Le dernier rapport annuel de Bank Al-Maghrib confirme la forte concentration du secteur bancaire, où les cinq principales banques contrôlent plus de 75 % des actifs, des crédits et des dépôts. Le paysage bancaire marocain demeure marqué par une forte concentration structurelle, selon le rapport annuel 2024 publié par Bank Al-Maghrib. Malgré une conjoncture économique mouvante, les équilibres entre acteurs bancaires sont restés quasiment inchangés, avec une prédominance persistante des grandes banques à capitaux privés nationaux. À fin 2024, les cinq premières banques du pays contrôlent 76 % du total des actifs, un ratio stable par rapport à l'année précédente. Dans le détail, les trois principales institutions bancaires concentrent à elles seules 61,9 % des actifs, un niveau identique à celui observé en 2023. Cette domination s'étend aux dépôts, dont 78 % sont désormais détenus par les cinq premiers groupes, en légère progression de 0,1 point, et aux crédits bancaires, concentrés à 77,1 % entre les mêmes établissements. Lire aussi : Le secteur bancaire marocain enregistre une progression de 24% de son résultat net La dynamique observée confirme un resserrement de la concurrence autour d'un noyau d'acteurs dominants. Le phénomène est particulièrement marqué dans certains segments spécialisés comme le crédit à la consommation, le crédit-bail ou encore les paiements mobiles, où trois à cinq opérateurs captent l'essentiel des parts de marché. Le développement technologique et la capacité à mobiliser l'épargne sont restés les principaux vecteurs de différenciation dans ces niches. Le rapport de BAM souligne par ailleurs une évolution discrète mais notable de l'actionnariat bancaire. Les banques à capital privé marocain ont renforcé leur poids relatif, aussi bien sur les actifs que sur les dépôts et les crédits, au détriment des banques à participation étrangère. Ce glissement s'explique en partie par la restructuration récente de certains groupes bancaires, comme le retrait de grandes filiales françaises au profit de repreneurs marocains. Quant aux banques publiques, leur position est restée stable, avec une part de marché avoisinant 20 %, traduisant un maintien de leur rôle dans les politiques publiques d'inclusion financière et de financement des investissements stratégiques. En dépit de cette concentration élevée, Bank Al-Maghrib ne relève aucun risque systémique immédiat, tout en appelant à une vigilance accrue sur la diversification du marché et le maintien d'une concurrence saine, notamment en matière d'innovation, d'accès au crédit et de gestion des risques.