Message de vœux de l'ambassadrice de Chine Yu Jinsong aux Marocains à l'occasion de l'année 2026    HCP : hausse de la demande intérieure de 7,6% au T3 2025    Comment les caméras intelligentes révolutionnent-elles la sécurité des grands événements sportifs ?    Yémen : les Émirats mettent fin aux missions de leurs dernières unités antiterroristes    Rétro-verso : Quand les Lions de l'Atlas partaient à la conquête du monde    Premier League : la J19 à cheval sur 2025 et 2026    Prix sportifs : la FIFA met fin aux trophées The Best    CAN 2025: Carton plein pour les sélections maghrébines    Rapport : recul de la mortalité infantile et hausse de la scolarisation précoce en Chine    Avec Nedjim Bouizoul, tout va Labess!    Revue de presse de ce mercredi 31 décembre 2025    Chambres professionnelles : le dépôt des candidatures clôturé le 31 décembre    Gaza : la France appelle, avec une coalition internationale, à lever les entraves à l'aide humanitaire    Edito. «Les ECO», une histoire au-delà des pages    Aide sociale directe : 49 MMDH mobilisés depuis le lancement du dispositif    Retraites : Le gouvernement va-t-il jeter l'éponge ? [INTEGRAL]    Réseau hydro-agricole de Saïss: CMGP Group décroche le marché    CAN 2025 : le programme des matchs du mercredi 31 décembre    CAN 2025 : les Lions de l'Atlas entrent en mode conquête    CAN 2025: Le Maroc face à la Tanzanie en huitièmes de finale    Mondial 2026 : 250 millions de dollars pour sécuriser l'espace aérien américain    Bourse : l'action CMR s'envole après des résultats prometteurs    Main-d'œuvre : les Baléares recrutent des chauffeurs au Maroc    Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie : le Maroc élu à la tête du Conseil d'administration    Fès-Meknès : 10 milliards de dirhams engagés par la SRM d'ici 2030    Le Maroc et la Jordanie renforcent leur coordination diplomatique face aux tensions au Moyen-Orient    Présidentielle en Guinée : Mamadi Doumbouya largement en tête des premiers résultats    Douze ans après, des robots plongent dans l'océan indien pour retrouver le vol MH370    Pluies, neige et oubli : Chronique d'un pays à deux vitesses    Ali Achour : « Les revendications kabyles reflètent un malaise ancien »    Marrakech : l'exposition « Mohammed Ben Allal, récits du quotidien » au musée Jamaâ el-Fna    Le Niger adopte la carte d'identité biométrique de l'AES    CAN 2025 : Marrakech vue de l'Ouganda    Heirs of Greatness Day célèbre l'artisanat d'excellence africain    DGSN : 15 morts dans 1.941 accidents en une semaine en périmètre urbain    Soutien social direct : Nadia Fettah reconnaît les limites du système de ciblage    La MINURSO réduit ses effectifs    Les Émirats refusent d'être impliqués dans les événements en cours au Yémen    Rejet du Somaliland, soutien au polisario : l'Union africaine face à ses incohérences    Fireworks and small fires in Molenbeek after Morocco beats Zambia    Manœuvres militaires : Simulation chinoise d'un blocus des ports de Taïwan    Chambre des représentants : Examen en commission du projet de loi relative à la procédure civile    Le Maroc à la tête du CA de l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie    Marruecos: Cambios en los derechos de importación en 2026    Malgré les stéréotypes, le darija gagne en popularité parmi les apprenants étrangers de l'arabe    Ouverture des candidatures pour la 12e édition du Prix national de la lecture    Rachat de Warner Bros. Discovery : Le conseil d'administration s'orienterait vers un rejet de la dernière offensive de Paramount    Vernissage de l'exposition nationale «60 ans de peinture au Maroc» le 6 janvier 2026    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tunisie : Vie perdue
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 01 - 2019


Par Vincent Hervouët
Abdel Razzak Zorgui était Journaliste Reporter d'Images en Tunisie. Les JRI écrivent avec leur caméra. Encore faut-il en avoir une, qu'une chaîne de télé diffuse vos images, qu'un producteur finance tournage et montage, ce qui fait beaucoup de conditions. On n'est jamais journaliste tout seul. Ou alors, on est au chômage. Dans ce cas-là, on dit « journaliste indépendant ».
Abdel Razzak Zorgui, 32 ans, deux enfants, deux ex-épouses, était seul. Sans doute qu'il en est mort. Il vivait à KASSERINE, 270 kms au sud-ouest de Tunis, qui n'intéresse pas beaucoup les médias de la capitale parce qu'il ne s'y passe pas grand chose. Mais c'est justement cela le problème en Tunisie : il ne se passe pas grand chose dans tout ce qui se passe ! Huit ans après la chute de la dictature, la pauvreté, le chômage, l'absence de développement restent le sort des régions de l'intérieur et plombent la vie des hommes désœuvrés qui s'y sentent assignés à résidence.
Ce n'est pas avec de l'encre mais avec de l'essence que Abdel Razzak Zorgui a signé son dernier papier. Il s'est immolé par le feu, sur la place centrale de la ville. Le choc de l'image et le poids du témoignage. Avant de gratter l'allumette, il a rédigé trois phrases, comme une légende. Il dit qu'il « commence une révolution » pour les fils de Kasserine affamés et marginalisés. Evidemment, il pensait à Mohamed Bouazizi, ce marchand des quatre saisons d'une bourgade voisine que la police harcelait. Son suicide révolta les Tunisiens et déclencha la révolution contre Ben Ali.
On ne « commence pas une révolution » seul. Pas plus qu'on ne fait des piges tout seul. Les journalistes peinent à raconter le présent. Ils échouent encore plus en croyant prédire l'avenir. Abdel Razzak Zorgui en avait assez de sa vie et il a voulu l'offrir en sacrifice. Le plus terrible des désespoirs : celui qui se cache derrière le faux espoir d'une révolution, censée régler tous les problèmes et venger chacun de ses humiliations. L'utopie est meurtrière. Depuis 8 ans, le fantôme de Mohamed Bouazizi inspire des passages à l'acte. Régulièrement, des Tunisiens s'immolent pour dénoncer la vie chère.
Les habitants de Kasserine avaient été les premiers à se révolter en 2010. Lundi, ils ont rendu hommage au disparu en jetant des pierres aux forces anti-émeutes et en brûlant quelques pneus. Mardi, après l'enterrement, ils ont recommencé. Mercredi, on a signalé quelques centaines de manifestants dans plusieurs localités tunisiennes. L'immense majorité des Tunisiens regardent, impavides. La Tunisie a connu le seul printemps politique qui n'ait pas tourné court. Mais son modèle économique est à bout de souffle. Huit gouvernements successifs ont navigué à la godille. Sur le plan social, c'est une cocotte minute. Il y a un an déjà, un mouvement de révolte s'était répandu comme une trainée de poudre avec un slogan, « Qu'est-ce qu'on attend ? ».
C'est une question de fin d'année, quand on tente un bilan.
En Tunisie, l'anniversaire de la révolution est un cap de plus en plus difficile à passer.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.