Difficile de faire preuve de générosité en période de vaches maigres. Le bilan des aides publiques au développement (APD) a accusé un recul en 2012 pour la seconde année consécutive. Cette contraction est estimée à 4% selon le dernier rapport du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, là où ce même chiffre en était encore à 2% en 2011. Le principal intérêt de ce document n'est pas dans la triviale comparaison des chiffres d'une année à une autre, mais réside plutôt dans la redistribution constatée, pour la première fois, dans les destinations de ces soutiens financiers débloqués par les économies les plus nanties du monde. Le fait est que la crise que vit actuellement le monde a complètement modifié le rapport de ces économies avancées à la solidarité. Elle lui a insufflé une toute nouvelle utilité, un nouveau sens. On n'aide plus pour le noblesse de l'acte désintéressé d'aider. On aide, désormais, pour s'assurer quelques marchés et relais de croissance en retour. Les responsables de l'OCDE constatent, en effet, ce qu'ils appellent un « redéploiement» des APD, des pays les plus pauvres vers les pays à revenus intermédiaires. En Afrique, par exemple, cette catégorie est composée par des pays à croissance respectable et qui réunissent tous les ingrédients de bons relais de croissance. On le sait, face à la crise, l'internationalisation et la quête de relais de croissance dans les économies en développement restent aujourd'hui l'option la plus répandue pour soutenir les activités des entreprises des économies avancées. Les APD deviennent donc, du coup, de véritables outils d'intelligence économique et de facilitation pour s'assurer des marchés dans les économies les plus prometteuses. Cela, au grand détriment des vrais bénéficiaires, les pays moins avancés (PMA) ont vu les apports nets d'APD bilatérales, qui leur étaient destinés, accuser une baisse de -12.8% pour tomber à près de 26 milliards USD. Rien n'est gratuit, tout se récupère...