Le Maroc fait un pas important pour faciliter la production d'électricité verte chez les particuliers et les entreprises. Avec un cadre clair et simplifié, chacun pourra contribuer à la transition énergétique, valoriser ses surplus, et participer activement à construire un avenir plus durable et autonome pour le pays. Le Maroc poursuit avec détermination la mise en place d'un cadre réglementaire solide dédié à l'auto-production d'électricité. Cette étape, importante pour le développement des énergies renouvelables à grande échelle, vise à encourager davantage de particuliers, entreprises et collectivités à produire leur propre énergie verte. Les derniers projets de décrets d'application de la loi 82-21 ont été déposés auprès du Secrétariat général du gouvernement, et leur publication est imminente, marquant ainsi un progrès significatif dans la structuration du secteur énergétique national. Lors d'une journée technique tenue récemment à l'Université internationale de Casablanca, Abderraouf Benabou, directeur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, a détaillé les avancées majeures dans ce domaine. Selon lui, quatre décrets d'application restent à adopter pour parfaire ce dispositif législatif et assurer une mise en œuvre fluide et adaptée aux différents types de producteurs d'électricité. Le premier décret précise les procédures administratives à suivre en fonction de la catégorie d'installation et de son régime applicable. Pour les systèmes autonomes non raccordés au réseau national et d'une puissance maximale de 11 kW, une simple déclaration suffira. Cette démarche sera facilitée par une plateforme numérique en cours de développement, rendant l'accès à l'auto-production plus accessible et simplifié pour les ménages et petites structures. Le choix de ce seuil, équivalent à la consommation moyenne d'un foyer, montre la volonté d'encourager les particuliers à participer activement à la transition énergétique. Lire aussi : Stockage d'énergie : le Maroc lance une plateforme expérimentale à Ouarzazate En revanche, les installations raccordées au réseau et dont la puissance se situe entre 11 kW et 5 MW devront soumettre une demande formelle auprès du gestionnaire du réseau concerné, tel que l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) ou les sociétés exploitant les réseaux moyenne tension. Pour les projets dépassant 5 MW, une autorisation préalable auprès du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable sera exigée. Ce système graduel permet d'adapter les règles selon l'échelle et l'impact potentiel des installations, garantissant ainsi un équilibre entre développement et maîtrise technique du réseau. Le deuxième décret porte sur la gestion des excédents de production. Actuellement, la loi 82-21 permet la revente d'un surplus d'électricité pouvant atteindre 20 % de la production totale. Toutefois, ce seuil pourra être dépassé sous certaines conditions, notamment pour les installations à forte consommation d'énergie renouvelable, telles que les stations de dessalement d'eau ou les entreprises ayant adopté des mesures avancées d'efficacité énergétique. Ce texte fixera les critères précis pour bénéficier de cette dérogation, ouvrant la porte à une meilleure valorisation des excédents et encourageant ainsi la production plus importante d'électricité verte. Le troisième décret concerne les modalités de stockage de l'électricité. Il offrira aux auto-producteurs la possibilité d'installer leurs propres systèmes de stockage, tels que des batteries, ou d'accéder aux services de stockage proposés par les gestionnaires de réseau. Ce dispositif est essentiel pour pallier l'intermittence des sources renouvelables, comme le solaire ou l'éolien, en permettant de stocker l'énergie produite lors des pics pour l'utiliser en période de moindre production. Enfin, le quatrième décret régira l'écrêtement, un mécanisme permettant d'ajuster la production électrique en fonction de la demande réelle sur le réseau. Les gestionnaires pourront ainsi demander temporairement aux producteurs de réduire leur production afin de garantir la stabilité et l'équilibre du système électrique national. Ces nouveaux décrets viendront compléter un cadre déjà partiellement en vigueur. Parmi les mesures déjà obligatoires, les auto-producteurs doivent équiper leurs installations de compteurs intelligents, assurant un suivi précis et transparent de la production et de la consommation d'électricité. Par ailleurs, un certificat d'origine est désormais requis pour attester que l'électricité produite est issue de sources renouvelables. Ce document représente un avantage concurrentiel pour les entreprises souhaitant valoriser leurs produits dans le cadre d'échanges internationaux durables et leur permet également de bénéficier d'exonérations fiscales, telles que la réduction ou la suppression de la taxe carbone. En définitive, la finalisation de ces décrets marque une avancée déterminante dans la politique énergétique marocaine. En offrant un cadre réglementaire clair, flexible et adapté aux différents profils d'auto-producteurs, le Royaume ouvre la voie à une production d'électricité décentralisée, plus verte et plus efficiente. Cette évolution contribuera non seulement à réduire l'empreinte carbone nationale, mais aussi à renforcer l'autonomie énergétique du pays, dans un contexte mondial où la transition écologique devient une priorité majeure.