Alors que le bassin méditerranéen subit une pression environnementale sans précédent, le Plan Bleu, centre d'analyse rattaché au Programme des Nations unies pour l'environnement, tire la sonnette d'alarme. Dans son volume II publié le 2 juin 2025, le rapport dresse un état des lieux sans concession, tout en laissant entrevoir une lueur d'espoir. Il affirme que le Maroc, en dépit de défis réels, détient les leviers nécessaires pour réussir une transition économique et écologique, à condition de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes et coordonnées. Au cœur des recommandations, le rapport insiste sur un point crucial : la suppression progressive des subventions nuisibles à l'environnement. Un message fort pour le Maroc, où les aides publiques aux énergies fossiles, bien qu'en baisse, continuent de peser lourdement sur le budget de l'Etat, en contradiction avec les objectifs de transition énergétique. En libérant ces ressources, le pays pourrait investir davantage dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et les infrastructures durables. Mais le Plan Bleu va plus loin en appelant à aligner les politiques fiscales sur les objectifs du développement durable. Autrement dit, il s'agit pour le Maroc de renforcer sa fiscalité environnementale à travers une taxation plus ambitieuse de la pollution et des déchets, mais aussi par la mise en place d'incitations fiscales en faveur des initiatives vertes. Lire aussi : PAGE Green Crossroads : le Maroc, moteur d'une transition verte juste et inclusive Le Maroc a déjà engagé des efforts notables, comme les émissions d'obligations vertes, le lancement d'un cadre de compensation carbone volontaire ou encore des programmes de conservation de la biodiversité. Cependant, le Plan Bleu rappelle que ces outils ne peuvent être efficaces sans une forte capacité de gouvernance et une adaptation fine aux réalités locales. Le rapport insiste donc sur la nécessité d'une gouvernance robuste, d'une planification intégrée et de mécanismes de suivi et d'évaluation rigoureux. Il souligne également que la réussite d'un mécanisme carbone dans une région industrielle du littoral ne peut être calquée sur une zone agricole oasienne du sud marocain. De même, les obligations vertes devraient financer des projets liés aux urgences locales comme le stress hydrique, l'érosion côtière ou les énergies renouvelables décentralisées plutôt que de répondre uniquement à des normes internationales génériques. L'une des propositions les plus innovantes du rapport est la création d'une taxonomie méditerranéenne des activités durables. Ce référentiel, adapté aux spécificités socio-économiques et environnementales du pourtour méditerranéen, permettrait de mieux orienter les flux financiers vers des projets véritablement durables. Il offrirait également une clarté indispensable pour les investisseurs et contribuerait à prévenir l'éco-blanchiment.