La tournée ouest-africaine du président turc, Recep Tayyip Erdogan, effectuée du 28 au 3 mars dans quatre pays de la sous-région n'est pas passée inaperçue. La presse internationale n'a pas manqué de commenter abondamment ce déplacement au cours duquel la délégation accompagnant l'actuel homme fort de la Turquie a signé plusieurs accords à Abidjan, Abuja, Accra et Conakry. Les pays choisis lors de cette visite reflètent une profonde compréhension par Ankara des réalités économiques en Afrique occidentale. Alors que la Côte d'Ivoire et le Ghana sont des modèles de croissance économique dans la région, le Nigéria est symbole de puissance tandis que la Guinée est plutôt prisée pour ses ressources naturelles. Il ne fait aucun doute que l'ancien empire ottoman ne compte pas s'arrêter en Afrique de l'Ouest. Dans l'avenir, on risque certainement de retrouver le même Erdogan ailleurs sur le continent, avec le même pragmatisme. À travers cette stratégie, la Turquie envoie un message fort à l'ensemble des pays qui comptent profiter de l'émergence africaine : elle n'entend pas jouer les seconds rôles. En Afrique, Ankara mise sur la subtilité de ses entreprises, mais aussi sur une réputation très honorifique : contrairement aux Chinois, les Turcs font un travail de qualité ! Il s'agit là d'un bel exemple à suivre pour les opérateurs marocains, appelés à affronter ces mêmes Turcs sur des secteurs aussi stratégiques que l'agroalimentaire et les infrastructures.