Une nouvelle race d'immigrés marocains débarque en Espagne. Selon une étude réalisée par l'université de Navarre et rendue publique au cours d'un séminaire sur l'immigration marocaine, les nouveaux arrivants marocains sur les terres espagnoles sont aux antipodes de leurs prédécesseurs. Si par le passé, l'immigration marocaine en Espagne était dominée par un profil peu qualifié, voire pas du tout, aujourd'hui, celle-ci a changé complètement de visage. Les nouveaux arrivants sont de plus en plus jeunes et solidement formés. Selon Douglas Massey, professeur au département de sociologie à l'Université américaine de Princeton et auteur de ladite enquête, la nouvelle génération des émigrants établis sur le sol ibérique est issue d'une classe moyenne-supérieure et dotée d'un bagage culturel et éducatif supérieur, en comparaison avec leurs prédécesseurs. En effet, la présence marocaine en Espagne dans les années précédentes était dominée par l'omniprésence de nationaux d'origine rurale, ne disposant d'aucune formation qualifiée. À la recherche d'un gagne-pain ne requérant aucune compétence, la plupart de ces immigrés se sont rués vers les secteurs des BTP ou de l'agriculture, où ils ont œuvré en tant que main-d'œuvre bon marché. Ce qui explique d'ailleurs le taux de chômage très élevé dans les rangs de la communauté marocaine établie en Espagne. Après l'éclatement de la bulle immobilière, bon nombre d'entre eux n'ont pas su réaliser une reconversion en douceur à défaut de formation et de qualifications adéquates. À présent, le décor n'est plus le même et la nouvelle vague compte dans ses rangs des jeunes issus du milieu urbain et aux compétences professionnelles bien attestées. Concernant le domaine de spécialisation de cette nouvelle race, une grande partie a reçu une formation dans le secteur de l'ingénierie où le monde des affaires. «Ce ne sont pas des médecins ou des avocats, mais ils ont des compétences qui peuvent être mises à profit sur le marché global», estime l'auteur. Dans ce sens, les jeunes émigrants ont mis au point un solide projet migratoire et n'aspirent pas à s'éterniser sur les terres espagnoles, bien au contraire. Selon l'étude, ils réalisent une émigration circulaire et reviennent au moins une fois par an dans leur pays d'origine. Autre fait marquant mis en exergue par l'étude, le fait que l'Espagne a dépassé la France en tant que destination des émigrants originaires du Maroc. Reste que, selon l'auteur de cette étude, en Europe l'intégration des Marocains, qui d'après lui proviennent d'une culture distincte reste un «défi». Outre l'Espagne, le professeur a souligné que le phénomène de la mue de l'émigration marocaine prend également de l'ampleur dans des pays comme le Canada où les Etats-Unis où l'émigration marocaine a gagné en qualité au fil des années.