Le changement climatique et ses conséquences sur les milieux aquatiques a été au centre du premier panel, tenu en marge du salon à Agadir Quelles sont les conséquences du changement climatique sur le milieu aquatique ? Comment les écosystèmes marins se comportent-ils face à de nouvelles conditions ? Quel impact sur le peuplement marin et que signifie cette donne pour les professionnels de la filière de la pêche ? Consacré à ces questions, le 1e panel, tenu jeudi en marge des activités du Salon Halieutis, s'est attaché à soulever cette question, en réunissant une pléiade de professionnels, de chercheurs et de scientifiques. Disposant d'une grande diversité halieutique, le Maroc possède 500 espèces dont 60 sont exploitées. Ses principales ressources se composent essentiellement de petits pélagiques concentrés sur les côtes atlantiques du centre et du sud. À cet égard, le panel a permis non seulement de proposer des éléments pour la prise en compte de cette diversité, mais aussi sa préservation, du fait que le changement climatique et l'exploitation déséquilibrée des stocks ont amené à la diminution des ressources halieutiques au Maroc, ce qui a poussé le ministre de tutelle à confectionner des plans d'aménagement de pêcheries pour mieux gérer ces ressources. De l'avis de Faik Mustapha, directeur général de l'Institut national de recherche halieutique, (INRH), son administration a mis en place un arsenal juridique pour protéger les écosystèmes marins, en vue d'arriver à une pêche responsable et durable. Une approche systémique Il y a lieu d'ajouter à cela la mise en place d'un système de surveillance et de contrôle (VMC), le soutien de la recherche halieutique, la certification des captures et la lutte contre la pêche illicite influençant la compétitivité du produit marocain. Philippe Cury, directeur à l'Institut de recherche pour le développement en France, a mis pour sa part l'accent, dans le cadre d'une approche systémique (écosystèmes marins, socio économie et gouvernance), sur les notions de scénarios d'aménagement des écosystèmes. «À cause d'un ensemble de facteurs, en l'occurrence la surexploitation, la pollution, la fréquence des événements extrêmes et la nécessité de garantir la sécurité alimentaire, la réconciliation entre l'exploitation et la conservation, à travers des scénarios de projection et de développement est une nécessité», ajoute-t-il. D'où l'importance de mettre en place un centre de savoir, dédié à chaque écosystème. Abdellah Mokssit, directeur de la météorologie nationale, a insisté quant à lui, sur l'augmentation du nombre de jours chauds et sur la multiplication des événements extrêmes, notamment la sécheresse, la désertification et la baisse des précipitations. À cet égard, le Maroc a enregistré dernièrement des augmentations de température, d'où le développement de connaissances et la mise en place d'un système de suivi et de détection pour mesurer l'impact de ce phénomène sur l'exploitation des ressources marines. Au cours de son intervention, Sam Dupont, expert en environnement et paléo environnement océaniques de l'université de Suède, a abordé la question de l'augmentation du CO2 , qui provoque l'augmentation de l'acidité en milieu marin, laquelle est prévue de doubler, en fin de siècle, selon l'expert. Pour sa part, Abdelali El Moussaoui, chercheur à Mercator Toulouse, a appelé à la conciliation entre la science de la physique et la biochimique pour remédier à l'effet de serre et à l'acidité océanique. Dans la même perspective, le directeur du Centre royal de télédétection spatiale (CRTS), a mis en lumière la collecte d'informations sur terre et la mise en place de 10 programmes d'information. L'objectif est d'atteindre 300 programmes, en se focalisant sur les côtes marines marocaines et d'introduire plus de résultats en vue de garantir leur suivi et retracer le phénomène. De surcroît, d'autres programmes ont été réalisés, notamment la proposition d'un ensemble de scénarios d'exploitation, la mise en place de systèmes d'alerte et la préparation d'une plateforme pour intégrer les données terrestres et marines. Quant à Abdellah Rattal, directeur-adjoint de l'étude, de la planification et de la prospective au département de l'Environnement, il a mis l'accent sur le rapport afférent à la vulnérabilité au niveau des côtes marocaines, avec le risque d'élévation du niveau de la mer. Selon une étude faite en 2005, en partenariat avec le PNUD, certaines zones marocaines sont exposées au risque de ce phénomène, en l'occurrence la zone touristique de Saïdia, et la baie de Tanger. L'augmentation atteindra de 2 à 8 mètres, ce qui constitue un risque pour la population et les activités économiques. Il y a lieu de noter qu'une loi sur le littoral est en cours d'approbation par le Parlement marocain. Cette dernière stipule que chaque région doit confectionner un schéma local de gestion du littoral. Hassan Oukacha, président de la Fédération des pêches maritimes a interpellé les scientifiques sur la nécessité de partager leurs informations et leurs soucis avec les professionnels, en vue d'évaluer l'impact, afin de préserver les ressources halieutiques.