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Interview avec l'Ambassadeur du Sénégal au Maroc : les dessous de l'initiative sénégalaise à Dakhla
Publié dans L'opinion le 13 - 04 - 2021

Après l'ouverture du consulat du Sénégal à Dakhla, Rabat et Dakar veulent passer à la vitesse supérieure dans leurs relations bilatérales. Coopération économique, formation, immigration, G5 Sahel, CEDEAO, et nouveaux accords signés, l'Ambassadeur du Sénégal nous livre les non-dits d'une coopération jugée exemplaire.
-Le Sénégal a décidé d'ouvrir un consulat à Dakhla, faisant partie des pays ayant ouvert des représentations consulaires dans les provinces du Sud, quelle importance revêt ce geste pour votre pays ?
- L'ouverture d'un consulat à Dakhla s'inscrit en droite ligne avec l'esprit de fraternité et de solidarité qui réunit notre république avec le Royaume Chérifien. En effet, ce n'est pas une première puisqu'il s'agit de la deuxième représentation consulaire du Sénégal dans le Sud du Maroc. Je vous rappelle qu'il existe déjà un consulat honoraire à Laâyoune qui a été inauguré en novembre 2008, bien avant tous les autres pays qui ont décidé d'ouvrir leurs consulats au Sahara. Donc, on peut dire que le Sénégal a été un pionnier dans ce processus international de reconnaissance de la marocanité du Sahara, puisqu'il a poussé les autres pays à faire de même.
- Quelles sont les raisons derrière cette décision, sachant que la ministre sénégalaise des Affaires étrangères a indiqué que le nouveau consulat est destiné à soulager le consul de Casablanca ?
- Je peux vous en citer trois principales raisons dont la première est d'ordre technique. Nous avions voulu élargir notre représentation diplomatique et consulaire dans les provinces du Sud pour accompagner la communauté sénégalaise qui y vit. Selon les chiffres dont nous disposons, près de 5000 ressortissants sénégalais sont établis dans la région de Dakhla, le nouveau consulat a pour vocation de s'occuper d'eux, en collaboration avec les consuls de Laâyoune, où résident 4000 Sénégalais. Ceci dit, il fallait absolument renforcer notre représentation consulaire pour mieux gérer leurs affaires d'autant que de nombreux Sénégalais qui vivent en Europe empruntent le passage d'El Guerguerat qui se situe dans la région de Dakhla pour rentrer au Sénégal.
La deuxième raison est d'ordre économique et commercial, nous pensons que la région de Dakhla présente d'innombrables enjeux et opportunités à saisir dans plusieurs secteurs, à savoir le tourisme, la pêche et la formation professionnelle pour la communauté sénégalaise. Outre cela, l'ouverture d'un consulat à Dakhla est d'une importance politico-diplomatique. Le Sénégal s'est toujours rangé résolument au côté du Maroc en ce qui concerne l'affaire du Sahara, en soutenant ouvertement et sans réserve l'intégrité territoriale du Royaume, et le nouveau consulat en est l'expression claire et ferme.
- En quoi le nouveau consulat va soulager celui de Casablanca ?
- Comme vous savez, le consul général de Casablanca était chargé de tout le territoire marocain avant l'ouverture du consulat de Dakhla. Le besoin d'un nouveau consulat a été ressenti durant la période de la pandémie. La majeure partie du travail du consulat de Casablanca concernait la région du Sud du Maroc, le consulat devait s'occuper du rapatriement des Sénégalais bloqués au Maroc ou ceux qui voulaient rentrer à cause de la crise économique due au Covid-19. Je vous rappelle que ces derniers sont restés coincés à la frontière pendant trois mois dans des conditions très difficiles. C'est grâce au concours des autorités marocaines qu'on a pu les évacuer à travers la frontière avec la Mauritanie. Donc, s'il y a avait un consulat à Dakhla à ce temps-là, leur retour aurait pu être moins pénible et plus organisé.
- Concernant les accords qui ont été signés en marge de l'ouverture du consulat, force est de constater que l'aspect de la formation est prédominant. Pensez-vous que le Maroc et le Sénégal parient sur ce point comme axe majeur de leur coopération bilatérale ?
- Effectivement, nous le pensons sérieusement. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays sont conscients de l'importance de la formation professionnelle pour améliorer le sort des migrants d'origine subsaharienne au Maroc, y compris les Sénégalais, aussi bien ceux de transit que les résidents, dont une grande partie n'ont pas de métier. Le Maroc pourrait jouer un rôle majeur dans la formation de ces personnes pour qu'elles puissent retourner dans leurs pays avec une promotion sociale grâce à une qualification professionnelle.
- On dit qu'il existe beaucoup de travailleurs sénégalais dans la région du Sahara, est-ce que c'est vrai et quel serait leur nombre ?
- Oui, tout à fait, ils sont presque 9000 personnes qui travaillent dans les régions de Laâyoune et Dakhla. 5000 y sont actuellement résidents. Certains d'entre eux travaillent dans l'informel, tandis que d'autres sont des ouvriers dans des usines de pêche, dont de nombreuses femmes.
- A ce sujet, le traité de Dakar de 1965 reconnaît les mêmes droits pour les Marocains et les Sénégalais en matière d'accès à l'emploi sur le sol marocain et vice versa. Existe-t-il une coopération particulière entre les deux gouvernements pour assurer cela sur le terrain ?
- Oui, je rappelle que cet accord a eu lieu grâce à l'entente entre les chefs d'Etat des deux pays de l'époque, à savoir le président Léopold Sédar Senghor et le Roi Hassan II. Le traité auquel vous faites allusion confère les mêmes droits pour les Marocains établis au Sénégal qu'aux Sénégalais établis au Maroc. Les deux gouvernements sont en contact permanent et travaillent constamment pour faire respecter les engagements contenus dans ce traité. Cet accord régit de façon globale les relations bilatérales entre nos deux pays, et les différents partenariats qui y peuvent s'établir. Dans ce sens, je tiens à préciser que notre réseau consulaire au Maroc a pour mission d'attirer les investisseurs marocains et de les accompagner dans leur installation au Sénégal. Les entreprises marocaines sont traitées de la même façon que leurs homologues sénégalaises et jouissent des mêmes droits à tous les niveaux (droit de travail, accès aux marchés, investissements, etc.)
- Selon votre expérience, quels sont les problèmes que rencontrent la communauté sénégalaise au Maroc en matière d'intégration et d'accès à l'emploi, surtout durant cette période de pandémie ?
- En effet, ce domaine reste réservé aux autorités consulaires. Je peux vous dire que beaucoup de Sénégalais résidents au Maroc ont pu réussir leur carrière dans plusieurs domaines, notamment ceux du journalisme et de la médecine. Pour autant, nombreux sont ceux qui travaillent dans le secteur informel. Pour notre part, nous essayons d'accompagner ces derniers dans leur parcours et résoudre leurs problèmes, et ce, en collaboration avec plusieurs associations.
- Le blocage du passage d'El Guerguerat a eu des conséquences économiques fâcheuses pour plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, à quel point a-t-il été préjudiciable pour le marché sénégalais ?
- Evidemment, la fermeture de ce passage frontalier pendant quelque temps a porté préjudice à notre pays, et nous peinons à comprendre qu'elles étaient les raisons derrières cet acte de blocage qui a d'ailleurs beaucoup nui à l'image et la à crédibilité de ses auteurs. Le blocage a manifestement réduit de manière drastique l'approvisionnement de notre marché intérieur de produits agricoles tels que les légumes et les viandes qui viennent en grande partie du Maroc. C'était pareil pour les autres pays voisins qui ont souffert de pénuries pendant cette période, chose qui n'a guère été appréciée des populations, y compris la nôtre. J'ajoute que l'incident d'El Guerguerat a entravé visiblement la circulation des personnes, dont des centaines de Sénégalais sont restés bloqués à la frontière, attendant plusieurs semaines pour pouvoir rentrer dans leur pays. Ceci n'a pu qu'être perçu négativement par notre peuple.
- En parlant du conflit du Sahara, entrevoyez-vous une issue possible au conflit dans ces conditions ?
- Nous pensons que tout règlement du conflit du Sahara doit aller dans le sens de la sauvegarde de l'intégrité territoriale du Maroc - et rien d'autre - et de l'apaisement de la situation sur le terrain. Le dialogue ne doit pas laisser place aux armes et aux positions extrémistes. La position du Sénégal sur la question du Sahara est stable, lucide et immuable, nous soutenons la marocanité du Sahara, nous l'exprimons pourtant sans agressivité et appelons constamment à la reprise du dialogue entre les parties concernées, dans l'esprit qui a prévalu lors du processus des tables rondes, mené par l'ex-envoyé personnel du SG Général des Nations Unies Horst Köhler. Cela dit, le dialogue demeure indispensable pour aboutir à une solution qui prend compte de la réalité du terrain, avec une recherche assidue du compromis.
- Restons dans la question du Sahara, l'Algérie, secondée par le Kenya et l'Afrique du Sud, a tenté d'impliquer de nouveau l'Union Africaine dans le dossier, lors du dernier Sommet du Conseil de Paix et de Sécurité par une manœuvre jugée déloyale. Comment le Sénégal a réagi à cette tentative ?
- Pour être bref et concis, le Sénégal estime que seule l'Organisation des Nations Unies peut intervenir dans la résolution du conflit du Sahara, puisqu'elle en a la compétence exclusive. Et j'en reste là.
- En ce qui concerne la région du Sahel qui est secouée actuellement par le péril terroriste, le président français Emmanuel Macon a annoncé que le Maroc pourrait prendre part à la coalition du G5 Sahel et participer à des opérations militaires, le Sénégal serait disposé à y participer aux côtés du Maroc dans le cadre d'un accord commun ?
Comme vous savez, le Sénégal n'est pas membre du G5-Sahel, il a été invité seulement à titre d'observateur lors du récent Sommet qui s'est tenu au Tchad. Notre pays reste solidaire des autres pays de la coalition, en contribuant à hauteur d'un milliard de Franc CFA à son budget. Tous les pays de la région, dont le nôtre, ne peuvent s'estimer à l'abri de la menace terroriste. L'expertise du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme pourrait s'avérer d'une utilité précieuse. Quoique je ne dispose pas d'informations précises, je puis vous confier qu'une coopération militaire ou qu'un engagement commun au Sahel reste une idée envisageable et souhaitable. Par ailleurs, nos deux pays sont en étroite coopération dans la prévention du terrorisme grâce à la formation des imams et la promotion des valeurs de modération religieuse.
- L'opération Barkhane menée par la France est constamment remise en question en Afrique, qu'en pensez-vous ?
- Nous pensons qu'il est temps que les Africains prennent en charge eux-mêmes leur sécurité, cela n'empêche pas qu'il y ait des partenariats avec des pays tiers.
- Le Maroc n'a pas encore pu adhérer à la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest après trois ans du dépôt de sa candidature, pourquoi ce retard ?
- Comme il est connu de tout le monde, le Maroc a obtenu un accord de principe de tous les Etats membres de la CEDEAO. Ces derniers ont demandé pourtant un temps supplémentaire pour examiner tous les aspects liés à l'adhésion du Royaume. Une étude d'impact a été demandée à cet effet, et tout le monde attend ses conclusions. De son côté, le Sénégal a d'ores et déjà donné son aval. Nous pensons que l'arrivée du Maroc doit être suffisamment préparée pour déboucher sur un partenariat réciproquement bénéfique. En attendant, les milieux d'affaires de tous les pays de la communauté doivent se préparer à leur tour.
Portrait
Ibrahim Al Khalil Seck : la voix de Dakar à Rabat
Juriste de formation, Ibrahim Al Khalil Seck a été nommé ambassadeur du Sénégal au Maroc en 2018, après une carrière diplomatique prolifique, où il a gravi les échelons de la diplomatie sénégalaise. Diplômé en droit à l'Université Gaston Berger du Sénégal, il a intégré la section diplomatie de l'Ecole nationale d'administration du Sénégal, avant d'entamer son parcours comme Premier conseiller à l'ambassade de son pays à Londres. Ensuite, il a occupé plusieurs postes importants au ministère des Affaires étrangères au Sénégal, il a été Directeur des Affaires juridiques, avant d'être désigné secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères. Son affectation au Maroc a été précédée par la représentation de son pays au Koweït pendant une courte durée.


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