Opération Bir Lahlou : un assaut militaire marocain surprise déstabilise le "Polisario" et met en lumière ses liens avec les réseaux de contrebande    La stratégie aérospatiale des Canaries dévoilée au Maroc, une large coopération avec Rabat évoquée    Avant la visite du ministre Rajnath Singh pour inaugurer l'usine de Tata, New Delhi dévoile un document qui retrace l'ensemble des relations entre le Maroc et l'Inde    Sahara : De Mistura à Laayoune avant de se rendre chez le Polisario    Nizar Baraka annonce la date de l'ouverture de la route Amgala-Bir Oum Grine en Mauritanie    Akhannouch dresse le bilan de "la Voie des Réalisations" et réaffirme la poursuite du travail jusqu'au dernier jour du mandat gouvernemental    Shanghai Zhenhua Heavy Industries scelle avec l'OCP, JESA et Marsa Maroc un dialogue industriel, portuaire et logistique élargi    Un membre du Gouvernement kabyle écrit sur le scandale de la fuite du général algérien Nacer El Djen    Le festival mondial de la jeunesse en Russie conclut des accords de coopération avec le Maroc    Maroc : Averses orageuses localement fortes avec rafales de vent dimanche    Diaspo #407 : Mohamed Boufarss de Marruecos a los Emiratos un viaje de resiliencia y éxito    Cinquante ans de coopération médicale sino-marocaine ont permis de soigner 6,7 millions de patients    Le Monde : Une mobilisation sécuritaire sans précédent en Algérie après la fuite de l'ex-chef du renseignement    Infantino visite le Grand Stade de Tanger    Le Maroc, troisième nationalité la plus représentée en Liga 2025/26    Interview avec Unielle Oupolo : La «diplomatie gastronomique» se met à table    Botola D1 / J2 : Victoire limpide du MAS à Agadir    Hammouchi en visite de travail en Turquie    Bourse de Casablanca : une semaine dans le vert    Inclusion sociale : Tanger accueille le 2ème forum régional sur les droits des personnes âgées    Diaspo #407 : Mohamed Boufarss, de Kelaat M'gouna à une carrière internationale inspirante    Un projet maroco-britannique met en lumière le patrimoine artisanal de Fès    Benguérir: L'UM6P lance la première Junior NBA League de Basketball au Maroc    Naoufal Bannis signe son retour en Eredivisie    Safi accueille une nouvelle unité industrielle de préfabrication portée par Ménara Préfa    Renforcement du réseau électrique de la LGV Kénitra-Marrakech: Colas Rail retenu pour 157 MDH    La crise de discipline au sein de l'armée algérienne révèle la fragilité du régime militaire et son manque de cohésion interne    Akhannouch déterminé à mener à bien la réforme de la Santé    Rabat inaugure une chaire Unesco pour l'égalité des genres dans l'éducation et l'emploi scientifiques    Alerte maximale en Algérie et dispositif sécuritaire massif déployé après la disparition de l'ancien chef du renseignement intérieur    CAN 2025 : Pas d'entrée au Maroc sans e-visa ! Tout savoir    Cinéma : voici les jurys du 30e Festival de cinéma méditerranéen de Tétouan    Festival : le 23e L'Boulevard bat son plein    Bonus INTGVIEW. Mohamed Saâd Berrada: «Tout a été mis en place pour une rentrée scolaire réussie»    Deloitte fait de Casablanca un bastion de cybersécurité    Com' et RP: La SMIT renouvelle sa confiance à Weber Shandwick    Glovo Maroc, la mainmise allemande se précise    Maroc–USA : Une relation stratégique appelée à un nouveau souffle    Agadir: FRANKIVEL ART, l'upcycling en pleine lumière à La Passerelle des Arts    Hicham Jerando diffuse une archive de 2016 pour attiser la polémique autour d'un hôpital de Tiznit    Le groupe britannique Idox ouvre son premier centre régional de données au Maroc et accroît la souveraineté numérique des grands projets nationaux d'infrastructure    La police de Casablanca enquête sur un incident entre un influenceur et un chauffeur de taxi    Le Brésil sera doté de la première centrale thermique à éthanol à grande échelle au monde    Mondial U20 : Mohamed Ouahbi confiant malgré un groupe de fer    Le CIJ confirme la plainte malienne contre l'Algérie après la destruction d'un drone et Alger dénonce une démarche «paradoxale»    TV5MONDE consacre une soirée spéciale «destination francophonie au Maroc»    Institut Français d'El Jadida : Alionor Vallet, Une vision ouverte et innovante !    La Fête du cinéma 2025 : Près de 60 000 spectateurs au rendez-vous dans tout le Maroc    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Beauvoir, une pensée à revisiter
Publié dans La Vie éco le 18 - 01 - 2008

«Â'Â'La vraie femme" est un produit artificiel que
la civilisation fabrique comme naguère on fabriquait
des castrats ; ses prétendus instincts de coquetterie,
de docilité lui sont insufflés comme
à l'homme l'orgueil phallique».
Simone de Beauvoir
Le féminisme et la littérature française ont célébré ce 9 janvier le centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, l'auteur du livre phare, Le deuxième sexe, qui bouleversa l'existence de générations de femmes à travers le monde. Vingt ans avant que le mouvement de libération de la femme ne s'enclenche en France, celle qui fut par ailleurs la compagne du philosophe Jean-Paul Sartre déclara la guerre au patriarcat tant à travers ses écrits que par ses faits et gestes. Quand il parut en 1949, Le deuxième sexe créa un scandale indescriptible. Choquant les bonnes âmes à droite comme à gauche, il fit dire à Albert Camus qu'il «déshonorait le mâle français». Mais dès la première semaine, 22 000 exemplaires en étaient vendus et les femmes à qui il décillait le regard sur la nature de leur condition y puisèrent un courage nouveau pour remettre en question le statut qui leur était fait dans un monde construit par et pour les hommes. Toute la philosophie du livre peut se résumer dans cette petite phrase devenue, depuis, slogan: «On ne naà®t pas femme, on le devient». Simone de Beauvoir élabore à travers cet ouvrage la première théorisation du concept de femme en tant que construction culturelle. S'attaquant sans ménagement à la conception traditionnelle qui enferme chacun des sexes dans des rôles donnés sous prétexte de l'existence d'une nature «féminine» et d'une nature «masculine», Castor, comme la surnommaient ses amis, prône l'égalité des hommes et des femmes à partir d'une perception universaliste des genres. On peut lire ainsi sous sa plume que «Â'Â'la vraie femme" est un produit artificiel que la civilisation fabrique comme naguère on fabriquait des castrats; ses prétendus instincts de coquetterie, de docilité lui sont insufflés comme à l'homme l'orgueil phallique». Dans ce que la société définit comme «valeurs féminines», Simone de Beauvoir ne voit qu'acquis culturel, et non, comme on s'est toujours plu à l'affirmer, une dimension relevant de l'inné.
Depuis, son approche a fait l'objet de nombreuses critiques dans le camp même des femmes en raison de sa négation de la différence des genres mais son Å"uvre n'en demeure pas moins d'une étonnante actualité. L'écrivain et son Å"uvre enflamment encore à ce jour le débat entre partisans et détracteurs.
Cependant, peut-être plus même que ses écrits, c'est son farouche engagement à construire sa vie au mépris de toutes les conventions qui a profondément marqué les esprits. En ce début du siècle qui a vu naà®tre Simone de Beauvoir, la destinée des femmes se limite à être fille, épouse et mère. En dehors du cadre familial, point de salut pour elles. Or, Melle de Beauvoir, jeune bourgeoise désargentée, n'a que faire de ce destin. En bonne existentialiste, elle considère la famille comme le cÅ"ur de l'oppression. Sa vie, elle entend la mener selon ses propres désirs et aspirations. Elle veut exister par elle-même et non par le regard de l'autre. S'exprimer avec sa propre voix et non plus avec celle de son père ou de sa mère. Dire «je» dans l'affirmation pleine et totale de son individualité. Voilà qui, cent ans après, continue à parler aux femmes, toutes origines confondues. En un temps oà1 la question féminine dans notre société est régulièrement instrumentalisée, témoignant par là de sa dimension centrale, il n'est pas inintéressant, pour nous autres Marocaines, de revisiter la pensée de cette pasionaria qui, au nom d'une passion illimitée pour la liberté, tordit le coup aux tabous. C'était, ne l'oublions pas, il y a cent ans. D'oà1 ce constat: partout oà1 la condition féminine a avancé, ce fut grâce à l'existence de pionnières qui n'hésitèrent pas à attirer l'opprobre sur elles par leur remise en question des normes patriarcales. Qu'elles soient de tradition judéo-chrétienne ou musulmane, les sociétés, pour ce qui est de la femme, ne diffèrent guère quant au fond. La différence réside dans la capacité à enfanter des Simone de Beauvoir et à faire lever le levain de la fronde. Ce levain-là nécessite du courage, de la détermination et de la ténacité. Des siècles de patriarcat ne se balaient pas d'un revers de la main. Quel qu'en soit le prix – car la liberté n'a pas de prix -, il faut oser. Oser être. Pour soi et pour les générations à venir.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.