Attendu comme un pilier de la réforme du secteur de la santé dans la région, le CHU Mohammed VI d'Agadir est entré en phase opérationnelle cette semaine. Cette infrastructure, qui a nécessité une enveloppe de 2,33 milliards de dirhams, permettra d'offrir des soins tertiaires à plus de trois millions d'habitants. L'annonce a une portée significative : le Centre hospitalier universitaire (CHU) d'Agadir est opérationnel depuis le début de la semaine, confirme la direction de cet établissement. Ce lancement marque l'aboutissement d'un chantier de plusieurs années, dont la complexité technique, logistique et surtout de recrutement de ressources humaines, notamment les spécialités médicales, justifiait la longue attente. Il est toutefois important de noter que l'entrée en fonction de l'établissement, baptisé du nom du Roi Mohammed VI, sera progressive, selon la même source. Cette approche est typique des grands projets hospitaliers. Elle permet une montée en charge graduelle des services, assurant ainsi la qualité et la sécurité des soins dès les premières prises en charge. Cette étape décisive intervient peu après l'adjudication, effective le 28 octobre, des prestations liées aux activités d'accueil pour un montant de 2,77 millions de dirhams. Deux territoires : Est et Ouest Le nouveau CHU a vocation à offrir des soins tertiaires, généraux et spécialisés. L'établissement est destiné à couvrir les besoins de santé de plus de trois millions d'habitants de la région. Il répond à une logique d'organisation articulée autour de deux territoires de santé : l'Ouest, qui englobe les préfectures d'Agadir-Ida Outanane et Inzegane-Ait Melloul, en plus des provinces de Chtouka-Aït Baha et Tiznit ; l'Est, qui rassemble les provinces de Taroudant et Tata. Créé officiellement le 23 juillet 2018 (Décret n° 2.17.589), en vertu de la loi n° 70-13 relative aux centres hospitalo-universitaires, le CHU d'Agadir, dont les travaux d'aménagement et d'équipement ont débuté en 2018, a mobilisé une enveloppe budgétaire frôlant les 2,33 milliards de dirhams (MMDH). Il s'étend sur une superficie de 30 hectares. Par ailleurs, l'hôpital psychiatrique, dont les travaux ont démarré le 13 février 2020 dans le cadre du Plan de développement urbain (PDU) d'Agadir, reste désespérément attendu depuis cinq ans. Des indicateurs en deçà de la moyenne nationale Notons que les indicateurs de l'offre de soins dans la région Souss-Massa continuent de montrer un décalage significatif avec les moyennes nationales, et ce, malgré les efforts consentis. Cette situation confirme un diagnostic déjà établi il y a quelques années dans le cadre du Schéma régional de l'offre de soins (SROS). Selon le ratios d'habitants par médecin public pour 2024, la région, qui compte plus de trois millions d'habitants, est presque en désert médical. On y dénombre un médecin du secteur public pour 5.472 habitants, contre 2.514 au niveau national, d'après la carte sanitaire et l'état de l'offre de soins. Outre une «pénurie aiguë» de médecins spécialisés à l'échelle régionale, le même constat s'applique aux ratios d'habitants par infirmier et par lit hospitalier. Le ratio habitants par lit est de 1.947 au niveau régional, contre 1.307 au niveau national. Par ailleurs, la moyenne régionale est de 913 habitants par infirmier, comparable à la moyenne nationale d'un infirmier pour 918 habitants. Au-delà de ces déficits en personnel, les équipements de santé publics existants souffrent également de carences, notamment en ce qui concerne le nombre de scanners et d'IRM. Yassine Saber / Les Inspirations ECO