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Bachkou Le bidonville résiste
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 10 - 2010

Au milieu des décombres de baraques fraîchement détruites, Abderrahim, 44 ans et propriétaire d'un Café à Bachkou, n'arrive pas à cacher son amertume. En face de lui se dressent des immeubles avec de minuscules fenêtres qui le narguent. «Ces barres de cinq étages nous étaient destinées, mais des mains invisibles en ont voulu autrement», déplore-t-il. Entre la route de Mekka et Taddart, se trouve ce bidonville baptisé Bachkou (déformation de Basco, l'un des anciens propriétaires du terrain). C'est un quartier à part entière qui dispose d'une école primaire, de mosquées, de pharmacies, souks, dealers, guerrab (vendeur informel d'alcool).
Ce bidonville avait un chef politique. Certes il n'a jamais passé une nuit dans ces taudis, mais il savait tout ce qui se passait derrière chaque porte de chaque baraque. Il s'appelle Ahmed Kadiri, avocat et élu istiqlalien. «Il était le père de tout le monde ici», se rappelle Hamid, ce sexagénaire du Kariane. Représentant au parlement de la circonscription depuis 1977, il est aussi président de la commune du Maârif. En 1992, un ambitieux programme de relogement est lancé par l'Etablissement régional d'aménagement et de construction (ERAC), ancêtre d'Al Omrane. Après le recensement de la population, l'opération commence en 1997 par l'octroi d'appartements à Sidi Maârouf en contrepartie de 90.000 DH.
Arrêt
Cependant l'opération s'arrête brusquement. «Au début de l'opération, 500 familles sont relogées. Ensuite l'ERAC constate qu'elle ne pouvait pas assurer la charge financière du projet», se remémore Ahmed Kadiri. Pour finaliser le projet, l'ERAC réduit la superficie des appartements de 76m2 à 39 m2, mais les habitants refusent et le projet tombe à l'eau. Ainsi, il connait le même sort que les projets de 1970 et de 1981. «C'est toute la spécificité de Bachkou, avec Carrières centrales, qui ont connu plusieurs programmes de relogement qui se faisaient au gré des intérêts politiques de chaque période au Maroc», remarque un observateur de la gestion de la ville de Casablanca qui a requis l'anonymat.
Aux élections de 98, A. Kadiri laisse le siège à Mustapha Ibrahimy de l'USFP. Au même moment, les socialistes sont au gouvernent et décident le relogement des habitants de Bachkou in situ. L'ERAC construit ses logements. Driss Basri et Mohammed El Yazghi, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'urbanisme, de l'habitat et de l'environnement à l'époque, dressent une tente pour annoncer ce énième programme. La suite est connue, les habitants ne pourront pas bénéficier de ces appartements.
Depuis, on a reproché à A. Kadiri d'avoir fait signer à des représentants des habitants un document en vertu duquel ils refusent les appartements proposés. Ce que conteste Me Kadiri : «c'est complètement faux. Les habitants n'ont pu profiter car la valeur exigée pour avoir accès aux logements construits à Bachkou dépassait leurs moyens», explique-t-il. Selon une source bien informée «il est très peu probable que A. Kadiri soit l'auteur de malversations dans cette affaire. C'est l'administration qui pilote ce type de projets.». Selon A. Kadiri «les citoyens avaient la liberté de choisir et c'est ça la démocratie». Depuis 1998, il siège au parlement représentant la circonscription «Al Waha». D'un autre côté, «les immeubles d'Al Yazghi» sont commercialisés au grand public. le rêve d'une vie digne s'évapore et le cauchemar des taudis continue.
Opération spéciale
En 2004, le gouvernement lance le programme Villes sans bidonvilles (VSB). Deux ans après, Casablanca, qui concentre 40% des ces habitations, est toujours à l'écart du projet. Mohamed Kabbaj, le Wali de la région à l'époque, refuse «la méthode Hejira», et demande que la ville dispose de ses propres outils pour exécuter le programme. «M. Kabbaj connait très bien la lourdeur propre aux administrations centrales des ministères et des offices. Ce bras de fer dure un an et demi. Avec la création d'Idmaj Sakan, le Wali a eu gain de cause», rappelle un connaisseur. Notre source au ministère de l'Habitat a refusé de parler de ce bras de fer. «Le modèle choisi à Casablanca est unique en son genre au Maroc, mais il fallait réussir VSB à tout prix».
Idmaj Sakan a pour mission de gérer le programme d'éradication des bidonvilles de Casablanca. Son capital est de 20 millions de dirhams et ses actionnaires sont l'Etat, à travers le Fonds de solidarité pour l'habitat (7 millions), Al Omrane (2,9 millions), la Caisse de dépôt et de gestion (2,1 millions), la Région du Grand Casablanca, le Crédit immobilier et hôtelier et la Banque centrale populaire avec 2 millions chacun. L'Assemblée préfectorale et le Conseil de la ville contribuent pour un million de DH.
VSB «opération spéciale Casa» commence en 2007, quatre zones prioritaires sont désignées. Carrières centrales, Thomas et Skouila à Sidi Moumen, Slibate à Dar Bouaza et enfin Bachkou». «Bachkou est une tâche noire dans le tissu urbain. Il est situé sur la route de l'aéroport et à l'entrée de l'autoroute, son existence dessert l'image du pays», estime le président de la commune urbaine du Maârif.
«Après un début difficile, l'opération a atteint sa vitesse de croisière depuis six mois», se réjouit un responsable au ministère de l'Habitat. Par exemple, le douar Slibate est rasé en 40 jours. «Même les Brésiliens n'ont pas fait mieux», compare notre interlocuteur pour qui «en finir avec les bidonvilles est devenu une question de crédibilité pour l'Etat». L'ouverture des pôles urbains Rahma et Lahraouiyne accélère le relogement. Aux Carrières, déjà un tiers des familles (2130 baraques) vient de bénéficier de lots de terrain, un autre tiers est en cours et la troisième partie n'est pas encore recensée. Pour Saïd Chihab, membre du comité pour la défense du droit au logement, «VSB est contre les masses populaires et il répond à la pression du lobby immobilier. Notre objectif est que l'Etat remette en question sa politique du logement et ouvre un débat sur ce dossier», revendique-t-il.
The End
Retour à Bachkou. En 2007 et à la demande de A. Kadiri, un nouveau recensement est effectué par le Haut commissariat au plan (HCP). Résultat : 1852 baraques à Bachkou, soit 700 baraques de plus que le premier recensement ! Ce qui signifie que l'opération de 1997 n'a servi à rien.
Aujourd'hui, «plus de 1200 familles ont pu en bénéficier», annonce A. Kadiri. L'offre de l'Etat consiste en à un terrain de 70 m2 dans la ville de Rahma pour deux familles qui doivent payer 15.000 DH chacune, hors taxes et frais d'enregistrement. Une tierce personne (généralement un tâcheron) est appelée pour construire le R+3, en contrepartie de quoi il devient propriétaire d'un étage et du rez-de-chaussée. «Les habitants peuvent toujours bénéficier des appartements de Sidi Maârouf», précise A. Kadiri.
Les autorités détruisent surtout à derb Massira et à El-Fassi à Bachkou. Avant de s'attaquer aux quartiers Al Gara et Ahmed Chaidmi, les autorités attendent de résoudre la situation de 250 familles composées qui refusent la formule proposée. «J'ai deux fils mariés et ils ont des enfants, comment les faire vivre avec moi dans un 70 m2 ?», se demande Najat, qui détient une épicerie, aujourd'hui au bord de la faillite faute de clients. Malgré tout, cette native de Kariane garde le moral. Le 17 octobre elle a pris part à un sit-in devant le parlement. «Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie respectée. Maintenant, je n'ai plus peur du Caïd, je suis une femme digne», souligne-t-elle. Dans le cas où Najat refuse d'exécuter l'avis d'expulsion, elle risque une amende de 500 DH par jour et après un mois, le montant atteindra 5000 DH/jour.


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