Privée de site officiel de traitement des déchets inertes depuis 2018, la ville de Casablanca fait face à une prolifération préoccupante de décharges sauvages en périphérie. La Wilaya a lancé une vaste opération de contrôle pour endiguer cette crise environnementale, qui met en péril les terres agricoles et la sécurité des populations riveraines. Les abords de Casablanca sont le théâtre d'un désastre environnemental. Dans les provinces de Berrechid, Médiouna et Nouaceur, la prolifération inquiétante de dépotoirs illégaux, principalement composés de débris de construction, a atteint un seuil critique. Face à cette dégradation accélérée, la wilaya de la région de Casablanca-Settat a déclenché une campagne de contrôle d'envergure pour endiguer un fléau qui altère le paysage et menace les écosystèmes locaux. Cette offensive administrative, qui doit débuter dans le secteur de Deroua près du projet Al Massira 2, vise à documenter l'ampleur des activités clandestines et à établir les responsabilités. D'après les médias, les inspecteurs auront pour mission de constater sur le terrain les préjudices causés par des années de laxisme. L'axe autoroutier entre Berrechid et Tit Mellil constitue aujourd'hui l'un des foyers les plus marquants de ce phénomène, jalonné de dépôts sauvages où des entreprises peu soucieuses des règles environnementales abandonnent leurs gravats. Parallèlement à ces dépôts sauvages, une extraction non réglementée de matériaux, comme le tuf utilisé pour les aménagements de l'autoroute, a laissé des carrières béantes, exploitées sans aucune autorisation ni étude d'impact. Lire aussi : Casablanca mise sur l'énergie des déchets pour verdir son avenir urbain La preuve de ce saccage a été minutieusement collectée par des élus locaux, qui ont fourni aux autorités un dossier composé de photographies, de vidéos et d'images capturées par drones. Ces documents attestent de la dévastation de terres agricoles fertiles, notamment dans la région d'Oulad Ziane, réputée pour la richesse de ses sols de type « tirs ». Le préjudice écologique est aggravé par des pratiques dangereuses : certaines de ces excavations ont été illégalement converties en bassins de rétention par des propriétaires terriens. Ces derniers y accumulent les eaux pluviales et souterraines pour ensuite les commercialiser auprès des agriculteurs. Sans aucune clôture ni signalisation, ces étendues d'eau stagnante représentent de véritables pièges mortels pour les populations riveraines, en particulier pour les enfants. Le cœur du problème est d'ordre structurel. Les experts estiment que la capitale économique produit un volume annuel de 4 millions de tonnes de déchets de chantier. Or, depuis 2018, elle se retrouve dépourvue de toute infrastructure officielle pour les traiter, une lacune qui a laissé le champ libre aux acteurs du marché noir. En réponse à l'urgence, une mesure palliative a été déployée : 150 millions de dirhams, financés par la ville et le ministère de l'Intérieur, ont permis d'établir un site provisoire à Nouaceur, où chaque tonne déposée est désormais facturée 10 dirhams. Bien que cette mesure apporte un soulagement temporaire, elle ne résout pas le fond du problème. La loi 27.13, qui encadre l'exploitation des carrières, prévoit pourtant un arsenal de sanctions sévères, allant de la fermeture des sites aux poursuites administratives. L'offensive d'inspection lancée par la wilaya est un premier pas crucial. Les autorités sont désormais attendues sur leur capacité à faire appliquer la loi avec rigueur et, surtout, à déployer une stratégie durable pour la gestion des déchets de construction, condition sine qua non pour mettre fin à l'anarchie qui sévit aux portes de la capitale économique.