Le marché marocain des huiles moteur est secoué par la découverte de cargaisons espagnoles suspectes vendues à des prix anormalement bas. Les services douaniers et la gendarmerie royale ont intensifié leurs contrôles, révélant des réseaux de contrefaçon opérant via des entrepôts clandestins. L'affaire met en lumière les risques pour les consommateurs et l'urgence de renforcer la traçabilité des produits importés. Les services de l'Administration des Douanes et Impôts Indirects ont lancé une vaste enquête après la découverte de cargaisons d'huiles moteur en provenance d'Espagne vendues sur le marché marocain à des tarifs anormalement bas, oscillant entre 30 et 40 % de moins que les prix pratiqués en Europe et en Afrique du Nord. D'après des sources, ces écarts, signalés dès la fin du mois d'août 2025 par de grandes entreprises marocaines du secteur automobile et industriel, ont rapidement éveillé les soupçons de contrefaçon. La Direction générale des douanes, appuyée par la Gendarmerie royale, a aussitôt déclenché une série de contrôles renforcés aux ports de Tanger-Med et de Casablanca, principaux points d'entrée de ces cargaisons. En fait, les documents d'importation, certificats de qualité et factures ont été systématiquement examinés afin de vérifier leur conformité avec les normes internationales. Des analyses effectuées dans des laboratoires agréés ont confirmé la présence d'impuretés métalliques, de viscosités irrégulières et d'additifs non conformes aux standards API et ACEA. Lire aussi : À Genève : la Centrafrique exprime l'appui de 40 pays au Maroc Parallèlement, les premières saisies opérées au port de Tanger ont mis en évidence des cargaisons falsifiées, introduites par certains importateurs jusque-là considérés comme fiables. En outre, l'enquête a révélé que ces huiles avaient transité par des itinéraires d'importation détournés avant d'être redirigées vers des entrepôts clandestins situés dans la périphérie de Casablanca, notamment à Lahraouyine, Bouskoura et Sidi Hajjaj. Ces sites servaient de centres de mélange et de reconditionnement où les contrefacteurs associaient huiles usagées retraitées et additifs de piètre qualité pour ensuite les revendre sous des étiquettes imitant des marques espagnoles. De plus, les investigations ont mis en lumière la sophistication des réseaux impliqués, capables de reproduire de faux codes-barres et d'emballages proches de l'original, rendant la détection difficile sans expertise technique. Les perquisitions menées dans les dépôts clandestins ont permis de saisir des stocks importants de produits falsifiés, confirmant l'ampleur du trafic. Selon des experts, certains acteurs du secteur du BTP auraient eu recours à ces huiles bon marché pour réduire leurs coûts de fonctionnement, ce qui explique la multiplication des plaintes enregistrées par les distributeurs officiels. En outre, d'après des experts, les conséquences pour le marché marocain sont lourdes. En effet, l'utilisation de ces huiles altérées provoque une usure accélérée des moteurs et expose les automobilistes comme les industriels à des pannes coûteuses. La confiance des consommateurs est menacée, tout comme la réputation des marques légitimes. Cette affaire prend également une dimension internationale. Des informations transmises par les autorités douanières espagnoles ont permis d'identifier plusieurs circuits financiers et commerciaux liés à ces importations douteuses. La collaboration avec des sociétés pétrolières internationales a par ailleurs démontré que certains importateurs réguliers avaient tenté de dissimuler des cargaisons non conformes au milieu de lots authentiques.