Une nomination, plus qu'un tournant. A 42ans, Yassine Mansouri, que S.M le Roi a désigné à la tête de la fameuse DGED, est le plus jeune de tous les chefs des services de contre-espionnage dans le monde entier. Il est également, le premier “civil” qui préside, désormais, aux destinées d'un de nos services le plus “muet”. Contrairement à une idée reçue, hélas faussement très répandue, la DGED est effectivement un service de sécurité extérieure du pays, et non une structure militaire. De ce fait, Yassine Mansouri changera sûrement de terrain d'enquête, et d'intervention, sans pour autant changer de méthodes ni de stratégie. Individuelles, s'entend. La raison en est très simple: les vertus de ce Boujaâdi, de noble naissance, ont toujours été des plus réussies. A la tête de la MAP, la plus officieuse et non moins rigide agence de presse du pays, d'abord. Le baptême du feu a parfois l'allure de… l'information. Et c'est ce qui arriva justement, dans le cas de Mohamed Yassine Mansouri. En moins de 4 ans, le camarade de classe du Souverain a mis son érudition au service du progrès de l'Agence. Il sera appelé à gérer les infos et les sources des infos, une fois encore, quand il a été désigné gouverneur directeur général des affaires internes au sein de l'Intérieur. Ce parcours du combattant ne fait que confirmer la justesse de sa manière : Presque timide, cultivant la modestie du paraître au profit de l'efficacité de l'être, il saura marquer de son empreinte un service pas comme les autres. En témoigne, les noms de ceux qui se sont succédé à sa tête : Dlimi, Kadiri, Harchi… Tout aussi à l'aise dans le monde des médias que dans la gestion des élections ou les affaires de l'Intérieur, M.Y.M donne pourtant l'impression d'être né pour joindre le simple au complexe: presque condamné à réussir, il est de la lignée des hommes faits pour rénover. Le communiqué publié à l'issue de sa nomination n'a malheureusement pas assez réveillé le sens de l' “analyse discursive” de ses termes chez les intéressés. La presse, surtout, pourtant réputée friande de “l'entre-les-lignes”. Faisant état de ses faits d'armes, le communiqué rompt avec une certaine ligne éditoriale qui, habitude oblige, se contentait d'un CV sans vie. Cette fois, le choix est “expliqué”: la dextérite, l'art et la réussite qui ont été siens, à chaque fois qu'il “touche” à un dossier sont solennellement mis en valeur. Par- delà les mérites “pratiqués” ou de service, Y. M jouit aussi d'une très bonne presse auprès de la classe politique, selon le communiqué. C'est donc clair : l'homme a plusieurs cordes dans son arc. Un atout de taille, dans un monde où les dangers sont tout aussi diversifiés qu'imprévisibles et dont l'immigration clandestine et le trafic de drogues ne sont pas les moindres. Bref, la consécration de Y. Mansouri c'est aussi un signe de rénovation. Mais de vision d'avenir, surtout. Sa modestie personnelle qui n'a d'égale que sa lucidité professionelle, est pour sa mission ce que le savoir est pour l'avenir: un seuil, sinon un support pour la rupture. Tout un programme.