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ALE Maroc - Etats-Unis : Le business à l'épreuve de l'ouragan Trump [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 09 - 04 - 2025

Donald Trump frappe un grand coup en imposant des droits de douane à tous les pays, sans distinction. Le Maroc, pourtant lié aux Etats-Unis par un accord de libre-échange, n'échappe pas à cette mesure. Ses produits seront taxés à hauteur de 10%. Une décision qui pourrait rebattre les cartes des relations commerciales.
Un acte qualifié de véritable "big bang" pour l'économie mondiale. Le mercredi 2 avril, le président américain Donald Trump a annoncé l'instauration de droits de douane sur l'ensemble des pays du globe. Donald Trump a instauré un tarif douanier universel, applicable à tous les pays, indexé sur le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de chacun de ces pays.

Partant d'un tarif douanier universel de 10%, ce taux peut grimper jusqu'à 50%, voire davantage dans le cas de mesures de réciprocité prises par certains pays, à l'instar de la Chine. La méthode de calcul adoptée par l'Administration américaine consiste à diviser le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis d'un pays par le volume des importations américaines en provenance de ce même pays, puis à multiplier le résultat par 100 pour obtenir un pourcentage.

Cette approche, d'une simplicité confondante, ne distingue ni alliés ni adversaires. Son seul objectif : rééquilibrer le commerce extérieur des Etats-Unis, dont le déficit commercial a frôlé les 920 milliards de dollars en 2024, en hausse de plus de 17% sur un an (+133 milliards de dollars), selon les données du département du Commerce américain. Pour le locataire de la Maison Blanche, cette méthode brutale est la seule manière de ramener des investissements et créer des emplois dans le pays.

Le Maroc épargné

Avec cette mesure, même les pays liés aux Etats-Unis par un accord de libre-échange (ALE), et donc théoriquement exemptés de droits de douane sur l'ensemble de leurs exportations, n'en sont pas sortis indemnes. C'est le cas du Maroc, seul pays africain à avoir signé un tel accord avec Washington, entré en vigueur en 2006.

Le Royaume s'en sort néanmoins mieux que ses voisins, ses produits étant soumis au tarif plancher de 10%, tandis que l'Algérie a écopé de droits de 30%, la Tunisie de 28% et la Libye de 31%. Si les excellentes relations diplomatiques et commerciales ont sans doute pesé dans la balance, le taux de 10% accordé au Maroc relève avant tout de l'arithmétique trumpienne appliquée aux déficits commerciaux.

En effet, l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis est largement favorable à ces derniers. Le déficit commercial du Royaume était de 31,4 milliards de dirhams en 2024, contre 47,6 milliards en 2023. Par ailleurs, en dehors des engrais phosphatés, objets d'une procédure engagée depuis 2021 par le département du Commerce des Etats-Unis, aucun produit marocain n'entre en concurrence directe avec les industries locales sur le marché américain. En retour, aucun produit américain n'est soumis à des mesures protectionnistes au Maroc.

Cela a sans doute convaincu les autorités américaines de ne pas engager de bras de fer direct avec le Maroc, contrairement, par exemple, à l'Algérie, à laquelle elles reprochent les restrictions imposées sur les médicaments génériques et les dispositifs médicaux, considérées comme des obstacles majeurs pour les exportateurs américains. Les principaux produits d'exportation du Maroc vers les Etats-Unis sont les composants automobiles (pour des constructeurs comme Ford), le textile, l'agroalimentaire et les produits de la mer.


Vers une renégociation ?

Toutefois, "du point de vue américain, certains obstacles non tarifaires persistent, notamment les procédures douanières complexes, le manque de clarté réglementaire, les restrictions sur les paiements anticipés, ainsi que des préoccupations liées à la protection de la propriété intellectuelle ou aux normes sanitaires", nous explique Lahcen Haddad, Conseiller istiqlalien et expert international en études stratégiques.

Cela ouvrira-t-il la voie à une renégociation des termes de l'ALE, voire à un retrait pur et simple de l'un des deux signataires ? Pour l'instant, ni Rabat ni Washington n'ont exprimé une telle volonté, et les deux capitales se félicitent régulièrement des retombées commerciales qui ont permis ce rapprochement.

"Toute demande de libéralisation supplémentaire de la part des Etats-Unis devrait s'inscrire dans une logique de dialogue constructif, respectueuse des priorités marocaines. Le Comité conjoint reste l'espace approprié pour résoudre ces différends tout en préservant l'équilibre du partenariat", poursuit Lahcen Haddad.


Temps d'incertitude

Même si l'ALE a boosté les échanges commerciaux entre les deux pays, passant de 1,3 milliard de dollars en 2006 à 5,5 milliards de dollars en 2023, soit une multiplication par plus de 4 en dix-sept ans, les Etats-Unis restent marginaux dans l'ensemble du commerce extérieur marocain. En effet, ils ne représentent pas plus de 3,3% des exportations marocaines et 7,4% de ses importations.

Contrairement à d'autres pays, le Royaume reste relativement à l'abri des répercussions directes des nouveaux droits de douane imposés par Trump. Toutefois, à un niveau plus global, l'onde de choc déclenchée par cette escalade vers une guerre commerciale mondiale pourrait bien finir par affecter son économie.

Effectivement, l'économie nationale est résolument tournée vers l'extérieur, avec des secteurs orientés vers l'exportation et intégrés dans les chaînes de valeur mondiales, à l'image de l'automobile, de l'aéronautique ou encore de l'électronique. Que ses principaux partenaires commerciaux, au premier rang desquels l'Union Européenne, choisissent eux aussi de se barricader serait lourd de conséquences pour notre économie.

De plus, selon plusieurs observateurs, cette action brutale de Trump risque de plonger l'économie mondiale en récession, les chutes des principales Bourses internationales et l'effondrement du cours du baril de pétrole en étant les premiers signes annonciateurs. Cela se traduirait par une contraction des marchés d'exportation des produits marocains, entraînant un recul des ventes et un affaiblissement des recettes en devises.

Dans ce climat d'incertitude, les investissements directs étrangers (IDE) pourraient aussi marquer le pas, les investisseurs étrangers adoptant une posture attentiste ou réorientant leurs capitaux vers d'autres zones. Une telle évolution risquerait de freiner la dynamique de croissance et de compromettre les perspectives de création d'emplois.


3 questions à Lahcen Haddad : « Le Comité conjoint maroco-américain reste l'espace approprié pour résoudre ces différends »
* Comment peut-on évaluer l'ALE Maroc-US au lendemain de la nouvelle grille douanière imposée par l'Administration Trump ?

- L'Accord de libre-échange entre les Etats-Unis et le Maroc (USMFTA) a considérablement renforcé les liens économiques entre les deux pays depuis son entrée en vigueur en 2006. L'élimination des droits de douane sur la majorité des produits, notamment dans des secteurs clés pour les exportations américaines comme la machinerie, les technologies de l'information ou les textiles, a permis une ouverture mutuellement bénéfique des marchés. Du point de vue américain, toutefois, certains obstacles non tarifaires persistent, notamment les procédures douanières complexes, le manque de clarté réglementaire, les restrictions sur les paiements anticipés, ainsi que des préoccupations liées à la protection de la propriété intellectuelle ou aux normes sanitaires. Bien que ces critiques soient compréhensibles dans une optique de facilitation des affaires, elles ne doivent pas faire oublier les acquis importants de l'accord en matière de commerce et d'investissement bilatéraux.


* Le Maroc a donc lui aussi adapté l'ALE à ses besoins locaux ?

- En effet, du côté marocain, plusieurs de ces «barrières» relèvent en réalité de choix stratégiques légitimes, dont la protection de la santé publique (dans le cadre des mesures sanitaires), la préservation des réserves en devises (à travers les plafonds de prépaiement), ou encore l'alignement avec des normes environnementales internationales (comme les normes Euro 6 pour les véhicules). Le Maroc a d'ailleurs démontré une volonté constante de mise en œuvre de l'accord, tout en tenant compte des réalités nationales, de ses objectifs de développement et de ses engagements régionaux.


* Quelles sont donc les conditions pour reconfigurer l'accord ?

- Toute demande de libéralisation supplémentaire de la part des Etats-Unis devrait donc s'inscrire dans une logique de dialogue constructif, respectueuse des priorités marocaines. Le Comité conjoint reste l'espace approprié pour résoudre ces différends tout en préservant l'équilibre du partenariat.


Diplomatie : Bourita à Washington
Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, était attendu mardi à Washington par le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, dans le cadre du dialogue stratégique entre le Maroc et les Etats-Unis. Cette rencontre, qui se tiendra au Département d'Etat illustre la solidité du partenariat entre les deux pays, renforcé depuis la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020, sous l'Administration Trump. Cette décision avait marqué un tournant dans les relations bilatérales, notamment avec l'annonce de l'ouverture d'un consulat américain à Dakhla. Depuis, la coopération s'est élargie à des domaines stratégiques tels que la sécurité, l'économie et l'énergie. La réunion se déroulera en partie à huis clos, avec un court segment initial ouvert à la presse. Lisa Kenna, haute responsable des affaires politiques, y participera également. Bien que les détails des discussions n'aient pas été dévoilés, il est probable que des sujets clés comme la lutte contre le terrorisme au Sahel, la stabilité en Méditerranée occidentale et la coopération économique soient abordés. Aucun autre engagement public de Nasser Bourita n'a été annoncé à ce jour. Toutefois, cette visite demeure une étape diplomatique importante dans un contexte géopolitique régional exigeant une coordination renforcée entre Rabat et Washington.
Commerce bilatéral : Impact relativement marginal
Depuis 2010, le Maroc enregistre un déficit commercial annuel d'au moins 10 milliards de dirhams (MMDH) vis-à-vis des EtatsUnis. Ce déficit a atteint un record de 40,4 MMDH en 2022, puis 47,6 MMDH en 2023, avant de se réduire à 31,4 MMDH en 2024. Du côté des exportations marocaines vers les Etats-Unis, une nette progression a été observée après une période de stagnation. Cette dynamique a été amorcée suite à la mise en œuvre de l'accord de libre-échange signé en 2005 et entré en vigueur le 1er janvier 2006. Depuis, la valeur des exportations marocaines vers le marché américain est passée de 2,5 MMDH à 18,9 MMDH à fin 2024, soit une hausse de plus de 656 %. Entre 2022 et 2024, les exportations se sont élevées à 14,4 MMDH, 12,7 MMDH et 18,9 MMDH respectivement, représentant 3,4 % des exportations totales en 2022, 3 % en 2023, puis 4,2 % en 2024. Ainsi, l'application d'un droit de douane de 10 % sur seulement 3 % à 4 % des exportations globales du Maroc reste relativement marginale. Un tel impact aurait été bien plus significatif si le marché américain représentait, par exemple, entre 20 % et 25 % des exportations nationales.


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