La troisième réunion du Comité stratégique national, mardi 2 mai, groupant le gouvernement et les opérateurs publics, a décliné un bilan estimé positif en traçant des perspectives pour une poussée en profondeur dans la mise en œuvre des programmes rural et urbain contre la précarité. L'an I de l'INDH cèdera désormais la place aux initiatives locales, qui représente l'essence même de la philosophie de proximité et de lutte contre la pauvreté. Driss Jettou arborait sa satisfaction quant à la vitesse d'exécution du programme. Fathallah Oualalou se montrait rassurant pour les financements à mobiliser. Aziz Dadès a confirmé qu'il devenait une pièce maîtresse de l'ensemble du dispositif de mise en œuvre. Harrouchi réitérait sa requête d'expertise dans la conception et la faisabilité participatives des projets de proximité. Mansouri a « grondé » le secteur privé pour son « absence ». Les principaux opérateurs publics impliqués ont renouvelé leur engagement citoyen. Bref, le bilan de cette session a souligné l'enthousiasme de la belle aventure du Chantier de Règne, une année après son annonce par le Souverain dans le discours Royal du 18 mai 2005. Il est vrai que jamais, auparavant, pareil projet n'avait suscité autant d'espoir chez tous les Marocains et alimenté autant de ferveur et de citoyenneté entre acteurs de divers horizons, vu les moyens financiers budgétés sur un lustre, les cadres ad hoc par milliers formés à l'exercice de la démocratie du développement local, les programmes arrêtés, les cibles prioritaires identifiés et, surtout, le projet mis immédiatement en œuvre pour sa phase prioritaire au titre du deuxième semestre de l'année 2005. Seulement, si tout ce dispositif est en place et que les structures dédiées à l'INDH se dessinent au niveau national et régional, force est de constater que le challenge restant à remporter se traduit par la création des entités locales à l'échelle des communes urbaines et rurales bénéficiaires. Cette année devrait couronner l'ensemble de ce processus de mise en œuvre pour que naisse effectivement l'ILDH. Dans ses volets prioritaires de lutte contre la pauvreté rurale, l'exclusion urbaine et la précarité sociale. Remporter le défi de la démocratie locale C'est vrai que le volume de projets réalisés à ce jour ou engagés à terme prête plutôt à l'optimisme et que les attitudes sondées chez les porteurs et bénéficiaires de projets INDH suscitent une adhésion massive des citoyens. Toujours est-il que le Royaume engage, en 2006, le véritable tournant décisif dans la mise en œuvre du chantier de Règne dont le substrat de conception et de réalisation repose entièrement sur une approche participative des populations locales pour façonner leurs propres projets de développement et d'activités génératrices de revenus et d'emplois. Et là n'est pas le plus simple, car si l'élite centrale semble tenir bien en main les tenants et les aboutissants théoriques d'un tel chantier, les compétences et mobilisations ne sont, toutefois, pas toujours disponibles dès qu'on redescend l'échelle de la pyramide. En d'autres termes, la balle se trouve dans le camp des collectivités territoriales élues habilitées à éduquer et à sensibiliser leurs bases électorales de proximité pour en tirer la quintessence participative. Dans ce contexte, deux dérapages dangereux sont à éviter absolument. Primo, les projets ne doivent pas être parachutés par les expertises de l'administration centrale en les imposant aux bénéficiaires locaux sous peine de rejet ou de désintéressement. Secundo, les services publics doivent se garder d'instrumentaliser l'INDH en y glissant les programmes distincts de leur département distinctif à des fins politiques, électorales ou d'ambition professionnelle ou personnelle. Aussi, certaines carences ont-elles été relevées sans que des brèches plus grandes ne soient tolérées, à savoir la lenteur dans le déblocage des crédits aux porteurs de projets, la faiblesse de la communication à l'adresse des bénéficiaires, la lente réactivation des partenaires et le gros déficit en matière de marketing des projets INDH. D'ailleurs, le frais émoulu ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, l'avait relevé en pleine session du Comité de pilotage : « Il n'y a pas eu assez de visites et de contacts sur le terrain de proximité ». Une carence énorme qu'il faudra impérativement redresser dans les prochains mois. Financements extérieurs Mieux vendre l'INDH à l'international u bilan donc, quelques 1 104 projets ont vu le jour, dont 528 réalisés, mobilisant une enveloppe de 600 millions de DH au titre du programme prioritaire du second semestre 2005. Ces projets ont trait aux services sociaux de base, aux activités génératrices de revenus, à la mise à niveau, à la construction et à l'équipement des centres d'accueil ainsi qu'à l'animation sociale, culturelle et sportive. Les structures INDH au niveau des provinces ont identifié 264 quartiers prioritaires dans 30 villes bénéficiant à une population estimée à 2,5 millions d'habitants. Dans le monde rural, 348 communes parmi les plus démunies ont été recensées sur la base d'un taux de pauvreté moyen de 22%. Et 55 autres communes dont ce même taux dépasse la moyenne nationale. La population globale bénéficiaire de ces 403 communes rurales est estimée à 3,8 millions d'habitants. Au total, la période 2006-2010, au titre de l'INDH, devra bénéficier à une population totale en fracture sociale de l'ordre de 6,3 millions d'habitants. On relève la faible implication des collectivités locales à hauteur de 5% dans l'appui financier à ces projets contre une forte participation des services de l'Etat pour une part de 79%. Rappelons que 10 milliards de DH sont alloués à l'INDH sur toute la période dont plus de 2 milliards de DH destinés au monde rural, 2,112 milliards de DH au programme urbain et 2,31 milliards de DH au programme transversal. La lutte contre la précarité et la marginalisation requiert 1,8 milliard de DH. Le reliquat de l'enveloppe est en cours de programmation. Restent les fonds au titre de la coopération internationale dont très peu a été enregistré jusqu'à présent. Des sorties explicatives et promotionnelles sont programmées dans les temps à venir auprès des grands bailleurs de fonds et ensembles internationaux (G8, UE…) afin de mieux vendre l'image d'un Royaume résolu à tordre définitivement le cou à la pauvreté. Des études d'impact sur des cibles simulées de porteurs et bénéficiaires de projets INDH groupant un échantillon de 130 personnes dans 7 provinces et préfectures prioritaires ont révélé « une adhésion totale aux principes de l'INDH, le respect des procédures et une nette amélioration en termes de conditions de vie, des revenus et d'intégration des personnes en difficulté », relèvent certaines sources. Un Observatoire national du développement humain est en passe d'être créé.