les envoyer d'ici avec des visas et des cartes de séjour quand même !”.
Selon Hassan, il n'y a pas moins de quinze personnes avec qui il travaille en Espagne. Ce sont des chefs de réseaux qui assurent la distribution des travailleurs sur les fermes. Au préalable, ils cherchent les propriétaires terriens qui ont besoin de main-d'œuvre à bas prix, concluent l'arrangement, touchent une commission qui varie entre 10.000 et 15.000 dirhams par tête. Selon Hassan, ce sont des hommes qui “font rien qu'avec les Africains pas moins d'un million de dirhams de bénéfice net par an. Sans compter les autres immigrés qui arrivent d'autres pays arabes ou africains et qui empruntent un autre passage que le Maroc”. Sur sa fortune amassée depuis quelques années, Hassan ne dira pas un seul mot, mais laisse entendre qu'il n'a pas à se plaindre.
Son acolyte qui parade dans un costume bon marché, tente par tous les moyens de dissimuler son aisance matérielle, mais finira par avouer que demain apportera son lot de bienfaits à tous en parlant de la saison des émigrés qui s'annonce déjà très juteuse cette année.
Selon Ali et Hassan, sur une barque qui chavire et prend l'eau il y en a cinq qui passent le cap sans problème. Une fois sur place, les “associés” espagnols reçoivent la “marchandise”qui ira trouver des
cachettes dans les champs agricoles.
Les coopératives de l'espoir
“Certes, l'émigration est un droit, explique Khalil Jemmah, président de l'Association. Mais le départ des candidats à l'Eldorado est un appauvrissement pour leur pays d'origine. Notre rôle est de leur faire comprendre les dangers qu'ils courent, mais plus que cela, nous voulons combler un vide juridique : aujourd'hui, les passeurs traduits devant les tribunaux ne sont condamnés que pour escroquerie et ne risquent au maximum que cinq ans de prison. Alors que ce sont des criminels. Nous agissons donc pour faire comprendre aux élus et aux responsables politiques qu'il est de leur devoir de nous appuyer pour que les membres de cette véritable maffia soient condamnés pour association de malfaiteurs. Un crime qui peut leur coûter vingt ans de réclusion”. Le propos est clair en ce qui concerne les dirigeants de cette Association des amis et des familles des victimes de l'immigration clandestine, fondée en août 2001. Il faut durcir les peines et revoir les cartes de la justice pour donner l'exemple et démontrer sur le terrain que le fléau de l'émigration se doit d'être éradiqué. Pour les responsables de l'Association : “c'est dès le plus jeune âge que nous devons intervenir. Car l'idée d'émigrer naît dès l'enfance pour devenir à l'adolescence une véritable obsession. C'est pourquoi nous avons initié un programme que nous avons appelé : «l'espoir à l'école» qui consiste à sensibiliser les enfants dès l'école primaire” Au-delà de tout ce travail en amont, l'Association a trouvé une judicieuse idée d'utiliser l'argent récolté pour le passage de l'autre côté du détroit pour financer des micro projets. Ainsi, les 15.000 ou 20.000 dirhams peuvent aider les jeunes à entamer une carrière. C'est de cette décision que sont nées ce que l'on appelle aujourd'hui les “coopératives de l'espoir” qui fleurissent un peu partout dans l'axe Khouribga/Béni Mellal, l'une des régions qui bat tous les records en termes d'émigration clandestine au Maroc.
Association des Amis et Familles des Victimes de l'immigration clandestine, 34 avenue Moulay Abdellah, Khouribga
www.afvic.fr.st
tel : 023 49 12 61, Fax : 023 49 12 87
Dépistage d'identité
Depuis plus d'une décennie, les localités maritimes de la province de Cadiz, comme Tarifa et Barbate, ont ponctuellement été assailies par les arrivages de clandestins abandonnés sur les plages de Los Lances, Valdevaqueros et Bolonia. En atteignant le sol espagnol, les naufragés modernes ne se font plus d'illusion : leur escapade a déjà pris fin, à quelques heures près il seront interceptés sur les plages ou dans les villes par la Guardia Civile ou par le SVA (Service de vigilance des douanes). D'autres seront arrêtés en haute mer, certains au fond des camions qui cheminent vers une destination européenne ou même seront pris dans des malles de voitures complaisantes…
En Espagne, les conditions de détention, le manque d'hygiène et d'infrastructure sanitaire dans les “Centros de acogida ” (Centres d'accueil) ont été dénoncées à plusieurs occasions par Amnisty International, Human Rights Watch et La Croix Rouge. Dans ces centres, les clandestins sont soumis à de rudes interrogatoires de plusieurs rounds, dans le but de déterminer leur nationalité et d'obtenir par conséquent leur expulsion vers leurs pays d'origine. Les Marocains se révèlent faciles à démasquer, puisque leur parler est reconnaissable par les “linguistes” espagnols ; ensuite viennent les Algériens, qui prétendent souvent provenir d'Oujda ou d'une ville voisine pour éviter d'être renvoyés en Algérie.
Mais retrouver le fil avec les Subsahariens est une gageure. Ces derniers n'hésitent pas à confondre les enquêteurs afin de bénéficier d'un “non-lieu” qui leur permettra de s'évanouir dans la nature… En effet, dans le cas où l'administration du centre d'accueil n'arrive pas à déterminer formellement le pays d'origine des clandestins, ces derniers sont relachés en Espagne avec un ordre d'expulsion inexécutable par la justice espagnole. Leur destin est d'errer, telles des ombres malvenues, sans papiers, de sombrer dans le travail illégal sans possibilité d'insertion. L'Espagne a donc toutes les excuses pour affirmer que la délinquance s'alimente de l'immigration clandestine… Aujourd'hui, officiellement, plus de 200.000 clandestins vivent et travaillent en Espagne.
Mais l'Espagne a trouvé une autre astuce pour se débarasser des clandestins. Elle a signé depuis quelques temps un traité de rapatriement avec le Nigéria et depuis lors les enquêteurs des centres d'accueil des immigrants commencent à voir des Nigérians partout…
Des ONG dont les principales représentations sont Cear, Acoge, Atime et la Croix-Rouge espagnole ont le plus souvent intercepté des femmes et des hommes pour des soins médicaux et le soutien humanitaire nécessaire après la périlleuse traversée. Beaucoup de femmes subsahariennes choisissent de tenter la traversée après avoir été enceintées sept ou huit mois auparavant pour mettre toutes les chances de leur côté. Enceintes et bientôt mères, elles bénéficieront d'un traitement de faveur qui leur permettra d'obtenir de facto des papiers de résidence et la nationalité espagnole pour leurs progénitures.
K.S.


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