Le développement d'un marché intégré du gaz naturel liquéfié (GNL) devient un axe central de la stratégie marocaine en matière de transition énergétique. À travers une série d'investissements ciblés dans les infrastructures de stockage, de transport et de regazéification, le Royaume entend renforcer sa souveraineté énergétique et accroître l'attractivité de son tissu industriel. Le Maroc cherche à se doter d'un cadre énergétique plus compétitif et résilient, en misant sur le développement du gaz naturel comme vecteur de transformation industrielle. Lors d'une intervention au Parlement, lundi 23 juin, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Mme Leila Benali, a présenté les contours d'un vaste programme d'infrastructures destiné à structurer un marché national du GNL. Selon la ministre, ce choix répond à une double exigence : réduire la facture énergétique des industries et consolider l'ancrage du pays dans les chaînes de valeur internationales. En soulignant le rôle du gaz naturel comme catalyseur d'investissements industriels, Mme Benali a insisté sur ses effets multiplicateurs en termes de baisse des coûts de production, de création d'emplois qualifiés et de sécurisation des approvisionnements. Le recours accru au GNL, moins émetteur de CO2 que les combustibles fossiles traditionnels, s'inscrit aussi dans une logique de transition énergétique progressive, sans pénaliser la compétitivité économique. La stratégie nationale repose sur une feuille de route ambitieuse, définie en coordination avec 11 ministères et 5 établissements publics, en vue de construire une infrastructure intégrée capable de soutenir un marché domestique du GNL à grande échelle. Ce programme prévoit notamment le développement de capacités de stockage, d'unités de regazéification, de terminaux d'importation, ainsi que d'un réseau de gazoducs interconnectés. Lire aussi : Nador West Med : Le Maroc lance son projet stratégique de terminal GNL Un premier terminal GNL à Nador West Med Le cœur de ce dispositif est le projet de construction d'un terminal GNL sur le site portuaire de Nador West Med, appelé à devenir une plateforme régionale majeure. Ce terminal sera relié au Gazoduc Maghreb-Europe (GME) par un premier tronçon estimé à 273 millions de dollars. Un second tronçon, d'un coût prévisionnel de 638,7 millions de dollars, prolongera la connexion jusqu'à Mohammedia, en desservant les principales zones industrielles du nord et du centre du pays. Une enveloppe additionnelle de 42,5 millions de dollars sera mobilisée pour développer un réseau secondaire, destiné à alimenter les zones économiques de Kénitra et Mohammedia. Cette extension permettra notamment de sécuriser l'approvisionnement des centrales électriques de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau potable (ONEE), tout en offrant des perspectives d'alimentation énergétique aux parcs industriels en pleine croissance. Au-delà de ce premier jalon, les autorités marocaines prévoient déjà l'extension de ce réseau vers la façade atlantique, à travers la connexion aux futures stations GNL prévues sur les ports de l'ouest et, à terme, à la méga-infrastructure du gazoduc Afrique-Atlantique, qui reliera le Nigeria au Maroc via le port de Dakhla. Ce projet panafricain, soutenu par plusieurs partenaires internationaux, est appelé à faire du Royaume une plateforme logistique et énergétique incontournable entre l'Afrique subsaharienne et l'Europe. Afin d'offrir aux opérateurs un environnement réglementaire clair et stable, le ministère a également finalisé un projet de loi encadrant l'ensemble des activités liées au gaz naturel : importation, stockage, transport, distribution et commercialisation. Ce texte vise à structurer le marché, renforcer la transparence, et garantir des conditions d'accès équitables aux infrastructures.