Dans la région arabe, où une grande partie des adultes demeure exclue du système financier formel, le Maroc se démarque par ses progrès en financement digital et ses réformes audacieuses. Malgré ces avancées, les inégalités persistent, notamment pour les femmes et les populations rurales, soulignant la nécessité d'un accès plus équitable aux services financiers. Dans une région où près de 60 % des adultes demeurent exclus du système financier formel, le Maroc se démarque par ses progrès en financement digital et ses réformes novatrices. Malgré ces avancées prometteuses, de nombreux obstacles persistent pour garantir un accès juste aux populations les plus vulnérables, notamment les femmes, les habitants des zones rurales, les personnes en situation de handicap et les travailleurs du secteur informel. La Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale des Nations Unies (ESCWA) souligne dans son rapport annuel intitulé « Revue annuelle des Objectifs de développement durable 2025 : inclusion financière dans la région arabe » que le Maroc, aux côtés de la Jordanie et de l'Egypte, est l'un des rares pays arabes à avoir adopté des réformes réglementaires innovantes et des programmes ciblés favorisant la généralisation du financement digital et l'accès aux services financiers. Ces initiatives permettent au Royaume d'émerger comme un exemple positif dans une région où la majorité des adultes restent encore exclus du système financier formel. Cependant, malgré ces avancées, le rapport met en garde contre une exclusion financière persistante qui freine l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2030. En effet, dans la région arabe, près de 60 % des adultes n'ont toujours pas accès aux services financiers formels, un chiffre alarmant qui soulève des inquiétudes quant à l'équité et à la justice sociale. Lire aussi : Les crypto-monnaies, un levier pour renforcer l'inclusion financière au Maroc (Mme Fettah) Les disparités sont particulièrement marquées chez les femmes, qui comptent parmi les groupes les plus marginalisés. Seules 29 % d'entre elles disposent d'un compte bancaire ou d'un porte-monnaie électronique, un chiffre qui place la région arabe parmi les moins avancées au monde en matière d'inclusion financière féminine. Cet écart entre hommes et femmes atteint 13 points de pourcentage, soulignant l'urgence d'intégrer une approche de genre dans les politiques financières. Les personnes en situation de handicap font également face à de grandes difficultés. Seuls 21 % d'entre elles ont accès aux services financiers, lesquels sont entravés par des pratiques discriminatoires, des infrastructures inadaptées et l'absence de mesures inclusives. Ces obstacles limitent leur capacité à participer pleinement à l'économie et renforcent leur vulnérabilité. Le rapport de l'ESCWA souligne aussi un écart préoccupant entre zones rurales et urbaines : les habitants des campagnes bénéficient d'un accès deux fois moindre aux services financiers formels que les citadins. Cette fracture géographique, combinée aux obstacles rencontrés par les travailleurs du secteur informel et les réfugiés, creuse les inégalités économiques et sociales dans la région. Sur le plan technologique, le Maroc connaît une forte progression des solutions digitales, notamment à travers les paiements par téléphone mobile, avec un doublement du nombre de comptes électroniques entre 2020 et 2023. Néanmoins, l'ESCWA alerte sur une « fracture numérique dans la fracture », liée à un accès limité à Internet, un faible taux de possession de smartphones et un déficit de compétences numériques, qui freinent l'accès aux services financiers digitaux pour les populations les plus fragiles. Cette situation est d'autant plus critique dans les pays affectés par des conflits, où les infrastructures mobiles sont souvent absentes ou instables. Par ailleurs, l'accès au crédit demeure une barrière majeure à l'inclusion financière. Le rapport révèle que seulement un adulte sur cinq a contracté un prêt auprès d'une institution financière formelle. Cette limitation freine l'innovation, l'entrepreneuriat et la création d'emplois, notamment pour les très petites, petites et moyennes entreprises, qui sont pourtant les moteurs essentiels de l'économie locale. Face à ces constats, l'ESCWA appelle à des réformes urgentes. Elle recommande notamment de renforcer la protection des consommateurs, de promouvoir l'éducation financière, d'intégrer les questions de genre et de handicap dans les politiques financières, et de moderniser les infrastructures digitales. L'organisation insiste également sur la nécessité de développer des systèmes d'identité numérique interopérables, garantissant un accès sécurisé, transparent et inclusif aux services financiers. Enfin, le rapport replace l'inclusion financière dans un cadre plus large, celui des Objectifs de développement durable. Il rappelle que seulement 18 % des cibles mondiales avancent conformément aux plans, tandis que plusieurs pays arabes stagnent voire reculent dans ce domaine. Mario Gallis, responsable des affaires économiques à l'ESCWA et auteur du rapport, souligne avec force que dans la région arabe, « les services financiers ne sont plus un luxe ». Sans inclusion financière véritable, il est impossible d'éradiquer la pauvreté, de soutenir les petites entreprises ou d'assurer une croissance économique juste et inclusive.