Au premier trimestre 2025, les exportations de véhicules marocains ont chuté de 7,8 %, entraînant une perte de plus de 3 milliards de dirhams. Entre causes techniques, rappels de modèles et tensions commerciales, le secteur automobile traverse une zone de turbulences, malgré une résilience partielle des sites de production nationaux. Le secteur automobile marocain, pilier de l'économie nationale et premier contributeur aux exportations du Royaume, traverse une période de turbulence en ce début d'année 2025. Selon les dernières statistiques de l'Office des changes, les exportations de véhicules produits localement ont reculé de 7,8 % au premier trimestre, générant une perte estimée à plus de 3 milliards de dirhams par rapport à la même période en 2024. Le recul global cache toutefois des disparités importantes entre les deux grands acteurs du secteur implantés au Maroc. Les usines de Renault, situées à Tanger et Casablanca, ont été relativement épargnées. Leur production a atteint 132 000 véhicules entre janvier et fin avril, ce qui représente une diminution contenue de 3,6 % par rapport à l'année précédente. Cette légère baisse est attribuée à des ajustements industriels classiques et à des perturbations logistiques mineures, jugées temporaires. En revanche, Stellantis Maroc a connu une chute plus marquée de ses exportations, impactée par une série de difficultés techniques. Depuis la fin de l'année 2024, des incidents liés à certains types de moteurs ont entraîné des rappels de véhicules sur les marchés européens. À cela s'ajoutent des opérations de maintenance planifiées sur les lignes de production, qui ont temporairement réduit la cadence des usines. Ces éléments ont contribué à freiner le rythme des livraisons à l'international. Lire aussi : Le Maroc, nouveau hub africain pour les industriels égyptiens Malgré ce repli conjoncturel, les industriels du secteur restent confiants. Les responsables évoquent des perturbations ponctuelles, liées à la gestion des cycles industriels et à l'évolution des normes techniques sur les marchés d'exportation. Un redressement progressif des volumes exportés est envisagé au cours des prochains mois, avec un retour à la normale prévu avant la fin de l'année. Parallèlement aux enjeux de production, un autre dossier sensible pèse sur l'environnement industriel marocain : les tensions commerciales autour du fabricant chinois Citic Dicastal, installé à Kénitra. L'entreprise, spécialisée dans les jantes en aluminium, a fait l'objet d'une enquête antidumping menée par plusieurs pays européens. Cette affaire a entraîné l'annulation d'un projet d'investissement majeur initialement prévu au Maroc au profit du Portugal. Malgré ce revers, Citic Dicastal a réaffirmé sa volonté de renforcer sa présence dans le Royaume, en annonçant l'ouverture prochaine d'un quatrième site industriel. Ce projet témoigne de la résilience de l'écosystème automobile marocain, qui continue d'attirer des capitaux étrangers, notamment asiatiques, en quête d'un accès stratégique aux marchés européens et américains. Selon les experts, cette montée en puissance des investisseurs chinois dans le secteur suscite toutefois des interrogations. Les autorités marocaines doivent désormais composer avec une double exigence : préserver les relations avec les groupes européens, partenaires historiques du Maroc, tout en favorisant l'intégration de nouveaux acteurs asiatiques. Un exercice d'équilibre délicat, dans un contexte mondial marqué par la montée des tensions protectionnistes et la reconfiguration des chaînes d'approvisionnement. Le ministère de l'Industrie insiste sur la nécessité de maintenir un climat de confiance avec les partenaires européens, sans pour autant freiner la dynamique d'investissement. L'enjeu est de taille : garantir un accès durable aux marchés internationaux tout en renforçant sa position comme plateforme industrielle compétitive.