Lundi, alors que la nuit tombait sur Doha, des explosions ont déchiré le ciel qatari. Des missiles, tirés depuis l'Iran, ont été interceptés au-dessus de la capitale, visant sans ambiguïté la base américaine d'Al-Udeid, la plus vaste du Moyen-Orient. Aucun blessé n'a été signalé, mais l'incident, d'une rare gravité, marque une escalade nouvelle dans le brasier moyen-oriental, à la croisée du conflit israélo-iranien et de l'interventionnisme américain. Le Qatar a dénoncé une « violation flagrante » de sa souveraineté, affirmant dans un ton inhabituellement ferme qu'il « se réserve le droit de répondre directement et de manière proportionnée« . Le ciel du Golfe, désormais militarisé, devient ainsi le révélateur d'un désordre stratégique régional où même les Etats historiquement prudents n'ont plus le luxe de la neutralité passive. Le Conseil de sécurité nationale iranien, quant à lui, a tenté de minimiser l'incident, déclarant que « cette action ne représente aucune menace pour notre pays ami et frère, le Qatar« . Une rhétorique qui peine à masquer la réalité : tirer des missiles balistiques au-dessus d'un territoire étranger, fût-il « frère », équivaut à une mise en jeu directe de sa souveraineté. Le fait que la base d'Al-Udeid ait été évacuée au préalable montre que l'alerte avait été prise au sérieux, probablement grâce à la coordination entre les services de renseignement américains et qataris. Un Golfe sous tension, un espace aérien sous embargo La suspension immédiate du trafic aérien au Qatar, mais aussi à Bahreïn et au Koweït, tous hôtes de bases américaines, donne la mesure du trouble. Qatar Airways a stoppé ses vols, Royal Air Maroc a interrompu les siens, et les ambassades américaines, canadiennes et britanniques ont conseillé à leurs ressortissants de se mettre à l'abri. LIRE AUSSI : Crise dans le Golfe : Royal Air Maroc suspend ses vols vers Doha Ce sont là des gestes concrets qui témoignent d'une réalité plus dérangeante : l'espace aérien civil, jusqu'ici sanctuarisé, est redevenu un théâtre de guerre potentiel. Il suffit d'un missile manqué, d'un système d'interception en retard, ou d'un avion de ligne dans la mauvaise trajectoire pour que la guerre asymétrique s'invite dans le domaine public.