Le Conseil de sécurité des Nations unies (UNSC) a adopté, fin octobre, une résolution décrite par l'Atlantic Councilcomme «un basculement historique consacrant la proposition marocaine de 2007», laquelle place les territoires sahariens sous la souveraineté nationale et referme un demi-siècle de rivalités régionales entre Rabat et Alger. L'analyse souligne que cette décision marque, selon ses propres termes, «une rupture nette avec l'équilibre immobile recherché depuis des décennies par la communauté internationale», et qu'elle jette les bases d'un règlement durable pour des populations sahraouies tenues, depuis cinquante ans, dans une impasse née de la confrontation maroco-algérienne. L'étude rappelle que ce vote décisif est intervenu à la veille de la commémoration de la Marche verte de 1975, décrite comme «une mobilisation pacifique de trois cent cinquante mille personnes ayant ouvert la voie au départ de l'administration espagnole». À ce moment charnière, le Maroc avait réaffirmé ses droits historiques, tandis que le Front Polisario proclamait une entité séparatiste et revendiquait une indépendance totale. L'affrontement armé qui s'ensuivit, suspendu par le cessez-le-feu de 1991, laissa la région scindée autour d'un imposant rempart défensif et d'un processus diplomatique statique, sans avancée notable durant plusieurs décennies. Selon l'analyse, «le Sahara occidental figure depuis 1963 parmi les dossiers de décolonisation les plus tenaces de l'ONU». La résolution récente écarte désormais les deux schémas antérieurement envisagés : ni partage territorial ni référendum n'apparaissent comme voies plausibles. L'Atlantic Council souligne que le texte onusien met en avant «l'élaboration d'une autonomie véritable au sein de l'unité nationale marocaine» et précise qu'il exprime «un soutien intégral au secrétaire général et à son envoyé personnel pour mener des discussions prenant pour fondement la proposition d'autonomie», invitant les parties à y prendre part «sans conditions préalables». L'étude affirme que les anciennes propositions de la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso) étaient devenues «dépourvues de pertinence et impraticables face à la complexité démographique» et que toute délimitation artificielle ne ferait «qu'amplifier les héritages frontaliers du passé». Elle précise également que le référendum serait «quasi impossible à organiser», les populations hassanies ayant circulé, depuis le XIVe siècle, entre le nord du Maroc, la Mauritanie, le Mali et l'Algérie, tandis que des mouvements massifs ont eu lieu durant les cinquante dernières années entre les zones administrées par le Maroc et les camps de Tindouf. Le Front Polisario a rejeté cette résolution, déclarant qu'«elle viole le statut de décolonisation du territoire et compromet la paix en soutenant la proposition marocaine». Toutefois, l'étude estime que le Maroc se trouve désormais dans «un moment voisin de l'élan de 1975, porté par une succession de succès diplomatiques conduisant résolument vers un règlement durable». Redéploiement international, rôle américain et soutien régional élargi Selon l'analyse, l'ONU «ne fait que rattraper des réalités déjà bien établies», l'essor du soutien international au Maroc ayant véritablement pris forme en 2020 lorsque l'administration du président Donald Trump reconnut la souveraineté de Rabat sur le Sahara, affirmant que cette question ne pouvait être résolue qu'à l'intérieur de ce cadre. Peu après, la France et l'Espagne — anciennes puissances coloniales à l'origine des tracés frontaliers ayant généré une partie du contentieux — auraient choisi d'appuyer clairement Rabat, rejointes par le Royaume-Uni, la Belgique, Israël et plusieurs Etats arabes, africains et latino-américains qui ont, selon le texte, ouvert des représentations diplomatiques ou engagé des projets d'investissement substantiels dans les provinces sahariennes. L'administration Trump actuelle adopte, selon l'étude, une attitude «plus résolue», estimant que ce dossier pourrait constituer «un succès politique accessible». Le texte rapporte que Washington a averti l'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara, Staffan de Mistura, que «la seule voie possible passait par la souveraineté du Maroc», ce qui a coïncidé avec une réduction des financements américains à l'ONU, accentuant l'affaiblissement de la Minurso. Selon l'Atlantic Council, la mission, «désormais dépassée et affaiblie», n'aurait eu d'autre choix que «de suivre le mouvement pour survivre». L'étude révèle en outre que les Etats-Unis mènent leurs propres efforts de médiation. Massad Boulos, conseiller principal pour l'Afrique, aurait conduit «plusieurs négociations bilatérales intensives avec les dirigeants nord-africains» durant l'été, répétant l'appui de Washington à la souveraineté du Maroc et annonçant même l'ouverture prochaine d'un consulat américain à Dakhla. Steve Witkoff, envoyé pour la paix, aurait affirmé dans un entretien télévisé qu'un accord entre le Maroc et l'Algérie pourrait être «imminent». L'entretien, réalisé en présence de Jared Kushner — décrit comme «un ardent défenseur de Rabat» et artisan de la normalisation entre le Maroc et Israël — témoignerait, selon l'analyse, d'une «direction américaine plus résolue pour favoriser la paix en Afrique du Nord». Le texte ajoute que les Etats-Unis ont «tenu le stylo» pour la rédaction de la résolution et qu'une version préliminaire divulguée cette semaine présentait «un ton nettement plus affirmatif en faveur du Maroc», assorti d'une réduction possible du mandat de la Minurso à trois mois. L'étude met également en lumière le rôle discret mais déterminant des Emirats arabes unis. Elle rapporte que le pays aurait mobilisé «toute sa capacité diplomatique», notamment à travers des appels aux membres permanents du Conseil, dont la France et la Russie, pour soutenir le projet américain. Elle souligne que le président Mohamed Ben Zayed entretient un lien personnel avec cette région, ayant passé ses années de formation à l'Académie royale du Maroc et ayant été, selon ses propres propos, «l'un des plus jeunes participants à la Marche verte de 1975». Les Emirats auraient récemment engagé trente milliards de dollars d'investissements au Maroc et furent, en 2020, le premier Etat arabe à ouvrir un consulat à Laâyoune. Conditions de mise en œuvre, projets structurants et signaux politiques récents L'étude souligne que l'enjeu principal réside désormais dans la capacité du Maroc à déployer concrètement son projet d'autonomie. Rabat aurait engagé des réalisations qualifiées de «stratégiques», notamment le projet atlantique du roi Mohammed VI, décrite comme «une vaste entreprise destinée à relier économiquement le Sahara aux pays sahéliens enclavés». Le port atlantique de Dakhla, évalué à 1,2 milliard de dollars, pourrait «traiter trente-cinq millions de tonnes de marchandises à partir de 2028». Plusieurs projets seraient également en cours dans le domaine du tourisme d'aventure et du tourisme d'affaires. L'étude précise que le Maroc devra, dans un délai de douze mois, présenter un programme complet de régionalisation avancée décrivant les structures de gouvernance locale, la répartition des responsabilités économiques et les modalités de représentation élue. Elle note que ces avancées impliqueront des révisions constitutionnelles au Maroc et un référendum national, mais surtout «l'acceptation, par le Front Polisario, de participer aux négociations sous l'emblème du royaume», ce qui demeure une difficulté majeure compte tenu de son rejet de la résolution. Parallèlement, l'étude relève des signaux diplomatiques considérés comme encourageants. Le souverain marocain a récemment effectué une visite officielle aux Emirats arabes unis. Elle souligne aussi un apaisement entre Alger et Paris, illustré par la grâce accordée à l'écrivain Boualem Sansal, présenté comme «un défenseur éminent de l'intégrité territoriale du Maroc». Dans son allocution suivant le vote, le roi Mohammed VI a déclaré vouloir «n'avoir ni vainqueur ni vaincu», invitant «son frère, le président algérien [Abdelmadjid Tebboune] à redonner vie à l'Union du Maghreb». Selon l'étude, ces éléments pourraient confirmer la prévision de Steve Witkoff annonçant «la possibilité d'un accord entre le Maroc et l'Algérie dans les soixante jours». L'analyse conclut que la résolution du Conseil de sécurité constitue «une étape essentielle consacrant l'option la plus crédible et la plus réaliste pour mettre fin à un demi-siècle d'épreuves pour les populations sahraouies». Elle rappelle toutefois que l'édification d'une autonomie véritable exigera un travail approfondi sur la gouvernance locale, la gestion des ressources et la mise en valeur des traditions culturelles, avant de pouvoir imaginer, selon l'expression employée, «une seconde Marche verte pacifique».