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Syan Luka : « J'ai une affection particulière pour les rôles tourmentés »
Publié dans L'observateur du Maroc le 09 - 03 - 2020

Franco-marocain originaire de Zagora, Syan Luka de son vrai nom Soufiane Ait, est un acteur passionné et téméraire. Celui qui a séduit dans la série « Guyane » de Canal Plus et qui jongle entre les planches avec « J'appelle mes frères » de Jonas Hassen Khemiri (Obie Award Winner) et le grand écran, partage avec nous son penchant pour les projets humains. Il vient de terminer le tournage d'un long-métrage français avec Aline Bendahar. Rencontre avec un Marocain qui monte.
Entretien réalisé par Kawtar Firdaous
L'Observateur du Maroc et d'Afrique: Comment a commencé votre histoire avec le cinéma ?
Syan Luka : J'avais 4 ans, je venais d'arriver en France après avoir quitté le Sahara pour des raisons de santé. Je vivais dans une famille d'accueil qui avait une petite collection de cassettes vidéo. Je passais des heures devant ces cassettes, jusqu'à en mémoriser l'intégralité des répliques. Plus tard, un éducateur m'a emmené assister à une représentation du « Bourgeois Gentilhomme » à la Comédie Française. J'avais trouvé ce lieu formidable. Il y avait un monde qui naissait sous mes yeux, à la force d'une seule poignée d'acteurs ! Il a fallu du temps pour que ces graines de mon enfance germent et se transforment en une passion – puis en un projet professionnel. 10 ans plus tard, je m'inscrivais au cours d'art dramatique d'un célèbre pensionnaire de la comédie française.
Vos débuts ont été difficiles ?
Je m'étais préparé à l'idée que ce métier serait un marathon. J'avais décidé de me former à l'ancienne avec des méthodes traditionnelles. Il n'était pas question pour moi de me précipiter ou de rêver de succès éphémères. J'ai appris ce métier comme un artisan. J'ai été repéré pour le tournage d'une série alors que j'étais encore en cours d'art dramatique. J'ai rencontré mes 1ers obstacles après la diffusion de ce projet à la télé. Il y avait dés lors une vision, de la part de l'industrie, pour les rôles qui me correspondraient physiquement. Il m'a fallu être patient, apprendre à refuser et dessiner un chemin pour ma carrière.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir acteur ?
Je voulais rêver et jouer dans d'autres mondes ! J'ai survécu toute ma jeunesse grâce à une imagination débordante. Quand j'ai été placé en famille d'accueil, je m'amusais à rêver que j'étais le prince d'un royaume dans mon Sahara natal, que tout ça n'était qu'une épreuve pour tester mon courage et qu'un jour on viendrait me chercher pour y retourner. J'avais envie de jouer et de m'évader de ma condition. J'ai eu la chance par la suite qu'on m'apprenne ce qu'était ce métier. Je suis passé par l'apprentissage du répertoire classique. Je n'avais pas eu de culture littéraire et je n'avais aucune idée de la puissance et de la modernité d'auteurs tels que Racine, Molière ou Victor Hugo. J'y ai appris l'humilité nécessaire à ce métier, celle qui permet de se faire l'instrument de la mélodie d'un auteur. J'ai éprouvé le plaisir de m'effacer et de me mettre aux services d'œuvres. Il y a pour moi un plaisir très physique et organique à jouer, une sensation de grâce qui suspend le temps et les éléments lorsque je me retrouve sur le plateau.
Dans la série Guyane, vous campez le rôle d'un Brésilien. Comment avez-vous vécu l'expérience avec Jérôme
Cornuau ?
J'ai eu une belle rencontre avec Jérôme Cornuau ! On s'est rencontré autour d'un café. Il pensait à moi pour interpréter le rôle de Thiago, un Brésilien mystérieux et violent qui arrive en Guyane avec de nombreux secrets. On a échangé sur ce qu'il imaginait pour le personnage. Il m'a montré beaucoup de confiance.
J'ai une affection particulière pour les rôles tourmentés. La violence de mon personnage dans cette série résulte d'un paradis perdu – d'une trahison. J'aime explorer ces sujets, ils sont au cœur de la nature humaine : qui sommes-nous vraiment quand nous avons tout perdu, quand nos repères s'écroulent ? On a tourné cette série dans les conditions du réel. En Guyane, pendant 4 mois, durant la saison des pluies. C'est une série d'aventure qui s'attaque avec réalisme au fléau de l'orpaillage illégal. C'est un rôle en brésilien, une langue que j'affectionne et qui se prête très bien au rôle. Il y a dans le brésilien quelque chose qui peut être chaleureux et violent à la fois. J'aime cette liberté de pouvoir jouer en plusieurs langues. Changer de langue suffit à changer nos personnalités, chaque langue est porteuse d'une culture et d'une identité propre.
Comment préparez-vous vos rôles ?
Cela dépendre du rôle. Je commence par un travail à la table, comme on le fait au théâtre, pour isoler des éléments dans le scénario et dans mes recherches. Si je dois apprendre à manier des armes, un instrument ou des aptitudes particulières, je le fais le plus tôt possible. Je travaille ensuite du corps vers le texte, car j'ai besoin d'éprouver mon personnage physiquement. Il me faut trouver le souffle de mon personnage. Je travaille des propositions pour chaque scène, sans qu'elles ne me limitent ou qu'elles soient figées car je veux avant tout être dans une totale disponibilité sur le plateau.
Les acteurs que vous admirez ?
J'ai une grande admiration pour Denzel Washington, car c'est le héros de ma génération. Il symbolise l'acteur animal. Il est d'une grande liberté et spontanéité; j'admire aussi l'homme et le parcours. Nils Arestrup, Javier Bardem, Wagner Moura ou Carey Mulligan sont aussi des acteurs et actrices dont j'observe le travail avec beaucoup de respect et d'humilité.
Pourquoi avoir accepté de jouer dans la pièce de théâtre « J'appelle mes frères ?
Je connaissais le travail de J. H. Khemiri. C'est un auteur majeur en Suède qui a remporté un « Obie Award ». Il travaille souvent autour de la question d'identité des étrangers dans les sociétés occidentales et il fait partie des briseurs de dichotomies. Quand on m'a proposé d'interpréter le personnage principal d'Amor, j'ai dévoré le manuscrit d'une traite. Amor est un jeune suédois, né de l'immigration. Il vit dans une ville occidentale paisible, lorsqu'une voiture piégée explose. Les coupables ne sont pas arrêtés mais un portrait-robot est diffusé. Il est bouleversé par la nouvelle parce qu'il sait que le regard des gens sur lui, enfant de l'immigration, va changer. Observé ? Traqué ? Coupable ? C'est une lente plongée dans la paranoïa et la détresse d'un jeune en plein questionnement identitaire.
J'ai accepté ce rôle car je trouve cette pièce d'une urgence vitale. Il y a toute une jeunesse que l'on abandonne livrée à elle même face à ces questions. J'ai aimé le fait que la pièce fasse un pas de côté par rapport à ce qu'on pourrait attendre. Il n'est pas question de l'acte terroriste en lui même. C'est surtout l'opposition entre un « eux » mal défini qui va faire très peur et un « nous » trop soupçonneux. Il s'agit de la méfiance que l'on a les uns envers les autres et ce qu'elle entraine comme conséquences.
On va bientôt vous voir dans le film d'Aline Bendahar. Qu'est-ce qui vous a motivé pour votre rôle ?
J'interprète le rôle de Souleyman, un jeune homme solitaire après une série d'évènements difficiles. Il rencontre alors Céleste, une jeune femme qui va devenir sa compagne d'infortune et qui va le métamorphoser. Lorsque j'ai rencontré A. Bendahar, elle avait une vision précise pour le personnage principal et voulait donner une place importante au silence et aux non-dits. J'ai été attiré par ce projet car il avait une dimension brute. Il illustre la complexité des relations entres les Hommes lorsque la souffrance brûle toujours.
Vous êtes originaire de Zagora. Envisagez-vous de tourner à l'avenir des films au Maroc ?
Je regarde avec beaucoup d'intérêt le travail des acteurs et des réalisateurs marocains. Je pense que le Maroc est une terre qui regorge d'histoires qu'il faut raconter. D'ailleurs, je trouve intéressant de voir que contrairement à la plupart des autres pays, le Maroc a la particularité d'avoir chaque année les premières places du box office occupées par des films marocains, qui battent tout les films américains en termes d'audience. C'est le signe que le Maroc, dans une période de transition, de questionnement et de dialogue, a besoin plus que jamais de l'élan culturel de tous ses porteurs d'idées et de messages. Je regarde avec attention le parcours de réalisateurs tels que : Aziz Tazi, Maryam Touzani et de grands talents en devenir comme Sofia Alaoui.
Est-ce que le fait d'être typé vous confine à certains rôles ?
Ce n'est pas uniquement un souci dans le cinéma. C'est le cas dans le quotidien et certains l'expérimentent bien plus que moi. J'estime que la seule chose qui devrait typer un acteur pour un rôle, c'est la langue dans laquelle il s'exprime. Un acteur français, de quelques origines qu'il soit, doit pouvoir interpréter un avocat ou un médecin. Je trouve qu'il y a danger quand des cinéastes pensent le contraire.
Quels sont les projets qui vous attirent le plus et pourquoi ?
Je suis attiré par les projets à dimension humaine où le réalisateur porte la création du film à chaque étape de son développement. J'aime me sentir uni avec une famille derrière la nécessité de construire un film. Je crois dans les aventures collectives, elles stimulent chez moi un surplus d'engagement.
Vous travaillez sur un roman que vous comptez sortir cette année. De quoi s'agit-il ?
C'est un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps. Il s'agit de l'épopée d'un enfant vers le bonheur. Un appel à la résilience, une quête de soi malgré tous les obstacles Θ


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