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Le marché de l'armement ne connaît pas la crise
Publié dans La Vie éco le 03 - 04 - 2023

Les dépenses militaires globales ont franchi pour la première fois les 2.000 milliards de dollars en 2021, selon le SIPRI. C'est le reflet d'un monde à cran qui risque de voir à tout moment des crises et des conflits se régler par la voie des armes.
Comme chaque année, ce rapport est un excellent révélateur sur l'état des conflits actuels mais aussi futurs. Le SIPRI se focalise dans son rapport sur l'évolution du volume des transferts internationaux d'armes majeures (incluant les ventes d'armes ou les dons de matériel militaire), durant les cinq dernières années, couvrant la période de 2018 à 2022. Sont compris dans cette étude les livraisons des principaux systèmes d'armes, à savoir les avions, les navires de combat, les véhicules blindés, les systèmes d'artillerie, les missiles (défense aérienne, antichar) et les bombes. Par contre, les armes légères et les munitions de petit calibre qui peuvent être utilisées aussi bien par les forces armées régulières que par des groupes d'insurgés ne sont pas prises en compte dans ce rapport.
L'Europe à l'heure du réarmement
A l'heure où la guerre s'intensifie en Ukraine, tous les Etats européens se livrent à la course au réarmement avec des achats d'armes atteignant des sommets. L'Europe a ainsi augmenté ses importations d'armes de 93% en un an et l'Ukraine a vu ses nouvelles acquisitions d'armes multipliées par 60 sur la seule année 2022. «L'invasion a vraiment provoqué une envolée significative de la demande d'armes en Europe, qui n'a pas encore montré sa pleine puissance et va selon toute vraisemblance mener à de nouvelles hausses d'importations», souligne Pieter Wezeman, co-auteur du rapport annuel du SIPRI. Ceci s'est matérialisé par des chiffres astronomiques : les Pays-Bas et la Norvège ont enregistré des importations en hausse respectivement de 300% et 285% alors que l'Allemagne s'est engagée à investir 100 milliards d'euros en matériel militaire. Dans la région Asie-Pacifique, les menaces de la Chine contre Taiwan ainsi que la volonté d'hégémonie de Pékin sur la mer de Chine constituent également un catalyseur des acquisitions d'armes par les pays de la région, en réponse à l'adage «Si vis pacem, para bellum» ou bien «si tu veux la paix, prépare la guerre» ! Dans une politique de dissuasion à travers un renforcement massif de leurs capacités militaires, la Corée du Sud, le Japon et l'Australie ont augmenté leurs achats d'armes respectivement de 61%, 171% et 23%. Et dans cette région à l'intérieur de laquelle va se jouer cette rivalité sino-américaine dans les années à venir, ils ont choisi de se fournir principalement en équipements US.
Dans la région de l'Asie centrale, ce sont les tensions de l'Inde avec le Pakistan sur le flanc est et la Chine sur le flanc nord qui sont en grande partie à l'origine de la frénésie d'achat d'armement par New Delhi. Avec une part de 11 % du total des importations d'armes dans le monde, l'Inde a été le plus grand importateur mondial d'armement entre 2018 et 2022, pour la majorité achetée auprès de la Russie et de la France. Son rival le Pakistan, engagé lui aussi dans une course à l'armement, est le huitième plus grand importateur d'armes durant la même période, s'appuyant sur la Chine comme principal fournisseur.
Moyen-Orient, toujours le plus gros client
Au Moyen-Orient, le plus grand fournisseur d'armes est également les Etats-Unis, qui fournissent 54 % des importations d'armes de la région. Selon les auteurs du rapport, le Moyen-Orient est devenu, en 2022, la première zone d'importation avec 32% du total mondial en dépassant la région Asie-Océanie (30%), qui occupait la première place depuis des années. Sur fond de tensions diverses dans la région, les transferts d'armes ont continué à jouer un rôle majeur dans l'évolution de la sécurité dans la région du Golfe entre 2018 et 2022. Ainsi, trois des dix premiers Etats importateurs d'armes au monde se trouvent dans cette région : l'Arabie saoudite, le Qatar et l'Egypte. Israël qui fabrique en nombre des systèmes d'armes localement, quant à lui, se situe au 16e rang mondial, alors que l'Iran qui subit des sanctions économiques drastiques de la part des états-Unis doit se contenter de ses anciens stocks d'armement et de son industrie locale, boostée par ces restrictions d'importations imposées par les Américains. Les Etats-Unis ont représenté 54 % des importations d'armes au Moyen-Orient, suivis de la France (12%), la Russie (8,6 %) et l'Italie (8,4 %).
Les importations d'armes entre 2018 et 2022 ont globalement diminué en Afrique (-40%), par rapport à la période 2013-2017, selon le SIPRI. Cela s'explique notamment par la baisse des importations d'armes des deux plus grands importateurs de la région, à savoir l'Algérie (-58%) et le Maroc (-20%). Le Maroc, dont les USA demeurent le premier fournisseur (76%), devant la France (15%) et la Chine (6,8 %), vient ainsi à la 29e place parmi les plus grands importateurs d'armes majeures, loin derrière l'Algérie en 18e position. Les importations d'armes par les Etats d'Afrique subsaharienne ont représenté 2% du total des importations mondiales en 2018-22, l'Angola, le Nigéria et le Mali étant les principaux destinataires. Ainsi, ces dépenses militaires globales qui ont franchi pour la première fois les 2.000 milliards de dollars en 2021, selon le SIPRI, sont le reflet d'un monde à cran qui risque de voir à tout moment des crises et des conflits se régler par la voie des armes.
Quel marché pour l'industrie de défense marocaine ?
On ne vend pas de l'armement ou des systèmes d'armes sophistiqués comme on vend des voitures ou des téléphones portables. Pour la simple raison que les armes ne sont pas destinées à de simples consommateurs mais à des forces armées et donc à des gouvernements étrangers. Il est donc indispensable pour la future Base industrielle et technologique de défense (BITD) marocaine, qui devra être constituée de l'ensemble des industries nationales du pays prenant part aux activités de défense chapeautées par une autorité militaire, d'avoir une connaissance parfaite sur le marché mondial et régional de l'armement.
Car le développement d'une industrie de défense qui vise en priorité de produire les armes et les équipements nécessaires à ses propres armées doit aussi s'accompagner d'une politique d'exportations vers des pays alliés afin de rentabiliser les investissements faramineux consentis dans cette industrie de pointe. Et pour atteindre cet objectif, les futurs opérateurs marocains doivent être dès à présent attentifs aux tendances en matière de transferts d'armes, tout en étudiant les besoins exprimés par les forces armées étrangères et en anticipant les futurs crises et conflits.
En l'état actuel, alors que les pouvoirs publics n'ont pas encore communiqué sur la stratégie marocaine à adopter pour développer cette industrie de défense – qui doit logiquement encore rester confidentielle – quelques indications nous permettent déjà d'avoir une idée sur les types d'armement qui seront fabriqués sur le sol marocain. Ainsi, des annonces officielles et des indiscrétions de la presse ont évoqué l'ouverture prochaine de deux usines de drones de combat israéliens, d'un centre de maintenance pour les avions militaires à l'aéroport de Benslimane ou encore d'un site de production de véhicules blindés de la firme canadienne Inkas. Si ces informations sont avérées, ces choix portant sur les drones ou les véhicules de combat semblent judicieux. En effet, pour répondre aux demandes soutenues de plusieurs Etats africains soucieux de se renforcer en drones, Recep Tayyip Erdoğan s'appuie dorénavant sur la diplomatie des drones Bayraktar, considérés comme faisant partie des plus performants, afin de sceller des accords de partenariat avec les Etats en Afrique. Le Sahel et l'Afrique de l'Ouest qui sont impactés de plein fouet par la menace terroriste dans la région, ont tous entamé une stratégie de renforcement de leurs capacités militaires en misant sur les drones pour combler leurs lacunes en avions de combat.
Afrique subsaharienne, des opportunités à saisir
C'est d'ailleurs le discours d'Alassane Ouattara, réagissant au départ annoncé de l'armée française du Mali en février 2022 qui a déclaré : «Nous serons obligés d'augmenter nos forces de défense. Nous serons obligés d'accroître la protection de nos frontières. Nous serons obligés d'acheter des armes». Ainsi, même si la tendance en matière d'importations d'armes est actuellement à la baisse en Afrique, les experts s'accordent à dire que le marché africain va exploser durant les prochaines années. Des opportunités sont donc à saisir par les futurs opérateurs marocains en s'appuyant sur les partenariats stratégiques déjà existants avec un grand nombre de pays en Afrique de l'Ouest et au Sahel. D'autant plus que deux acteurs majeurs dans la vente d'armes dans cette région vont connaître un certain nombre de contraintes ou de difficultés. C'est déjà le cas de la Russie, qui est le principal fournisseur de l'Afrique durant les cinq dernières années à hauteur de 40 % des importations africaines. «Il est probable que l'invasion de l'Ukraine limitera davantage les exportations d'armes de la Russie. En effet, la Russie accordera la priorité à l'approvisionnement de ses forces armées. De plus, la demande des autres Etats restera faible en raison des sanctions commerciales prises contre la Russie et de la pression croissante exercée par les Etats-Unis et ses alliés pour ne pas acheter d'armes russes», précise Siemon T. Wezeman, chercheur au SIPRI.
Autre acteur majeur qui totalise 7% des ventes d'armes en Afrique, la France qui pâtit de plus en plus de son image d'ancienne puissance colonisatrice et des erreurs de communication du président Macron qui accumule les tensions et les malentendus avec un grand nombre de Chefs d'Etat africains. Des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou la Guinée sont autant d'acheteurs potentiels, fortement impactés par la menace jihadiste qui vont avoir besoin de nouveaux fournisseurs d'armement autant que de partenaires fiables dans le domaine de la défense et de la sécurité.


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