L'Egypte se mobilise pour le dialogue afin de désamorcer la crise qui prend de l'ampleur. Hier, Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, a réuni dans la capitale égyptienne les principaux partis rivaux, les appelant au dialogue en vue de trouver une issue à la crise. C'est le grand imam, cheikh Ahmed al-Tayyeb, qui a lui-même présidé cette importante rencontre à laquelle ont pris part, des chefs de l'opposition libérale, des islamistes, des mouvements révolutionnaires, des indépendants et des représentants chrétiens. On peut citer parmi les personnalités présentes, Mohamed El Baradei et Amr Moussa, figures de proue de l'opposition réunient au sein du Front du Salut National (FSN). Saad al-Katatni, le chef du Parti de la liberté et de la justice (PLJ, la branche politique des Frères musulmans) y était également. Cette rencontre intervient au lendemain de l'appel à une « réunion urgente » lancé par l'opposition afin de trouver un terrain d'entente avec le pouvoir. Alors qu'elle avait rejeté un appel au dialogue du président égyptien, Mohamed Morsi, il y a quelque jours, l'opposition a en effet émis le souhait de rencontrer le chef de l'Etat pour un « dialogue sérieux ». Mais le FSN pose ses conditions et exige des garanties au premier rang desquelles la formation d'un gouvernement de salut national et une commission pour amender la Constitution, adoptée en force en décembre dernier. Même son de cloche du côté de Amr Moussa, l'ex-chef de la Ligue arabe et autre figure de proue du FSN. Il a estimé dans un communiqué que « la grave situation actuelle nécessitait d'accepter un dialogue afin de stopper la confrontation et la violence ». Restaurer l'Etat de droit La coalition des partis de l'opposition souhaite notamment que le président, Mohamed Morsi, assume la responsabilité des violences meurtrières de ces derniers jours et aussi qu'il soit d'accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Pour les membres du FSN, la Constitution, rédigée par une commission dominée par les islamistes et approuvée par référendum, n'est pas valide car, « non représentative de la population égyptienne et portant atteinte à certains droits fondamentaux ». La nouvelle crise que traverse le pays ces derniers jours est la pire depuis l'élection en juin de Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans. Le bilan des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre depuis une semaine en Egypte s'élève à 56 morts, a annoncé, hier, le ministère de la Santé. Les heurts les plus violents ont eu lieu à Port-Saïd (nord-est), où plus de 40 personnes ont péri dans des violences après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, impliqués dans des heurts meurtriers l'an dernier à l'issue d'un match contre le club de la capitale, Al-Ahly. En visite à Berlin, mercredi, Mohamed Morsi a promis de restaurer un Etat de droit en Egypte. « L'Egypte sera un Etat de droit qui ne sera dirigé ni par l'armée ni par des religieux mais par un gouvernement dont la composition dépendra de l'issue des élections législatives », a-t-il déclaré.