L'Etat se met à la tendance: il veut des bâtiments HQE (Haute qualité environnementale) pour héberger ses services. Un guide technique devrait être bientôt élaboré dans cette optique, portant intégration d'une démarche de qualité environnementale dans la construction des bâtiments publics. L'objectif, ici, est «d'initier les différents acteurs du domaine public aux enjeux du développement durable et de la qualité environnementale d'une façon générale, et dans le contexte spécifique au Maroc», indique-t-on auprès de la direction des Equipements publics, du ministère de L'Equipement et du transport. L'étude, qui devrait servir à l'élaboration de ce référentiel technique, devra présenter la démarche dans son caractère global et partenarial, allant de l'échelle du territoire, à celle du bâtiment, en passant par l'urbain. Ce guide devrait, par conséquent, présenter les différentes étapes inscrites dans la mise en place d'un projet visant une qualité environnementale: de l'engagement de la maîtrise d'ouvrage jusqu'à la réalisation de l'opération. «L'idée est avant tout de pouvoir appréhender le management d'un projet et de disposer d'outils opérationnels pour encadrer les opérations visant une qualité environnementale», complète la même source. Tout cela devrait se faire en référence de la HQE française, des autres référentiels internationaux (LEED, BREAM...), ainsi que des autres indicateurs définis dans certains pays. Surcoûts importants... Ce projet intervient en quasi simultanéité avec l'adoption, à la fin du mois dernier, de la loi 47-09, portant sur l'efficacité énergétique dans plusieurs secteurs, notamment celui du bâtiment. La version finale de ce texte prévoit, en effet, que les collectivités locales et les services publics soient intégrés dans les types d'infrastructures couverts par cette politique d'optimisation des ressources énergétiques. Sur ce même créneau, la réglementation thermique en préparation dans les bureaux de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, balise déjà les grands impacts attendus. Ainsi, pour les bâtiments administratifs, les surcoûts qui pourraient découler de l'application de cette réglementation thermique, sont à des niveaux divers. Ils se situent, en chiffres, dans une moyenne nationale de 83DH/m2, soit environ 1,3% du budget initial de construction d'un bâtiment administratif. Pris par zones climatiques, ce surcoût peut varier de 27DH/m2 à Agadir (le plus faible) à 177 DH/m2 dans les zones d'Ifrane et de Fès (le plus élevé). ...Prompte rentabilité Mais, si construire «green» semble peser lourd sur la facture étatique, les simulations de l'ADEREE relativisent la lourdeur de ces investissements et prévoient des rentabilités substantielles. Le temps de retour de l'application de la réglementation thermique, pour l'établissement, est égal à une moyenne de 2,5 ans. Ce chiffre varie évidemment en fonction de la région concernée. Dans la région d'Agadir, les investissements seraient amortis en l'espace d'une année, là où le temps de retour peut aller jusqu'à 5 ans dans la zone d'Ifrane. Pour les régions de Marrakech et de Fès, ce seuil peut se fixer respectivement à une durée de retour de 3 et 4 ans. Pour l'Etat et la collectivité locale, ces mesures induiraient des gains en énergie primaire estimés en moyenne à 6 Kgep (kilogramme équivalent pétrole), par m2 et par an. «Toutefois, à cause des réductions de la climatisation, les gains les plus importants seraient obtenus dans les zones chaudes de Marrakech et d'Errachidia», détermine l'étude de l'ADEREE. Cela correspondrait, par ailleurs, à des réductions significatives en demande de puissance électrique pour la climatisation, qui se situent entre 12W/m2. Au total, les émissions de CO2 évitées seraient, dans ce cas, estimées à quelque 16 KgeCO2 (Kilogramme équivalent en CO2) par m2 et par an. Plusieurs étapes pour y arriver.. L'étude d'élaboration de ce guide se réalisera en deux phases essentielles. La première est de dresser un état des lieux qui permettrait de s'interroger sur le contexte spécifique du Maroc. Ce diagnostic devra porter sur une analyse large du territoire, pour tenir compte de la spécificité des différentes régions du royaume, ainsi que sur les pratiques et usages dans les régions urbanisées et rurales. L'idée est de mettre en évidence les potentiels identifiés contribuant à faciliter la mise en œuvre d'une démarche environnementale, telle qu'elle se définit aujourd'hui dans la construction des établissements publics. L'étape suivante serait l'élaboration concrète du guide. Elle devrait se faire à partir du rapport de synthèse de la première et de la deuxième phase. La validation de la version définitive de ce guide technique devra être opérée par la direction des équipements publics, du ministère de L'Equipement et du transport. Une opération de vulgarisation sera ensuite déclenchée pour communiquer autour de ce nouveau référentiel.