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Qu'en pense l'Eglise ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 12 - 2003

Bien avant la remise du rapport de la commission Stasi,
les Eglises chrétiennes se sont exprimées unanimement contre une loi interdisant le voile à l'école dans une lettre au président de la République française rendue publique lundi 8 décembre.
Si plusieurs formations politiques, associatives ou religieuses avaient modéré leurs positions en attendant la remise du rapport de la commission Stasi, les représentants catholique, protestant et orthodoxe, ont très vite fait savoir quelles étaient leurs idées sur le sujet du voile, des lois et de la laïcité. Ils avaient déjà exprimé séparément leur opposition à une mesure législative, mettant en garde ensemble contre les conséquences d'une loi qui pourrait être "ressentie comme discriminante" par les Musulmans. Ce qui s'est avéré très juste puisque de nombreuses associations musulmanes ont manifesté leur crainte qu'une telle loi ne soit tout simplement une atteinte aux libertés individuelles et aux libertés du culte au sein de la République. Pour les représentants de l'Eglise chrétienne, il est déplorable que le débat sur la laïcité prenne "des accents" d'une "laïcité de combat, alors même que nos Eglises pouvaient se réjouir depuis quelques décennies d'une laïcité apaisée". La peur résidant dans une flambée de conflits entre communautés résultant de lois prises d'abord pour des atteintes à une religion plus qu'à une autre.
Dans la lettre adressée au président de la République, on peut lire cette phrase sur la laïcité qui devrait d'abord offrir à tous un espace de liberté: “la laïcité, en effet, n'a pas pour mission de constituer des espaces vidés du religieux, mais d'offrir un espace où tous, croyants et non-croyants, puissent débattre, entre autres choses, du tolérable et de l'intolérable, des différences à respecter et des écarts à empêcher, et ceci dans une écoute mutuelle, sans taire les convictions et les motivations des uns et des autres, mais sans affrontement ni propagande. L'école n'a-t-elle pas à être un des lieux d'apprentissage d'un tel débat? Le nécessaire enseignement du fait religieux dans le cadre scolaire vient rappeler qu'on ne saurait le laisser à la porte de l'école mais que son enseignement peut contribuer à une meilleure connaissance des uns et des autres. C'est cela aussi la mission et l'ambition de l'école. C'est cette vision de la laïcité que nous souhaitons promouvoir tant à l'école que dans l'espace public. Si la laïcité devait refuser cette place au religieux, elle deviendrait excessive et se transformerait rapidement en laïcisme intolérant ”. Mais bien avant cette lettre adressée à l'Elysée, les représentants de l'Eglise avaient fait ressortir quelques point noirs :
• Créer une loi est une réponse disproportionnée aux cas qui se présentent.
• S'agit-il de condamner le signe religieux ou le trouble à l'ordre public ?
• Risque de repli communautariste et refus de vivre ensemble parce que rejetés par la République.
• Risque de rompre le fragile équilibre entre Etat et religions au sein de la laïcité à la française.
• Une telle loi à l'encontre de quelques-unes serait interprétée comme une déclaration de guerre contre l'Islam, or tel n'est point l'objectif recherché de la France.
• Au-delà du cas particulier du port par quelques personnes, cette loi ne servira-t-elle pas de point de départ d'une guerre contre tout signe religieux ?
Cette déclaration unanime a été remise lundi 8 décembre à l'Elysée. Elle fut signée par les présidents de la conférence des évêques de France, Mgr Jean-Pierre Ricard, de la fédération protestante, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, et de l'assemblée des évêques orthodoxes, Mgr Emmanuel. Ce sont là les trois institutions qui sont réunies dans le Conseil des églises chrétiennes en France (CECEF) qui prennent la parole contre toute loi qui pourrait être assimilée facilement et légitimement comme une agression, voire du racisme et du mépris.
Dans leur lettre, les responsables chrétiens ont démenti toute volonté de constituer "un front commun des religions de France". Pour l'Eglise chrétienne, comme le souligne Mgr Ricard : "le problème ne se pose pas en ces termes". De son côté, le pasteur de Clermont indiquait qu'il s'agissait simplement de "participer au débat public" ajoutant que les représentants de l'Eglise ne sont pas "un magistère moral". Quand on se penche un peu plus sur le contenu de leur lettre, il apparaît clairement que les signataires s'inscrivent dans une réelle réflexion de société. Ils soulignent leur "profond accord sur une vision commune de la laïcité", une laïcité qui "n'a pas pour mission de constituer des espaces vidés du religieux, mais d'offrir un espace où tous, croyants et non-croyants, puissent débattre (...) dans une écoute mutuelle (...) sans affrontement ni propagande". Dans ce souci de bien accorder les différentes communautés religieuses autour du même idéal de société, les représentants de l'Eglise ajoutent qu'ils ne veulent pas nier "les difficiles questions autour du foulard islamique" à l'école, et concèdent qu'il est sans doute "nécessaire de rappeler les règles pour vivre ensemble dans l'espace scolaire".
Pour l'Eglise chrétienne, il n'est pas seulement question de légiférer et d'imposer des lois, il s'agit avant tout de chercher à comprendre en prenant en considérations les particularités de chaque communauté. C'est ce qui leur fait poser un bon nombre de questions :
“Savons-nous que représente le port du voile? Que représente le voile? De quoi le voile est-il signe, et que refuserait la loi? Le signe religieux? le besoin d'affirmer son identité face à la société occidentale? La contestation de certaines dérives de l'Occident? Influence d'une société inégalitaire entre l'homme et la femme? Comment comprendre et progresser dans le vivre ensemble sans d'abord provoquer le dialogue, sur les convictions religieuses au sein des espaces publics? Qu'avons-nous compris et qu'avons-nous à sanctionner?”
D'un autre côté, la lettre reprend l'idée d'un "code de la laïcité", déjà avancée notamment par le premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, qui rassemblerait et ferait connaître toutes les réglementations en cours. Mais ceci n'empêche pas les responsables chrétiens de poser la question: "faut-il légiférer pour interdire dans l'espace scolaire le port du voile islamique, et plus largement celui de tout signe religieux visible? Notre conviction est que ce n'est pas en légiférant que l'on résoudra les difficultés actuelles". Surtout que "toute loi qui serait sentie comme discriminante par un certain nombre de Français risquerait d'avoir à court terme des conséquences plus néfastes que les bienfaits escomptés", et parce que "le véritable enjeu" est "la réussite de l'intégration". C'est là que l'Eglise met en garde sur d'autres formes d'intégrisme qui n'est pas seulement lié à l'Islam et aux Musulmans : “Nous ne devons pas ignorer qu'il existe aussi un intégrisme et un fondamentalisme dans le monde des laïques, parfois appelés les "laïcards", lesquels soufflent sur les braises de 1905, attisant la haine des religions, et refusant eux-mêmes l'évolution de la pensée moderne au sein de sociétés pluriculturelles. Ils insistent sur l'égo, au nom de 1789, et refusent l'autre, différent. Certains de ces courants ne sont pas étrangers à la non reconnaissance et à la négation de l'influence chrétienne dans la construction de la civilisation occidentale et européenne. Les signes ostentatoires de richesse et marques portées sur les vêtements sont autrement plus dangereux pour l'esprit de la République que le port de signes religieux, et il faudrait là aussi s'y attaquer”. Dans leur lettre à l'Elysée, les représentants de l'Eglise chrétienne n'ont pas oublié de constater que "les milieux où les revendications islamistes trouvent leur plus large écho sont le plus souvent ceux des ghettos que nous avons laissés se constituer aux banlieues de nos grandes villes", qui à la fin de leur lettre au président de la République font un appel à "resserrer", voire "créer le lien social" pour tous les Français sans discrimination.
Il faut aussi signaler que les Eglises chrétiennes s'étaient déjà exprimées en ordre dispersé, notamment devant la commission Stasi. Le 10 novembre, à l'occasion de l'assemblée annuelle de l'épiscopat, Mgr Ricard avait qualifié les propositions de légiférer sur le voile de "régression de la liberté religieuse".
Deux jours fériés de plus : l'Aïd el Kébir et Yom Kippour
Le calendrier des Français allège un peu avec l'arrivée au programme de deux autres fêtes. En effet, la commission Stasi qui a planché sur le rapport sur le port du voile et la laïcité a conclu, lors de la remise du dossier au président français, Jacques Chirac, que les fêtes religieuses musulmane et juive de l'Aïd el Kébir et de Yom Kippour peuvent faire l'objet d'un jour férié à l'école et dans les entreprises. Les membres de la commission ont déclaré par la voix de leur rapporteur, Rémy Schwartz, lors d'une conférence de presse au Sénat, qu'ils souhaitaient "que soit envisagé le respect des grandes fêtes religieuses que sont l'Aïd el Kébir et Kippour pour les Musulmans et les Juifs". Ainsi, à l'école, "il serait possible d'accorder à tous les élèves un jour férié à l'Aïd el Kébir et à Kippour, comme à Noël", a-t-il ajouté ouvrant ainsi deux jours de fête supplémentaires sur le calendrier du travail français. Ce qui ferait en sorte que dans les entreprises, les salariés pourraient "prendre un jour férié pour fête religieuse, quelle qu'elle soit, sur un crédit des jours fériés".
Selon Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, il paraît que la commission souhaite par cette loi "mettre un terme à un certain nombre de comportements marginaux et qu'en revanche, la République reconnaît et intègre par la reconnaissance du jour férié la communauté juive (avec Yom Kippour) et la communauté musulmane (avec l'Aïd)".
Par ailleurs, la commission propose, selon le même porte-parole, de pousser la laïcité "à son plus haut effet pour la protection de l'individu et notamment des jeunes filles". "Nous allons aussi très haut dans la reconnaissance des cultes". Pour Patrick Weil qui se félicite de ce résultat et de cette décision, il est clair que si le président de la République et le Parlement "nous suivent, nous serons le premier pays non musulman à reconnaître l'Aïd el Kébir et le seul, en dehors d'Israël, à reconnaître le (Yom) Kippour".


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