Les Ivoiriens viennent de prouver à la face du monde qu'ils sont capables du pire comme du meilleur. Heureusement, le pire est derrière nous après les multiples crises militaro-politiques qui ont secoué ce pays d'Afrique de l'Ouest, jadis considéré comme la petite Suisse du continent. C'était le temps de feu Félix Houphouët Boigny, père fondateur de la nation ivoirienne. Aujourd'hui, avec la réélection d'Alassane Ouattara à la magistrature suprême de l'Etat, pour un second mandat de cinq ans, les Ivoiriens viennent de poser un acteur majeur dans la consolidation de la démocratie dans leur pays mais aussi un pas de géant pour la réconciliation. Il s'agit là d'un chantier que le président réélu est appelé à parachever d'ici la fin de son quinquennat. Pour mener la réconciliation, à son terme, il incombe au gouvernement ivoirien de travailler à réunir tous les agrégats nécessaires à la reconstruction et à la consolidation de l'unité nationale. Certes, après la prestation de serment, le président Ouattara s'est dit disposé à continuer à tendre la main. Il appelle les autres à faire autant. Toutefois, ADO doit savoir que la réconciliation nationale, abstraction faite de l'instrumentalisation politico-médiatique au cœur de laquelle elle s'est souvent retrouvée, relève de la responsabilité exclusive de l'Etat ivoirien. C'est à lui donc de créer les conditions qui rassurent tout le monde. Sans nécessairement se départir du principe de précaution, l'Etat ivoirien doit pouvoir créer un environnement moins restreignant à ceux qui ne partagent pas la vision et l'approche du régime en place. Sans oublier que l'impunité étant source potentielle de frustrations, on ne peut envisager une perspective de réconciliation réussie, si la proximité avec Alassane Ouattara suffit pour être à l'abri de la justice. Autrement, nul besoin de dire que la justice à deux vitesses ne saurait être facteur d'une vraie réconciliation. Sans aucun doute, ADO en a conscience et fera de la réconciliation sa première préoccupation pour ne pas dire son cheval de bataille et tout semble indiquer que la classe politique ivoirienne est unanime sur cette question. Les prémices de ce deal est la présence, dans une atmosphère détendue, des candidats ayant perdu lors du scrutin du 25 octobre, à la cérémonie de prestation de serment du président réélu. Cet esprit républicain fait naître une nouvelle Côte d'Ivoire, celle de la paix et de l'entente. Ces derniers (opposants) ont même félicité, quelques jours auparavant, ADO pour sa victoire éclatante. Une scène inimaginable il y a encore dix ans en Côte d'Ivoire. Un comportement républicain que Pascal Affi N'guessan du FPI (Front populaire ivoirien) et les autres ont su démontrer. On ose désormais croire que le pays ouvre la page d'une démocratie nouvelle qui passe absolument par l'acceptation du verdict des urnes. Une élection sans morts, cela est réalisable. Les Ivoiriens l'ont démontré. C'est une victoire pour l'ensemble des candidats et c'est la Côte d'Ivoire qui a gagné. Enfin, leur présence devrait aiguillonner l'ensemble des Ivoiriens à surtout comprendre que la politique peut se faire autrement. Que l'adversité politique ne rime pas avec la discorde absolue. Il faut faire en sorte que cette noble attitude de l'opposition marque la naissance du ciment psychologique d'une nouvelle Côte d'Ivoire dans les consciences. Car après une élection, il y a une vie. Un bel exemple d'esprit républicain qui devrait inspirer les autres politiques de la sous région.