De tout temps, la volonté et surtout l'acte de consacrer l'égalité entre l'homme et la femme n'a jamais été chose aisée. Au Maroc, le consensus sur les réformes, introduites dans les lignes de la nouvelle Moudawana du 5 février 2004, n'est pas encore arrêté. Et bien que jugées substantielles avec des formulations modernistes, ces réformes posent encore la double difficulté de l'entendement et de l'application du texte de loi.Pourtant, s'il est une chose certaine, c'est bien la reconnaissance de la nouvelle Moudawana et à bien des égards comme un acquis majeur pour la femme marocaine. «Le nouveau code de la famille a mis fin à de grandes injustices dont les femmes étaient victimes et on peut parler d'évolutions positives sur plusieurs plans», insiste Nouzha Skalli, ministre de la Famille. Témoins de ces «évolutions positives» dans un pays qui prétendait respecter la femme -mais sans plus-, des magistrats français avaient conclu dans un rapport d'étude sur l'application de la Moudawana que cette dernière est «une oeuvre considérable, qui englobe tous les aspects du droit des personnes: le mariage, la filiation, la capacité, les testaments et les successions». Simple courtoisie ? Certainement pas. Exemples significatifs, l'âge du mariage a été fixé au plus tôt à 18 ans pour les deux sexes et la polygamie a été rendue quasiment impossible : placée sous un strict contrôle judiciaire, pour des situations exceptionnelles, elle implique l'accord de la première épouse. Autre exemple de taille, le divorce est devenu un droit reconnu aux deux époux, sous le contrôle judiciaire. Pourtant, dans la réalité, nous avons souvent écho de pratiques qui se font en dehors du texte de loi : des jeunes filles de 15 ans, avec leur juvénile consentement, sont injustement mariées avec la complicité de leurs parents. «L'adoul leur fournit une attestation qui a beaucoup de poids, l'acte de «anate», document qui corrobore l'acte du mariage. Au final, les juges ferment souvent les yeux, en prenant en compte la situation économique de ces familles», explique Abdallah Ounnir, enseignant de droit privé à l'université Abdelmalek Saâdi de Tanger. Le principe de «juge de soi» Avec une portée universelle, la nouvelle législation s'est également penchée sur le droit donné à la femme de décider de son mariage. La tutelle matrimoniale exercée par le tuteur (wali), encore obligatoire dans de nombreux cercles familiaux marocains, devient ainsi facultative. La femme majeure a aujourd'hui la pleine capacité pour décider de se marier. Elle conserve la possibilité d'être assistée par un wali, mais elle est désormais libre de faire ou non usage de cette faculté.Preuve par les chiffres et pour illustrer le degré d'adhésion à cette nouvelle procédure, en 2006, c'est-à-dire seulement deux ans après l'entrée en vigueur du code, près de 25% des femmes majeures se sont passées d'un wali pour se marier. Mignonnes, allons voir si la rose Le 8 mars est une date accidentelle pour célébrer la journée de la femme, sans plus. On s'accorde aujourd'hui à dire que ce sont les femmes socialistes qui sont à l'origine de cette date. C'est en effet à la Conférence internationale des femmes socialistes, organisée à Copenhague en août 1910, que fut prise cette décision, à l'initiative de Clara Zetkin, femme politique marxiste allemande et figure emblématique du féminisme. Les femmes socialistes présentes à cette conférence avaient repris l'initiative des femmes socialistes américaines qui avaient décidé, à partir de 1909, d'organiser chaque année, le dernier dimanche de février, une journée nationale pour l'égalité des droits civiques. Les Nations unies n'ont commencé à observer la Journée internationale de la femme que depuis le 8 mars 1975. « Droits égaux, opportunités égales : progrès pour tous ». Tel est le thème de ce 8 mars, journée internationale de la femme, qui coïncide cette année avec le quinzième anniversaire du programme d'action de Beijing en faveur des femmes.Le Haut commissariat au plan (HCP) vient de rendre publics les derniers chiffres concernant la disparité hommes-femmes, et ce à différents niveaux. Le Maroc compte 50,7% de femmes qui se marient plus tard (17,5 ans en 1962 à 26,4 ans en 2009) et ont moins d'enfants (7,2 enfants par femme en 1962, à 2,23 en 2009). Si les chiffres sont encourageants au niveau démographique, ils restent inquiétants dans l'accès à l'éducation, puisque 50,8% de Marocaines sont analphabètes. L'écart par rapport aux hommes est encore important, s'élevant à 23 points de pourcentage. Dans l'enseignement supérieur, le taux de féminisation a connu un bond en avant, passant de 42,8% en 1999-2000 à 52,3% en 2007-2008. Mais ces étudiantes se concentrent dans certaines filières telles que les sciences de l'éducation (77%), la médecine dentaire (73,3%) ou la médecine et pharmacie (63,6%). Plus d'actifs que d'actives L'autre blocage à une marche vers l'égalité hommes-femmes est à chercher au niveau économique. Elles représentent un actif sur quatre, et leur activité est en majorité agricole. Les femmes actives sont d'ailleurs plus exposées au chômage dans les villes. Le taux de chômage des femmes atteint, en milieu urbain, 19,8% contre 12,1% pour les hommes. Sur le plan du niveau de vie, la dépense moyenne par an et par ménage est plus élevée chez les ménages dirigés par des hommes avec 60.389 DH contre 45.515 DH pour ceux dirigés par les femmes.