Ismaïla Nimaga : Ambassadeur de la République de Centrafrique au Maroc Pour Ismaïla Nimaga, ambassadeur de la République de Centrafrique au Maroc, son pays a tourné la page de l'instabilité et se dirige désormais vers une croissance économique. Dans cette interview, il présente les secteurs porteurs de l'économie centrafricaine, tout en saluant les relations bilatérales avec le Maroc. Les Inspirations ECO : Après un retour à la normale sur le plan politique, comment la Centrafrique compte-t-elle se relancer économiquement ? Ismaïla Nimaga : Le retour à l'ordre constitutionnel dans notre pays après trois années de chaos, est un moment fondateur d'une Centrafrique nouvelle. Le peuple centrafricain l'a parfaitement compris et salué avec ferveur et enthousiasme. Les nouvelles autorités jouissent de la légitimité du peuple. Pour relancer l'économie centrafricaine, le gouvernement compte promouvoir la croissance par l'assainissement de la gestion des secteurs à fort potentiel de croissance tels que l'agriculture et le développement du monde rural, les mines, les forêts, le tourisme, les industries culturelles, les postes et les télécommunications, et les TIC afin de leur permettre de jouer un rôle dans l'amélioration des revenus de l'Etat. Quels sont les secteurs susceptibles d'attirer les investisseurs étrangers ? Les secteurs susceptibles d'attirer les investissements étrangers sont l'agriculture, l'énergie, le commerce, l'exploitation minière, les forêts, les transports, les télécommunications, l'habitat et les infrastructures routières. Comment le Maroc peut-il apporter son appui à la Centrafrique dans le cadre de la coopération bilatérale entre les deux pays, surtout dans ce contexte particulier ? Le Maroc a toujours et continue encore d'apporter son appui à la Centrafrique dans le cadre de la coopération bilatérale Sud-Sud. Le royaume continue de renforcer les relations de coopération entre nos deux pays pour des partenariats «gagnant-gagnant» dans lesquels les secteurs tant publics que privés jouent un rôle majeur conformément aux contenus des accords et conventions conclus par les deux pays. La journée de l'Afrique 2016 a été récemment célébrée à Rabat. Que retenir de cette manifestation ? La Journée mondiale de l'Afrique a été instituée dans le but d'organiser des manifestations culturelles et artistiques en vue de favoriser un rapprochement entre les peuples africains. Cette année, à l'initiative des ambassadeurs africains accrédités au Maroc, elle a été marquée par une grande soirée de gala et de danses ethniques dans la salle de spectacle de la Fondation Mohammed VI à Rabat. Un moment de réjouissance de tous les Africains et les diplomates d'autres continents qui ont bien voulu y participer. Globalement, quelles sont les activités et les réalisations du Groupe des ambassadeurs africains au Maroc ? Le Groupe des ambassadeurs africains accrédités au Maroc est un cadre convivial qui se réunit à l'invitation du doyen tous les derniers jeudis de chaque mois, alternativement selon l'ordre alphabétique à la résidence de chaque ambassadeur. Ses activités consistent en l'accueil d'un nouvel ambassadeur, la cérémonie d'adieu à un ambassadeur en fin de mission, l'échange d'informations sur les questions d'actualité d'intérêt commun, l'harmonisation du point de vue du groupe sur les questions sensibles telles que l'immigration, le protocole lors des cérémonies officielles, les immunités et privilèges, le soutien au pays d'accréditation, les conditions de séjour des étudiants et stagiaires, la participation aux manifestations culturelles et artistiques et les préparatifs de la Journée mondiale de l'Afrique. Ces activités contribuent au renforcement des relations amicales entre le royaume du Maroc et les pays africains. La parfaite collaboration et l'entente fraternelle entre toutes les missions diplomatiques africaines, qui ont fini par rallier les autres groupes (Europe-Arabe et Asie-Amérique) depuis l'accession de la Centrafrique au Décanat, qui en est la parfaite illustration. En tant que doyen des ambassadeurs au Maroc, quels sont les moments les plus mémorables que vous avez vécus dans le cadre de vos fonctions ? Les moments les plus mémorables de mes fonctions en tant que doyen ont été entre autres les faits et évènements suivants : En prenant mes fonctions de doyen, j'ai trouvé un Maroc, qui ne siège plus à l'Union Africaine, mais qui a apporté son appui multiformes à tous les pays africains dans le domaine humanitaire, agricole, etc. Ce qui m'a beaucoup marqué. J'ai co-présidé, en tant que doyen du Corps diplomatique et du Groupe des ambassadeurs africains avec mon frère, le docteur Saad Eddine Othmani, en tant que ministre des Affaires étrangères et de la coopération, la cérémonie de l'inauguration de la place de l'Union africaine, qui est une marque d'attachement du Maroc à l'Afrique et cela m'a beaucoup réjoui. L'un des moments forts a été également la présentation au Corps diplomatique, que j'avais eu l'honneur de conduire à Dakhla sur invitation du gouvernement marocain, du plus grand drapeau du monde ! Ce drapeau a été entièrement confectionné par les jeunes Marocains de cette contrée. Ce fut un moment mémorable pour tous les ambassadeurs présents (plus d'une centaine). Le représentant des jeunes Marocains auteurs de cet exploit nous a encore ému en exprimant le soutien du Maroc à tous les pays du monde ; l'Afrique en particulier. Par ailleurs, la célébration du 50e anniversaire de la Journée de l'Afrique m'offrira le 25 mai 2010 une formidable opportunité de m'interroger et d'interpeller l'Afrique et le monde, dans mon discours de circonstance, sur le paradoxe marocain, qui tire sa légitimité, me semble-t-il, dans cette forte intensité d'amour et d'engagement du Maroc envers l'Afrique.