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Un ensemble de réflexions sur la psychanalyse au Maghreb et au Machreck
Publié dans Le Soir Echos le 22 - 09 - 2011

La revue freudienne Topique que publient les éditions L'Esprit du Temps consacre son n° 110 à un riche ensemble de réflexions et de mises en perspective autour de la psychanalyse au Maghreb et au Machreck. Les contributions de ce numéro sont, pour une part, issues d'un colloque organisé en octobre 2009 par l'Association internationale d'histoire de la psychanalyse. Les lecteurs découvriront dans ce panorama non exhaustif mais stimulant des articles concernant le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Liban, la Syrie, la Turquie.
Des informations stupéfiantes apparaissent. Par exemple, lorsque Raja Ben Slama évoque dans sa contribution intitulée La psychanalyse en Egypte – Un problème de non-advenue : « le féminisme anti-freudien, chez une grande féministe, psychiatre de formation, Nawal Saadaoui (née en 1930). Qui force le respect par son militantisme, mais qui sidère par la force de son déchaînement contre Freud et la confusion qu'elle érige en méthode entre le juridique et le psychique. Ainsi va-t-elle jusqu'à comparer Freud aux inquisiteurs qui pourchassaient les sorcières et lui attribuer des propos caricaturaux qu'il n'a jamais écrits ».
Raja Ben Slama montre, par ailleurs, que Mustapha Ziwer, le fondateur de la psychanalyse en Egypte, « n'est pas tout à fait perçu par lui-même, par ses disciples et par la postérité comme un psychanalyste. » Et de signaler que l'Association égyptienne de psychanalyse qui a vu le jour en 2004 « continue, par ses objectifs et ses activités, à ne pas identifier la psychanalyse comme discipline spécifique ».
C'est le texte de Jalil Bennani Psychanalyse au Maroc qui ouvre le numéro. Bennani est, avec Rouchdi Chemchem, le psychanalyste marocain qui a le plus abondamment publié l'état de ses réflexions en volume ou dans des articles de revue. Psychiatre et psychanalyste à Rabat, il publiait, dès 1980 Le Corps suspect (aux éditions Galilée) et, plus tard, Psychanalyse en terre d'Islam (Erès, 2008) tandis que, la même année, paraissait Traces et paroles (aux éditions Al Manar), résultat d'une action entreprise en collaboration avec le regretté artiste peintre Mohammed Kacimi.
Parmi les remarques de Bennani qui attirent l'attention, celles qui figurent dans un passage de son texte où il signale qu'« il convient d'accorder à la tradition magico-religieuse la place qui lui est due en interprétant celle-ci comme un effet de langage et non pas comme un effet ethnique. C'est à travers les mots de la langue que la psychanalyse se réinvente : ainsi les mots renvoient à des significations différentes, les racines à une pluralité de sens : wahch (manque, nostalgie, fauve), kebda (foie désignant l'amour filial), diqa (oppression, étroitesse pour désigner l'angoisse)… Ces mots n'ont pas d'équivalent en français et chacun dit les mots comme ils lui viennent ».
La conclusion sereine de l'article, nécessairement bref, de Jalil Bennani, énonce le fait – difficilement contestable – que « l'avenir de la psychanalyse au Maroc n'est pas fixé, il dépend des analystes, des interrogations à renouveler sans cesse sur leur pratique, des interrogations sur leur désir et leurs résistances, sur leur aptitude à s'étonner, loin du confort des certitudes».
L'inconfort des incertitudes fait immédiatement retour avec la contribution de Saïd Bellakhdar dédiée à l'histoire de la psychanalyse en Algérie : une psychanalyse face à la violence extrême. Pas étonnant que ce psychanalyste algérien exerçant aujourd'hui en France convoque en épigraphe cette affirmation de Sigmund Freud dans Considérations actuelles sur la guerre et la mort : « L'Etat […] se permet toute injustice, tout acte de violence qui déshonorerait l'individu. Il se sert contre l'ennemi non seulement de la ruse autorisée, mais aussi du mensonge conscient et de la tromperie délibérée […] ». On découvre avec stupeur, grâce à Bellakhadr, ces lignes dans Travail sur l'Algérie de Tocqueville : « Je crois de la plus haute importance de ne laisser subsister aucune ville dans le domaine d'Abd El Kader. » Ce qui était en vue, c'était, fait remarquer Bellakhadr, le développement de ce que Michel Foucault qualifiait de « notion de vie sans importance». Voilà bien une notion contre laquelle s'élève la psychanalyse.
Quand à la situation actuelle de la psychanalyse en Algérie, Bellakhdar signale que « la demande de prise en charge, de formation et de supervision est importante » mais remarque que la question se pose des difficultés du retour au pays dès lors que les Algériens en formation en France sont admis à prendre des patients en contrôle poussant ainsi à prolonger le séjour.
L'histoire de la psychanalyse en Tunisie évoquée par P. Delaroche et H. Karray ainsi que Riad Ben Rejeb mériterait d'être évoquée dans cette chronique, mais la place manque. Ce numéro de Topique est précieux, enfin, du fait que la psychanalyste syrienne Rafah Nached dont j'évoquais hier la récente arrestation y publie Histoire de la psychanalyse en Syrie. Après des études concernant la difficile identité plurielle libanaise ou encore la psychanalyse en Turquie et en Iran, ce numéro de Topique (diffusé par les Presses universitaires de France) se clôt sur un texte de résistance – au meilleur sens du terme – signé Houria Abdelouahed, à qui l'on doit, en duo avec Adonis, Le Dîwân de la poésie arabe classique paru chez Gallimard en 2008.


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