Un livre vient jeter de nouvelles lumières sur l'implication du Maréchal Mohamed Ameziane dans les atrocités de la guerre civile espagnole en 1936. L'officier marocain le plus haut gradé, qui agissait sous les ordres du général Franco, aurait, selon plusieurs témoignages, supervisé et incité à des viols collectifs et systématiques de femmes espagnoles. Dans son livre « L'Holocauste espagnol », l'historien britannique Paul Preston indique que « des viols systématiques étaient perpétrés par les troupes marocaines selon un plan qui visait à répandre la terreur » Après la capture d'une ville ou d'un village, précise l'auteur, ces troupes étaient autorisées, durant deux heures, à piller et à violer. Il cite le témoignage poignant du journaliste américain John Whitaker qui accompagnait ces troupes rebelles dans un village prés de Madrid: Deux jeunes filles, la vingtaine à peine entamée, dont l'une était syndicaliste, ont été emmenées devant le maréchal Ameziane qui, après les avoir interrogé, les livre à 40 soldats marocains qui s'étaient barricadés dans une école. Devant les protestations de John Whitaker, Mohamed Ameziane répond: « Ne vous inquiétez pas, elles ne vont pas survivre plus de quatre heures ». Des centaines de milliers de personnes sont mortes dans la guerre civile espagnole entre les nationalistes menés par le général Franco et les républicains. Le livre de Paul Preston donne, avec précision, suite à une enquête de 8 ans, le nombre des meurtres et des massacres perpétrés durant et après la guerre civile. Le Maréchal Mohamed Ameziane est né en 1892 à Beni Nsar dans le Rif et mort en 1975 à Madrid. Il a servi dans les rangs du général Franco au Maroc et en Espagne où il a joué un rôle important dans la victoire des nationalistes contre les républicains. La gauche espagnol l'a toujours accusé de crimes contre l'humanité. Après l'indépendance du Maroc, Ameziane a incorporé les FAR. Il sera l'un des artisans de la guerre atroce menée par le pouvoir contre les rifains en 1959. L'ouverture d'un musée pour honorer sa mémoire, dans la ville de Nador, avait suscité de vives réactions de la part de la population locale qui garde en mémoire du maréchal, plutôt, le souvenir d'un traître et d'un meurtrier.