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Vagabondage dans la bibliographie consacrée à Jean Genet
Publié dans Le Soir Echos le 16 - 12 - 2010

Lorsqu'il écrivait Le Captif amoureux, Jean Genet, dont on célèbre le centenaire de la naissance, fit une confidence au dramaturge syrien Saadalah Wannous : « C'est un grand plaisir que d'écrire ce livre : un plaisir très subjectif. C'est pourquoi je veux que le silence m'enveloppe, je ne veux pas qu'on prononce mon nom jusqu'à ce que j'aie terminé ce livre ». Wannous rapporta ces propos dans Al Karmil, en 1986 et on peut les lire en annexe de l'essai d'Arnaud Malgorn, Jean Genet Qui êtes vous ?, paru à La Manufacture en 1988, deux ans après la mort du poète.
Cette dévotion d'écrivain, si puissante chez Genet, Gilles Sebhan la rappelle moins que la passion de Genet pour la chute et le rebond dans Domodossola (Denoël, 2010), où ce jeune romancier transgressif évoque la tentative de suicide de Jean Genet, au printemps 1967, dans une petite ville italienne. Mille et un Genet nous apparaissent et disparaissent dans les innombrables ouvrages à lui consacrés. L'un d'eux est une dénonciation sous le titre Les vérités inavouables de Jean Genet (Seuil, 2004) par Ivan Jablonka.
Constituant avec quelque incongruité le premier volume des œuvres complètes de Jean Genet chez Gallimard, voici d'abord, de Jean-Paul Sartre, Saint Genet comédien et martyr qui parait en 1952. En épigraphe, on trouve ces vers de Jacques Prévert : « Bandit, voleur, voyou, chenapan ! / C'est la meute des honnêtes gens/ Qui fait la chasse à l'enfant ».
Quant à l'incipit, on ne dira pas qu'il invite vraiment à se plonger dans un ouvrage de 692 pages dont Tahar Ben Jelloun avoue dans son Jean Genet, menteur sublime (Gallimard, 2010) qu'il lui tomba des mains. La phrase d'ouverture de Sartre : « Genet s'apparente à cette famille d'esprits qu'on nomme aujourd'hui du nom barbare de “passéistes“ ». Elle est surmontée d'un titre de chapitre qui sauve tout, et c'est grâce à Genet : « L'enfant mélodieux mort en moi / Bien avant que me tranche la hache ».
Alors ? Lire les lettres à Olga et Marc Barbezat (L'Arbalète 1988). Ecrites dès 1943 et jusqu'en 1986, ces lettres aux Barbezat qui furent ses premiers éditeurs sont précieuses. Ainsi, celle du 14 février 1944, à Olga : « Mon travail est acharné, et il se fait dans de telles conditions que le rôle de ceux qui l'aiment est de le rendre possible. Marc me parle de gloire, de fortune, mais non, c'est de la blague, ça, je me fous de l'une comme de l'autre. Que va-t-il chercher là ».
Ce point sans interrogation me fait songer au titre d'un des derniers ouvrages du poète et romancier Henri Thomas : Ai-je une patrie, qui se donnait à lire sans point d'aucune sorte.
En 1965, le Genet de Claude Bonnefoy dans la collection Classiques du XXe siècle des Editions Universitaires s'ouvrait sur une affirmation inquiète : « Si le respect doit aller au talent, Jean Genet mérite notre grand respect ».
En 1966, dans la collection Poètes d'aujourd'hui chez Seghers, Jean-Marie Magnan, qui fut un ami de Coteau et de Picasso, ouvre son Jean Genet en demandant : « Jean Genet ne serait-il pas parvenu à cette heure à réaliser son vœu le plus cher d'un effacement humain complet au profit de son œuvre, de sa légende, à opérer cette projection quasi stellaire de soi-même où il devient son propre Signe, à ne plus se soucier que d'alimenter cette Image, débarrassée de l'accidentel et du contingent et afin qu'elle resplendît ? ».
Auparavant, Magnan avait cité la postface de Plume d'Henri Michaux : « On n'est peut être pas fait pour un seul moi. On a tort de s'y tenir… En lambeaux, dispersé, je me défendais et toujours il n'y avait pas de chef de tendances ou je le destituais aussitôt. Foule, je me débrouillais dans ma foule en mouvement… ».
Hors les repères bio-bibliographiques, le Jean Genet de la collection Portraits d'auteurs chez Marval est uniquement l'œuvre de photographes. L'ultime photographie, signée Marc Trivier, est prise à Rabat, en 1985. On y voit Genet seul sur un banc de jardin public.
Dans L'Atelier d'Alberto Giacometti, Genet n'avait-il pas écrit : « Ma solitude connaît la votre » ? Arnaud Malgorn a récidivé en donnant Jean Genet portrait d'un marginal exemplaire. (Gallimard, 2002), riche d'illustrations et de document rares dont une page du manuscrit d'Un Captif amoureux. A toutes les photographies de Genet, comment ne pas préférer celle où il éclate de rire tandis que le petit Azeddine rit aux éclats ? On la trouve dans Jean Genet de Malgorn chez Gallimard. Azeddine, aujourd'hui, est étudiant en France, comme sa sœur.


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