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Ghalioun, l'intellectuel dans la révolution
Publié dans Le Soir Echos le 25 - 09 - 2011

Le 29 août 2011, Burhan Ghalioun, politologue syrien vivant à Paris et professeur à la Sorbonne, a été désigné, depuis Ankara, président du Conseil national de transition syrien.
Pendant quelques semaines, il y eut donc à la tête d'un équivalent d'Etat transitoire syrien un intellectuel. C'est un peu moins que les quelques mois du poète Alphonse Lamartine comme ministre des Affaires étrangères de la Seconde République, moins que l'année passée par D'Annunzio, l'écrivain italien, à la tête de la république auto-proclamée de Fiume, plus que les quelques minutes du romancier Yukio Mishima menaçant le Japon d'un coup d'Etat fasciste.
Les rapports entre l'écrivain et le pouvoir sont complexes mais bien étudiés ; ils ont fait couler presque autant d'encre que de sang. Moins connu est le rôle des intellectuels syriens dans la construction de leur Etat au cours du siècle dernier. L'un des rares à s'être penchés sur la question est Burhan Ghalioun… Dans « Le malaise arabe », il fait remarquer que le Baas a été créé par des intellectuels. A la différence du nassérisme, mouvement populiste vivant du charisme du leader, ou du FLN, forgé dans l'âpre climat du maquis, le Baas a été pensé dans le radicalisme fantasmatique des doux foyers bourgeois. Michel Aflak, Salah-Eddin Bitar, Zaki Arsouzi, l'imaginèrent dans les amphithéâtres et les bibliothèques à Paris et Damas. De ces cerveaux protégés de la réalité, il sortit armé et cuirassé, idéal et brutal.
D'où la violence et le radicalisme des régimes de Hafez el-Assad et de Saddam Hussein, les seuls qui puissent se comparer aux expériences totalitaires est-européennes. Cette radicalité du pouvoir vient de la théorie, du laboratoire, de la bibliothèque, non de la pratique politique. Ces intellectuels y voyaient le seul moyen de lutte contre des sociétés archaïques ; c'était par la violence qu'on allait extirper du corps social l'assujettissement de la femme, l'analphabétisme, la féodalité. Un Etat fort, c'était un Etat vacciné contre les miasmes de la nation : la corruption, les fraternisations ethniques ou confessionnelles…
Ils le pensèrent si fort qu'ils firent eux-mêmes la révolution ; qu'eux-mêmes prirent le pouvoir. Par-là, l'expérience syrienne tranche avec l'expérience égyptienne. Au Caire, chaque expérience de modernisation eut son idéologue, chaque despote éclairé sa plume. Pour un Mehmet-Ali, un Nasser, il y eut un Rifa‘a Tahtaoui, un Mohammed Heykal. A Damas, tout fut dans tout : Michel Aflak comme Salah-Eddin Bitar se confrontèrent à l'expérience du pouvoir, prirent le risque du passage à l'acte et cela leur fut rendu avec usure : Michel Aflak mourut dans un exil doré à Bagdad, Bitar fut assassiné à Paris.
L'éthologue Konrad Lorenz fait cette observation merveilleuse : les animaux les plus pacifiques, les moins faits pour la prédation, s'ils leur arrivent de se battre, font les massacres les plus sanglants, les plus douloureux. Il cite le cas des rares mais atroces combats de colombes, qui durent à n'en plus finir, comparés à l'admirable rapidité d'exécution d'un rapace ou d'un fauve, machine à tuer sans état d'âme mais sans inutile lenteur. L'intellectuel, comme la colombe, lorsqu'il fit, au cours du XXe siècle, de la politique, eut souvent des cauchemars interminables : l'URSS, comme la Syrie baassiste, sont des produits de bibliothèques, des concepts livresques devenus des monstres politiques. Le passage de Burhan Ghalioun à la tête de ce conseil de transition ne signifie pas qu'il continue la tradition syrienne de l'intellectuel-politique, cette vocation levantine à produire des idéologies puis à les semer dans la région ; j'y vois, à l'inverse, l'espoir de mobiliser des intellectuels pour défaire le Baas, œuvre d'autres intellectuels, et tourner la page des idéologies meurtrières. Le mardi 20 septembre, la Coordination des comités locaux (LCC), une instance d'opposition intérieure, a rejoint le Conseil national de transition. Espérons que ces forces enracinées dans la réalité puissent faire pencher la caravelle de la transition syrienne vers des horizons posttotalitaires, plus proches des complexités de la réalité.


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