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La vérité sur la baisse des prix des médicaments au Maroc
Publié dans L'observateur du Maroc le 04 - 11 - 2013

SANTE Rien ne va plus entre les pharmaciens d'officine et les industriels pharmaceutiques. L'objet de discorde entre les deux parties n'est autre que le projet de décret relatif au mode de calcul des prix des médicaments. Un casse tête chinois pour les autorités, qui veulent, à la fois soulager le porte-monnaie des malades, et soigner le tiroir-caisse des industriels et des pharmaciens.
La baisse du prix des médicaments au Maroc suscite une vive polémique. Visiblement, c'est une mesure plus simple à annoncer qu'à appliquer. Elle pose problème aussi bien aux pharmaciens, qui voient leurs marges baisser, qu'aux laboratoires pharmaceutiques qui craignent pour leurs bénéfices. Chacun défend son beefsteak et communique à tour de bras. Les associations professionnelles fédérant l'ensemble du secteur de l'industrie pharmaceutique marocain (AMIP, MIS et AMMG) ont exprimé leur total refus du décret relatif au mode de calcul des prix des médicaments. « Nous contestons vigoureusement et unanimement le nouveau projet de décret dans son approche non consensuelle, partielle et contraire aux principes de la transparence et de la concertation qui ont toujours caractérisé nos échanges avec notre Ministère de tutelle », ont solennellement déclaré les professionnels du secteur. Juste après, ce sont les pharmaciens qui sont montés en créneau par la voix de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) : «La Fédération a été frustrée de lire dans les journaux que les industriels n'ont pas été concertés et ne sont pas au courant du projet de décret alors qu'ils ont assisté avec nous à toutes les réunions (pendant deux années) avec le ministre de la santé ou le secrétaire général». Pour cette organisation, la concertation a toujours été le mot d'ordre. En témoigne l'accord signé le 11 juillet 2012 entre les industriels et le ministère de la santé. Qu'en est-il réellement ? « L'accord a été repris en intégralité dans le décret.
Et toutes les parties prenantes étaient autour de la même table des négociations. Dire aujourd'hui que le décret a été fait de manière unilatérale, c'est revenir deux ans en arrière », nous assure une source au sein du ministère qui requiert l'anonymat. Des propos confirmés par le président de la coalition des pharmaciens du PJD, Khalid Zouine. De l'avis de Ali Sedrati, ex président de l'AMIP et patron du laboratoire GSK, cette révision des prix est plus que nécessaire et justifiée. Maintenant, «le décret sur le fond et sur la forme ne correspond pas à ce que nous avions convenu avec le ministère de la Santé. Certaines clauses ont été introduites sans nous avoir consultés. Cette décision mettra en péril les investissements présents et futurs économiquement importants pour notre pays, la pérennité du secteur, la création d'emplois ainsi que le développement de l'export», prévient-il. Où réside la cause de la discorde ? Un décret qui fâche Pour bien comprendre ce dossier, un flash-back s'impose. Aussitôt nommé au département de la Santé, El Hossein El Ouardi s'est immédiatement attaqué au dossier des prix des médicaments. En septembre dernier, son département frappe un gros coup : les prix de 320 médicaments sont révisés, avec des baisses dépassant parfois les 80%. La mesure est annoncée comme une grande avancée. Certains professionnels de la santé estimaient que l'annonce n'était pas plus que de la poudre jetée aux yeux des citoyens électeurs. «Sur cette première liste, figuraient des médicaments qui ne sont même pas commercialisés. On ne les retrouve que dans les cliniques et les unités hospitalières », nous assure Khalid Zouine. Le ministre est alors revenu à la charge : « Cette première liste n'est qu'un échantillon. C'est la deuxième vague, comprenant entre 800 et 1000 références, qui devrait laisser apparaître une baisse des prix des médicaments dans les officines».
Les prix de 720 autres médicaments ont été ensuite revus à la baisse. Cette baisse des prix estimée à 34% touche des princeps dédiés à soigner certains maladies. Une nouvelle baisse viendrait s'ajouter aujourd'hui à celle ressentie après les deux vagues de réduction des prix décidée il y a quelques mois. C'est un nouveau mode de fixation des prix basé sur le benchmarking avec 7 pays qui sera désormais mis en place. Les prix seront fixés en tenant compte de la moyenne des prix pratiqués dans ces pays. Une disposition acceptée à contrecoeur par les pharmaciens dont certains pensent qu'il est inconcevable de mettre le Maroc sur le pied d'égalité avec d'autres pays dont le niveau de vie et le taux de couverture sociale sont élevés. Au début, les industriels ont donné leur feu vert. Aujourd'hui, ils râlent et rejettent le décret en bloc. Mounir Tadlaoui, président de la FNSPM assure que le problème réside principalement dans le système de compensation instauré qui vise à atténuer l'impact négatif de la baisse des prix sur les officinaux. Déjà, aujourd'hui, le secteur pharma-ceutique est en mauvaise passe. « Une baisse des prix sans compensation entrainera la disparition de 44% des officinaux. A Meknès et Kenitra, par exemple, nous sommes aujourd'hui à quelques 180 pharmacies. En baissant les prix, nous serons plus que 40 », explique Khalid Zouine. En effet, qui dit baisse des prix, dit baisse des marges.
Et les pharmaciens, qui gagnent de l'argent en margeant sur le prix de vente, criaient à la mort de leur « petit commerce » et voulaient que ce soit les industriels qui fassent l'effort. L'état a fini par imposer un accord. Ainsi, il a été décidé d'accorder sur le prix d'achat 4% d'abattement sur les médicaments dont les prix vont de 0 à 300 DH, 30% sur ceux allant de 300 à 1.000 DH, un forfait de 300 DH sur ceux allant de 1.000 à 4.000 DH. Pour les médicaments dont les prix dépassent les 4.000 DH, il a été décidé un abattement de 400 DH. « Au vu de la baisse des prix du médicament, les mesures compensatoires proposées ne suffiront vraisemblablement pas à assurer l'équilibre financier de la pharmacie d'officine », commente Mounir Tadlaoui. Or, ces mesures ne semblent pas du goût des industriels nationaux qui craignent un manque à gagner d'environ 6,05% du chiffre d'affaires du marché privé. Lequel est estimé à 8,5 milliards de dirhams. Si Adil Sedrati se montre solidaire avec les officinaux, il assure tout de même que ce n'est pas en augmentant leurs marges que le problème de tout un secteur va être résolu. « Nous ne sommes pas la Caisse de compensation des officinaux. C'est à l'Etat de redresser le secteur, pas à nous », lance un industriel du secteur qui tient à préciser tout de même : « Sur un total de 5.000 médicaments au Maroc, la baisse des prix concerne les plus chers, en nombre de 1.000. Le benchmark sur lequel le ministère s'est basé montre que 3.000 autres produits sont vendus à des prix en dessous de la moyenne. Normalement, on devait augmenter leurs prix pour compenser, mais on a décidé de ne pas le faire pour l'intérêt du citoyen ». Et d'ajouter : « On avait déjà deux peines : baisser les prix des médicaments chers et ne pas agir sur les prix de ceux qui sont considérés comme produits sociaux. On vient nous en rajouter une troisième consistant à donner 4% de nos marges aux pharmaciens. C'est aberrant ! ». Un autre industriel souligne que 95% des médicaments se vendent à des prix qui ne dépassent pas les 150 dirhams.
Et la marge des industriels serait à peine de 10%. « Si on nous oblige à appliquer ce décret, ces médicaments à petits prix finiront par disparaitre et c'est le citoyen qui souffrira de leur disparition », prévientil. Les industriels gagnent en effet sur la base des produits «chers», souvent importés, selon les opérateurs du secteur. « La loi fiscale nous impose de payer 20% lors de l'importation des médicaments sous brevets. Et le poids de négociations des industriels marocains sur le marché étranger est très faible. Le chiffre d'affaires global ne représente que 1% du montant global de la vente des médicaments en Afrique. Comment allons-nous faire alors ? », se demande ce patron d'un laboratoire national. Toujours à propos du refus des industriels de sacrifier 4% de leurs marges aux officinaux, Khalid Zouine lâche une autre bombe : « La grande majorité des officinaux ont l'habitude de travailler avec les grossistes et les laboratoires moyennant des marges de ristournes qui peuvent aller jusqu'à 80%. Comment accepter d'accorder des ristournes pareilles et refuser de sacrifier 4% ? ». La guerre des marges est lancée Pour défendre la position des industriels, l'un d'eux contacté pas l'Observateur du Maroc répond sous couvert d'anonymat : « Les prix vont augmenter au lieu de baisser ». Comment ? « Le benchmark est effectué sur la base du prix grossiste hors taxes auquel il faut ajouter la marge des grossistes (10%) et celle des pharmaciens qu'ils estiment à 30%. Dans les autres pays objets de l'étude, cette marge n'est que de 20%.
Le Maroc est le pays où la marge des pharmaciens est la plus élevée. Pour un même prix industriel de 100 DH, le Français, le Saoudien, le Turc paieront 120 dirhams. Le Marocain, lui, paiera 130. Suite au décret, il sera amené à payer 134 DH (si on ajoute la marge de 4%). Le ministère n'a rien résolu finalement », détaille ce professionnel du secteur, membre de L'Association marocaine du médicament générique (AMMG). Il y a actuellement tout un débat autour de la marge des officinaux. Ces derniers l'estiment à 30%. Alors que les industriels parlent de 47%. « La marge se calcule en général sur la base du prix d'achat et non sur la base du prix de vente, comme le font les officinaux. Il suffit de se référer au décret où ce point est mentionné noir sur blanc », crie cet industriel. Des propos qui font sortir Mounir Tadlaoui de ses gonds : « C'est archi faux ! Notre marge est de 30% brute par rapport au PPM. Donc 8% du net. Si on gagnait autant, le secteur ne serait pas en difficulté aujourd'hui». Le bras de fer avec le ministère ne semble qu'à ses débuts. Les industriels veulent revenir à la table des négociations car pour eux, le schéma présenté par le ministre risque de mettre à genoux toute l'industrie. Mais le ministre se veut rassurant. « Mon devoir de ministre va m'imposer de trancher et d'arbitrer. Et bien sûr, l'intérêt du citoyen passera avant tout», assure-t-il


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