La réforme du régime fiscal CFC, actée par la Loi de finances 2026, n'est pas une simple retouche technique. C'est un moment de clarification. Un «faire le point», en quelque sorte, sur un dispositif longtemps perçu comme attractif mais rigide, et parfois mal compris par ceux-là mêmes qui en bénéficient. Le message de l'administration est clair. Le taux de 20% reste. Il demeure l'ADN du statut Casablanca Finance City, ce levier qui a permis d'attirer cadres internationaux et profils hautement qualifiés. Mais autour de ce taux, les règles changent. Et surtout, elles s'assouplissent. Fini le couperet des dix années strictement consécutives. Place à une logique plus en phase avec les trajectoires professionnelles contemporaines, faites de mobilités, de pauses, de retours. Un salarié peut désormais sortir du périmètre CFC, puis y revenir, sans perdre les années d'avantage fiscal non consommées. Un détail en apparence, une rupture en réalité. Autre signal envoyé : la liberté de choix est maintenue, mais encadrée. Le barème progressif reste une option possible, à condition d'être assumée et anticipée. Le calendrier est verrouillé, les décisions sont irréversibles sur l'année. Le fisc laisse le choix, mais exige la responsabilité. En filigrane, la réforme redéfinit aussi le rôle des entreprises CFC. Elles ne sont plus de simples relais. Elles deviennent garantes de la traçabilité du dispositif, avec des obligations déclaratives renforcées. Une façon de rappeler que l'attractivité fiscale va de pair avec la discipline. Au final, cette réforme dit quelque chose de plus large. Le Maroc ne renonce pas à l'avantage compétitif de CFC. Il le modernise. Il l'aligne sur la mobilité des talents et sur une vision plus mature de la place financière. Aux salariés, désormais, de s'approprier ces règles pour en faire un outil de projection, et non une simple ligne sur la fiche de paie. Hicham Bennani / Les Inspirations ECO