Succédant brutalement à une forte canicule, un épisode orageux d'une rare violence a balayé le centre et le sud-est du Maroc. Du 3 au 5 août, crues et éboulements ont causé des dommages matériels significatifs, isolant des villages et détruisant des récoltes. Aucune perte humaine n'est à déplorer. La multiplication d'épisodes météorologiques qui s'inscrit désormais dans un cycle climatique plus erratique, que les outils classiques de prévention peinent à anticiper, impose une relecture des grilles de risques climatiques. Alors que le Maroc suffoquait sous une intense vague de chaleur, un brusque changement météorologique d'une rare violence a touché le pays. Du dimanche 3 au mardi 5 août, des perturbations climatiques d'une intensité exceptionnelle pour la saison ont balayé une vaste partie du territoire. Des orages diluviens, accompagnés de grêle et de vents puissants, se sont abattus sur un large couloir s'étirant de la région de Marrakech jusqu'aux provinces du Sud-Est, notamment Ouarzazate, Tinghir, Azilal, Errachidia et Boulemane. Ces intempéries ont rapidement engendré des crues subites, des éboulements et des glissements de terrain. Des infrastructures essentielles comme des ponts et des routes ont été emportées, et des canaux d'irrigation traditionnels (seguias) ont été détruits. La mobilité a été sévèrement entravée sur plusieurs axes majeurs. Les réseaux sociaux ont relayé des images saisissantes, relayant en temps réel l'ampleur des dégâts et la force des torrents qui charriaient roches et débris, illustrant la vulnérabilité des zones touchées. Lire aussi : Vague de chaleur : Pic de consommation d'électricité le 30 juin en raison des climatiseurs L'artère vitale du col de Tizi n'Tichka, reliant Marrakech à Ouarzazate, a été l'un des points névralgiques de la crise. Mardi, de nombreux automobilistes et voyageurs en autocar s'y sont retrouvés piégés, contraints à une immobilisation de plusieurs heures. Face à la montée des eaux et aux éboulements rocheux, certains ont dû passer la nuit sur place. La commune de Tidili, située dans la province d'Ouarzazate, a été sévèrement touchée par des crues dévastatrices. Parallèlement, de nombreux douars des régions de Tinghir et de Boulemane se sont retrouvés entièrement isolés, compliquant considérablement l'intervention des équipes de secours. Dans les hautes vallées de l'Atlas, le monde rural a payé le plus lourd tribut. À Aït Bouguemez (province d'Azilal), des orages de grêle ont anéanti les récoltes de pommes, de pommes de terre et de menthe, vitales pour l'économie locale. Pour de nombreuses familles, cet événement anéantit des mois de labeur et représente une menace directe pour leur sécurité financière. Si la Direction générale de la météorologie avait bien émis des bulletins d'alerte de niveau orange, la violence et la localisation très précise des phénomènes les plus extrêmes illustrent les limites des outils de prévention actuels face à la rapidité des événements. Face à l'imminence du danger, les autorités, incluant la Protection Civile, la Gendarmerie Royale et les services du ministère de l'Equipement et de l'Eau, ont été contraintes à une mobilisation d'urgence pour fermer les axes dangereux et apporter leur assistance. Cet événement n'est plus un cas isolé, mais bien le symptôme d'un cycle climatique devenu erratique, où l'alternance brutale entre sécheresse prolongée et pluies diluviennes met à l'épreuve les modèles de prévision classiques. Au-delà de la gestion de crise, cet épisode impose une relecture fondamentale des grilles de risques climatiques au Maroc. Cela implique de repenser l'aménagement du territoire dans les zones vulnérables, de développer des systèmes d'alerte plus fins, capables d'anticiper non seulement la pluie, mais également son impact probable sur des sols fragilisés. L'absence de victimes est un soulagement, mais ne doit pas occulter la nécessité d'adapter en profondeur la stratégie de prévention du pays.