Le Festival «Rencontres artistiques internationales en place publique», très connu sous l'appellation «Awaln'art», qui veut dire «notre parole» en amazigh, est de retour à Marrakech, pour une cinquième édition, qui s'annonce déjà riche en chants, en danses, mais aussi en émotion. Le coup d'envoi de cette manifestation éclectique (8 au 12 juin) a été donné mercredi à partir de la mythique place de Jamaâ el Fna, en direction du Palais des Congrès, par l'organisation d'une grande parade des artistes, musiciens et acrobates, sculptures et marionnettes géantes inspirées par l'imaginaire populaire, accompagnés de rythmes de trompettes, saxophones, trombones, derboukas, et de congas de la fanfare Fanfaraï. Le choix de la place de Jamaâ el Fna, par les organisateurs, n'est pas un simple fruit du hasard, mais témoigne d'une volonté de démontrer à tout le monde que la musique est un langage universel à travers lequel, on peut toujours diffuser, et à plus grande échelle, les valeurs, de paix, de tolérance, de coexistence et de fraternité entre peuples et cultures. La particularité de cette édition, œuvre du Collectif Èclats de lune et de la compagnie Graines de soleil, est d'être cette année associée au Festival Marrakech du rire, dirigé par le comédien Jamel Debbouze. «Ensemble nous installons le rire à Marrakech, les artistes dans les rues, le publics à leurs trousses et la jeunesse euphorique en tête. Des artistes marocains, togolais, burkinabés, italiens, espagnols, français, allemands, une belle palette de diversité représentée ! Deux résidences de création, une nuit du conte, deux parades hautes en couleur, pour ouvrir et clôturer les rencontres artistiques. De quoi en dérider plus d'un», expliquent les organisateurs. Ayant acquis ses lettres de noblesse en cinq ans seulement, «Awaln'art» a déjà atteint, et avec brio, les objectifs pour lesquels il a été conçu. En fait, «Awaln'art» ambitionne de s'ériger en événement déterminant dans le positionnement culturel national et international de Marrakech et de sa région, de promouvoir un patrimoine immatériel vivant, porté par une jeune génération d'artistes, reconnus polyglottes et polymorphes, de puiser au cœur des racines africaines, de valoriser l'africanité du Maroc, de révéler des artistes de ce continet, et de permettre la rencontre entre les artistes du monde entier, en valorisant les métissages, les rencontres entre les cultures d'Afrique, du Nord et du Sud de la Méditerranée et les échanges Sud-Sud. Nouvelle génération d'artistes marocains Ce festival souhaite aussi soutenir la création contemporaine africaine et méditerranéenne et ses créateurs aimeraient s'engager tout au long de l'année dans des efforts de développement local, en s'associant aux stratégies mises en place par les pouvoirs publics locaux, de manière à rendre «plus visible» une région riche de son patrimoine matériel, immatériel et naturel, contribuer à la mise en place des outils nécessaires au développement d'un tourisme culturel et rural, et à renforcer les capacités des acteurs associatifs et culturels locaux. Khalid Temar, directeur artistique de «Awlan'art» est fier de l'évolution de ce festival, qui fait revivre la tradition populaire des arts en place publique. Pour lui, il s'agit d'«un patrimoine que nous avons repensé autrement. Comme le coeur et les racines d'une nouvelle esthétique contemporaine, mêlant les arts acrobatiques marocains toujours vivants, une nouvelle génération d'artistes et de nouvelles formes artistiques». «Sans cesse, nous avons cherché la rencontre entre l'art acrobatique du Maroc, le théâtre de rue, le cirque européen et les formes traditionnelles africaines. Sur les places du festival, des artistes marocains, européens et africains, qu'ils soient acrobates, jongleurs, clowns, conteurs ou plasticiens, ont permis de faire coexister une créativité artistique plurielle», a expliqué Temar, avant de poursuivre que cette nouvelle édition est aussi le temps de nouveaux partenariats pérennes qui inscrivent «Awaln'Art» durablement dans l'avenir de Marrakech et dans sa dimension internationale. Alors que le cirque Shems'y avec son spectacle «Isli d Tislit» démontre le talent des artistes de cirque de Salé, du 7 au 12 juin à Bab Jdid et que le dernier spectacle des acrobates de Tanger «Chouf Ouchouf» se joue à l'Institut français de Marrakech, le festival s'envole vers ses villages préférés. Les 11 et 12 juin à Tahanaoute, la troupe togolaise Tchébé Tchébé fait tourner la tête avec un spectacle d'échassiers juchés sur une hauteur de 6 mètres. La marionnette de la Cie Tantôt se fait des films, Faso cirque fait vibrer le public au son des musiciens burkinabés à Aït Ourir. Pour finir sur une touche rock'n choc, Generik Vapeur électrise les rues de Marrakech le 12 juin. L'un des moments forts de ce rendez-vous artistique reste la soirée de clôture, prévue dans le somptueux Palace Es-Saadi, au cours de laquelle le collectif new-yorkais «Soundwalk» emportera l'assistance dans un périple sonore et visuel en la plongeant au cœur du Maroc : des ruelles de Fès, en passant par les rivages de Tanger jusqu'au charme mystique de Marrakech... Sons, lumières, et jeux de rôle seront ainsi au rendez-vous.