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La Tunisie: la fuite [contre] le mur
Publié dans Maroc Diplomatique le 30 - 08 - 2022

La Tunisie? C'était prévisible. C'était prémédité. C'était 'Après moi le déluge !' La Tunisie avait-elle le choix de la dernière minute pour ne pas commettre l'impair? Sans doute. Pour une bouchée de pain, croirait-on ? Bien sûr. Mais pas seulement. Faut-il se sentir poignardé ? Evidemment. Faut-il s'en faire à court et moyen terme ? Pas du tout. Les premiers signaux avaient été détectés des mois déjà (K .F. Sadni, 'Tunisie : de l'ambivalence a l'incohérence diplomatique', M.D du 5 /11/2021). Or, contrairement aux réactions alarmistes puisant dans le sensationnel, comme matière à broder, je me permettrais de présenter une lecture que j'estime plus sereine, plus réaliste et plus rassurante.
Cette lecture se réfère à des précédents historiques, à des constructions théoriques et à des réalités résultant de la nouvelle géopolitique régionale. Elle va plus loin et interpelle également les élites intellectuelles et les activistes de la société civile sur la question, plus globale, de leurs allégeances transnationales, leurs convictions idéologiques et doctrinales et leurs choix politiques quand elles sont au pouvoir ou dans l'opposition légale ou interdite.
Lire aussi: L'acte hostile du président tunisien porte la responsabilité de la rencontre "ratée" de la TICAD (président de l'OEG)
Les précédents historiques reposent sur le postulat de l'existence par moments d'axes géopolitiques régionaux. Vite en besogne, des analystes avancent l'échafaudage ou l'existence en sourdine d'un axe Paris-Alger-Tunis. Ils en ont pour preuve des actes jugés flagrants commis épistolairement et alternativement depuis deux ans au moins par l'un des pays ou l'autre contre le Maroc.
Des actes alliant ciblage des acquis réalisés par ce pays pour les battre en brèche ou tenter de les détruire. Les acteurs ne s'émeuvent guère de s'attaquer aux symboles de l'Etat marocain soit directement soit par agents interposés sous prétexte de liberté d'expression ou de bonne guerre.
D'autres, plus réalistes, s'en réfèrent aux études faites aussi bien en Allemagne, en Espagne qu'en France mettant en garde contre l'acheminement du Maroc vers le changement des règles de jeu stratégique en Afrique et en Méditerranée.
Certains planificateurs politiques ont même demandé à ce que l'erreur commise dans le passé par les Européens permettant à la Turquie de s'affranchir relativement de la tutelle occidentale ne soit pas répétée avec le Maroc. Le Maroc, prétendait-on avancerait plus vite que la Tunisie et l'Algérie. Il faut lui mettre les bâtons dans les roues.
Toujours dans la même perception des politiques d'axes, certains avancent l'existence ou l'échafaudage d'un axe englobant l'Algérie, la Tunisie, l'Iran avec un regard bienveillant ou calculateur de la Turquie. Une indifférence dans le cadre de la redistribution des cartes en Méditerranée orientale et au Moyen Orient.
La question que se posent d'autres est de savoir si la Mauritanie était forcée à embarquer dans ce jeu pour se joindre à l'un ou l'autre des axes précité (ou aux deux à la fois). La Mauritanie l'avait fait en 1983. Ils en ont pour preuve qu'à la veille de la TICAD 8 (Tokyo International Conference on Development) à Tunis (27-28/8/2022), et concomitant à la visite du président français en Algérie, des vidéos et informations contradictoires ont circulé prétextant que le Maroc aurait dépêché des forces armées dans la ville de Lagouira (pourtant marocaine) pour narguer la Mauritanie.
L'information biaisée visait de semer le doute dans les esprits des décideurs mauritaniens (du moins ceux qui demandent que Nouakchott garde ses distances par rapport au bras de fer entre le Maroc et l'Algérie et s'en tienne à l'arrangement sécuritaire autour de Lagouira).
Le même raisonnement s'appliquerait à la Libye, dont certaines mouvances au pouvoir auraient donné le gage à l'Algérie de ne pas revoir la position de Tripoli sur la question du Sahara marocain contre un soutien politique et même sécuritaire futur si le gouvernement -toujours en place- sortait vainqueur du bras de fer qui fait actuellement rage en Libye.
Des axes mortuaires
A ces analyses sur l'impact des politiques d'axes, je répondrais que les conditions qui avaient, dans le passé, favorisé la constitution d'alliances régionales de courte durée, ne sont pas réunies dans l'état actuel des choses (K.F. Sadni: La politique d'axes réinventée, réalité ou clause de style ?' M.D du 24 mai 2021). Car, à l'époque, l'équilibre de puissance entre les partenaires était très relatif et les acteurs mineurs de l'axe disposaient d'une certaine marge de manœuvre. Le chef d'orchestre de l'axe politique pouvait impacter en toute circonstance sur une position diplomatique ponctuelle, mais jamais sur les choix globaux en politique étrangère, qui affectent les intérêts vitaux d'acteurs extrarégionaux.
Qu'en est-il de l'axe supposé en gestation entre Paris-Alger-Tunis ? Rien de moins sûr, car cet axe ressemblerait à « un protectorat rénové » pour jouer sur l'appellation nouvellement confectionnée de « partenariat rénové » clamé tambour battant à Alger, depuis la visite du chef de l'Etat français.
Protectorat rénové ? Scénario Un : Pourquoi pas, dans la mesure où Paris, qui traverse une période d'essoufflement géopolitique, dont en témoignent sa politique européenne et ses relations en dents de scie à la fois avec la Russie et les Etats-Unis, pourrait y voir un argument de marchandage contre les autres intervenants européens, notamment l'Espagne et l'Allemagne –et dans certaines mesure, contre la Russie et la Turquie.
Protectorat rénové ? Scénario Deux : Pas du tout, dans la mesure où les deux pays de l'axe tripartite (l'Algérie et la Tunisie) se partagent les caractéristiques actuelles suivantes : Premièrement, sans être complètement des « Etats faillis », elles traversent une situation économique et financière difficile qui pourrait les conduire vers une banqueroute programmée.
Deuxièmement, ces derniers mois, les deux pays ont fait preuve d'un mépris total des règles démocratiques standards en matière de transition politique (même si on doute bien que le non-respect de la démocratie soit présentement le dernier souci des démocraties occidentales). Mais, le non-respect traduit en fait une nervosité politico-sécuritaire devant des lendemains (existentiellement parlant) obscurs.
Troisièmement, depuis peu, les deux pays manquent de crédibilité en matière de politique étrangère. Tout d'abord, l'Algérie qui ne renouvelle pas le gazoduc Maghreb-Europe pour pénaliser le Maroc –elle pénalise plus tôt l'Europe. Elle patauge en se livrant au cirque de rappel de ses ambassadeurs en France et en Espagne sans aller jusqu'au bout de l'exercice. Elle ne respecte pas ses engagements justement à l'égard de la France sur la question de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne et le Mali. Elle autorise la présence d'éléments de Wagner russe (dont elle payerait les salaires) et les gardiens de la révolution iranienne dans le même espace. Elle adopte une position louche dans la crise entre la Russie et l'Ukraine, et sème le doute sur ses véritables intentions en matière d'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel, en cas de rupture de livraison de gaz par la Russie. Elle fait des promesses en la matière alors que la capacité de production de ses champs gaziers serait saturée et que les infrastructures risqueraient d'imploser.
Ensuite, la Tunisie, dont la transition politique fait grincer des dents (c'est de la politique intérieure ! soit) qui sème, elle aussi, le doute sur les chances de la stabilité régionale. La Tunisie rejoint l'Algérie en termes de violation des principes et arrangements diplomatiques. Elle le fait de manière criarde en accueillant le chef du Polisario au mépris des règles qui ont toujours présidé et encadré la TIGAD.
Si la France voyait en ces deux pays « des partenaires crédibles par et dans la rénovation », bon vent à tous.
Qu'en est-il de l'axe Algérie-Tunisie-Iran? La présence iranienne proportionnelle dans les deux pays est connue de tout le monde. Elle l'est aussi de manière encore timide en Mauritanie. Et probablement à l'avenir, elle le serait massivement en Libye. Si l'Algérie pouvait s'accommoder de l'activisme des gardiens de la révolution islamique pour, entre autres, indisposer le Maroc et certains intérêts occidentaux, elle serait au contraire bien édifiée de ne pas permettre à Téhéran d'installer ses bases dans le pays.
Si les informations sur l'existence d'une certaine forme de base des gardiens de la révolution islamique à Tindouf pour encadrer (directement et pas seulement par agents de Hezbullah interposé) les milices du Polisario étaient avérées, cela signifierait que l'Algérie passerait de l'état d'un pays en faillite programmée à un Etat failli dans la mesure où sur son territoire, il y aurait un 'Etat no mans land contrôlé par le Polisario' qui serait alors, dans le même cheminement de Hezbullah au Liban, vassalisé à l'Iran. Ensuite, considérant la gourmandise de l'Iran, et la fragilité du système allant croissante, toute l'Algérie serait convoitée.
Si bien que l'éventualité d'un axe Algérie-Tunisie-Iran ne semblerait pas crédible et en tout cas, théoriquement et effectivement viable. Preuve en est que l'Iran des années 1990-2000 fait partie de l'histoire. Si Téhéran sortait réconforté de la signature d'un éventuel nouvel accord nucléaire et la levée des sanctions économiques, il serait toujours observé à la loupe.
La main-libre qui avait été laissée à l'Iran, au lendemain de la guerre irano-irakienne (1980-1988), était destinée à affaiblir davantage Saddam Hussein en prévision de l'invasion de l'Irak pour s'emparer de ses hydrocarbures.
La contrepartie était de laisser faire l'Iran chiite dans son voisinage immédiat et punir les pays -dits sunnites- dont des ressortissants avaient été associés, d'une manière ou d'une autre, aux attentats du 11 septembre 2001. Devenant encombrant et dangereux, l'Iran a été sévèrement puni. Il ne s'en remettra pas de sitôt. Il en aurait pour trois décennies au moins pour revenir à son niveau des années 1980.
Quant au rôle des gardiens de la révolution islamique dans certaines régions, il est tellement exagéré qu'il s'inscrit tout simplement dans le cadre des guerres entre services secrets. Du reste, l'évolution de la situation en Iran laisse présager de transformer le régime iranien en un régime militaire, sautant sur le processus de réforme graduelle de l'institution de Guide Suprême vers la transmission du pouvoir au plus gradé au sein des gardiens de la révolution islamique. Ceci sans passer par une structure collégiale de transition qui avait été proposée par deux anciens chefs d'Etat. Dans tous les cas de figure, les dirigeants iraniens auront du pain sur la planche.
Le mal profond causé par les sanctions est tellement profond que l'Iran devrait combler des déficits de tous genres, car le pays sera appelé à tout reconstruire. L'Iran n'a plus les moyens de ses ambitions géopolitiques hors de son espace vital. S'il maintenait ou s'avisait à avoir un certain droit au chapitre dans les dissensions entre les pays du Maghreb, ses tentatives feraient long feu.
Et encore ? Un nouvel axe en perspective réunissant la poignée de pays qui a été représentée à la célébration du soixantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie ? En témoigne la visite du premier ministre éthiopien, le 29 août 2022? Une visite perçue par les observateurs comme une réponse-stigmatisation au soutien de l'Egypte à l'intégrité territoriale du Maroc. Addis Abéba étant en différend sérieux avec le Caire et Khartoum sur le partage des eaux du Nil à la suite de la construction du barrage Ennahda. L'axe regrouperait l'Algérie, la Tunisie, l'Ethiopie, la Libye et le Polisario ? Sacrée plaisanterie !
Justement, la question de la représentativité est importante pour en découdre avec les aléas de la géopolitique et des revendications identitaires.
La représentativité étatique : remettre la pendule à l'heure
Les enjeux géopolitiques actuels imposent des approches empiriques différentes. Et l'espace Afrique du Nord-Afrique subsaharienne a besoin de mettre de l'ordre et non pas semer le désordre pendant cette phase particulièrement critique des rapports entre acteurs majeurs et acteurs mineurs régionaux.
Contrairement aux voix qui s'alarment sur la position tunisienne, je répondrais que le chef de l'Etat tunisien vient, sans qu'il s'en rende compte, de donner au Maroc l'argument inespéré de contester la participation du Polisario à des forums et rencontres internationales où peu ou pas de pays le reconnaissent encore.
Sans aller vite en besogne, on dira que le compte à rebours pour remettre en cause la présence de cette entité au sein de l'Union africaine est désormais enclenché. Une poignée de pays la reconnaît, et elle devient un fardeau pour tout le monde. La question de la représentativité du Polisario doit se poser de manière claire et sans détour. Il ne s'agit plus de l'évincer de l'Union africaine, mais de tous les forums où l'existence anachronique d'un pseudo-Etat sans territoire, sinon à Tindouf, se doit d'être débattue et traitée en conséquence.
Il est certain que la Tunisie, que certaines sphères du pouvoir algérien considéreraient comme « une province » voire « un protectorat algérien » a été utilisée comme un ballon d'essai par l'Algérie en prévision du Sommet arabe qu'elle entend abriter coûte que coûte. Une tentative fiasco, car, il n'est plus certain que les forums du type TICAD puissent tolérer une légèreté similaire à celle de la présidence tunisienne.
L'Algérie qui n'a pas digéré le fait que lors de la célébration du soixantième anniversaire de son indépendance, la majorité des chefs d'Etats invités, a préféré ne pas faire le déplacement, conscients que le chef du Polisario sera exhibé à la tribune lors du défilé militaire, sera prête à tous les dépassements dont elle se montre championne depuis belle lurette.
Dans ce contexte, il n'est pas exclu que si l'Algérie s'entêtait à jouer de l'obstruction pour imposer son propre agenda lors de la tenue -toujours hypothétique- du Sommet arabe (retour de la Syrie, question du Sahara, notamment), elle risquerait sinon de voir le Sommet organisé ailleurs, du moins constater que peu de chefs d'Etat arabes conduiraient leurs délégations.
L'Algérie serait tentée, comme elle l'avait fait en piégeant le président tunisien, d'adresser une invitation cavalière au chef du Polisario pour être d'une manière ou d'une autre dans les parages de la conférence arabe.
Tout cela scanderait à la cadence de la science-fiction. Sans doute ! Il en est de même des constructions théoriques achalandées par des paradigmes explicatifs de la politique internationale des acteurs étatiques maghrébins.
Plusieurs paradigmes ont été échafaudés pour expliquer la géopolitique maghrébine. Ils se valent les uns et les autres. Ils ont fait cependant leur temps. Mais je ne résisterais pas à la tentation de dire un mot sur ce que l'on qualifie de 'partenariat rénové'. Il s'agirait plutôt d'un 'partenariat de la vulnérabilité.'
Durant les années 1970-80, la vulnérabilité et la sensibilité, deux paramètres de mesure de l'équilibre de puissance, se comprenaient dans le cadre de l'interdépendance complexe, avec un soupçon de liberté de manœuvre laissé aux partenaires.
Dans le cas du 'partenariat rénové', le bénéficiaire premier est une puissance européenne, la France. L'autre partenaire n'a pas d'atouts tangibles durables si ce n'est le gaz et pour une courte période. De même qu'il est le demandeur de ce partenariat, avec des concessions à n'en point finir, pour des raisons de politique intérieure et de perte de vitesse dans la course géopolitique régionale.
Par ailleurs, le paradigme du partenariat dans les périphéries arabes et africaines est perçu dans sa dimension sécuritaire. Il est inégalitaire. Il est surtout attentatoire aux intérêts de l'acteur mineur dans une configuration asymétrique dont il ignore la portée à long terme. C'est le cas du partenariat théorique entre l'Algérie et la France que d'aucuns qualifient de coquille vide parce qu'arraché à la dernière minute ; le document étant signé à l'aéroport, comme on remplissait une feuille d'embarquement.
A cet égard, sans entrer dans les détails, je dirais que la perception des relations régionales à partir de paradigmes déjà en vogue ou à partir de ce qu'en pensent les centres de recherche occidentaux et moyen-orientaux doit être revue et actualisée.
Preuve en est l'interprétation biaisée sinon malveillante que la plupart fait de ce qui se passe dans l'espace ex-Soviétiques, en Chine ou dans l'Asie-Pacifique. Ce dont il est question ici, est le débat sur les allégeances intellectuelles et politiques dont font montre, en ce qui nous concerne, des intellectuels et activistes marocains.
Le débat sur le Maghreb par exemple, le rôle de l'Iran, de la Turquie, de la Russie, de certains membres de l'Union européenne doit être porté sur la place publique. Les enjeux devraient être passés au crible de la critique. Les complaisances par affinité intellectuelle devraient prendre fin. Pourquoi y aurait-il un mutisme complice à ne pas évoquer les questions qui fâchent.
Parmi ces questions, il y a ce que certains seraient tentés d'appeler les positions anachroniques -ou d'un autre temps- affichées par des mouvances dites démocratiques prônant encore le panarabisme, le panislamisme, le panafricanisme ou des mouvances libérales prônant différentes formes de cooptation pour imposer la démocratie ou la combattre, alors que les commanditaires lorgnent d'autres objectifs à atteindre, et certainement pas dans le sens perçu par ces intellectuels et activistes.
Si bien que la question du revirement tunisien ou celle de l'atermoiement des autres intellectuels et activistes maghrébins sur la question de l'intégrité territoriale des Etats doit prendre fin. Le séparatisme est synonyme de terrorisme (K. F. Sadni 'Séparatisme et terrorisme : fin de l'ambivalence complice', MD du 25 mai 2022).
S'agissant des intellectuels qui accèdent ou sont associés au pouvoir, j'avance le postulat suivant : il ne suffit pas d'être une lumière intellectuelle pour être un excellent gestionnaire et un visionnaire à la tête du pouvoir politique. Peu de personnalités de ce calibre ont réussi le passage de la théorie et la pratique, de l'académique, ou technocratique, à la réalité du terrain, d'ici et maintenant.
La plupart a soit échoué soit a été poussé vers la sortie en raison du dogmatisme dont elle a fait preuve ou à cause d'une inintelligibilité avérée de la politique. De nombreux intellectuels ont été des envoyés spéciaux du Secrétaire général des Nations unis, ou se sont fait confiés des portefeuilles ministériels, ou conduits des centres de planification politique et stratégique, sans laisser d'emprunts réels.
De là à être aux commandes d'Etats traversant une transition politique difficile, comme c'est le cas de certains pays arabes et africains. La Tunisie, pour ce qui nous concerne ici, n'en est pas à sa première expérience en la matière. L'histoire retient toujours que les outsiders en politique qui accèdent au pouvoir par les urnes (quelle qu'en puisse être la manière) se sont toujours distingués par le zélé de tout remettre en cause et ont créé la zizanie sous prétexte de vouloir bien faire.
Cependant, l'histoire retient aussi que les transitions tirées par les cheveux se font souvent dans la violence dans un sens comme dans un autre. Car, les outsiders sont cooptés pour payer les pots cassés des autres et être remerciés à la première occasion, mandat rempli à merveille, ou bilan mi-figue mi-raisin.
L'histoire retient enfin que l'alliance même passagère entre un pouvoir militaire, un pouvoir despotique 'éclairé non maitrisé' et un pouvoir doctrinaire au verbe facile offre la recette magique pour tout faire exploser. Car les décideurs s'apparentant à ce type de structures ont rarement réfléchi à une stratégie de sortie.
Quelle serait la stratégie de sortie des nouveaux partenaires dans un axe (ou axes) politico-stratégique (s) mort-né (s) passés en revue plus haut? Je n'en vois aucune à la lumière des cafouillages observés depuis que l'enjeu autour du Sahara marocain a échappé aux manipulateurs d'hier et aux apprentis sorciers d'aujourd'hui.
*Géopoliticien


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