Alors que le Conseil de sécurité se prépare à examiner une nouvelle fois le dossier du Sahara, la réaffirmation du soutien américain au plan d'autonomie marocain accentue le consensus international en faveur d'une solution pragmatique. À l'orée du 50e anniversaire de la Marche verte, célébré en novembre 2025, la question du Sahara revient au premier plan des discussions internationales. Le Conseil de sécurité des Nations unies s'apprête, dans les prochaines semaines, à examiner une nouvelle fois un dossier enlisé depuis un demi-siècle. Mais le contexte diplomatique a sensiblement évolué : la réaffirmation, le 8 avril 2025, du soutien des Etats-Unis au plan d'autonomie marocain a renforcé un consensus international qui bouscule la logique onusienne traditionnelle. Dans une analyse publiée par le Policy Center for the New South, les chercheurs Rida Lyammouri et Fadoua Ammari estiment que « le plan d'autonomie, proposé par le Maroc dès 2007, est désormais perçu comme l'unique base réaliste pour une issue politique durable ». Leurs conclusions soulignent que l'ONU ne peut plus se contenter d'une posture attentiste : il s'agit de transformer ce consensus en une doctrine proactive, au risque de voir son rôle marginalisé. Lire aussi : Participation politique : Le Maroc face à une confiance en berne Depuis 2020, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité insistent sur la nécessité d'une solution « réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable ». Dans le même temps, une majorité croissante d'Etats – des pays du Golfe à plusieurs nations africaines et latino-américaines – ont retiré ou gelé leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Selon les chiffres compilés par les auteurs, plus de 85 % des Etats membres de l'ONU ne reconnaissent plus l'entité autoproclamée par le Polisario. Mais derrière cette inflexion diplomatique, l'impasse demeure. La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara (MINURSO), créée en 1991, n'a jamais rempli son mandat initial et se trouve réduite à une fonction de surveillance du cessez-le-feu, lui-même fragilisé depuis les incidents de Guerguerat en 2020. L'émissaire de l'ONU, Staffan De Mistura, nommé en 2021, n'a pas réussi à relancer des négociations directes entre les parties. Un « effet domino » diplomatique La dynamique enclenchée par Washington a rapidement trouvé des relais. L'Espagne et la France se sont alignées sur la position américaine, tout comme une quinzaine d'Etats arabes et africains ayant ouvert des consulats à Laâyoune ou Dakhla. Dans ce contexte, soulignent Lyammouri et Ammari, « il devient de plus en plus difficile pour l'ONU de maintenir l'option d'un référendum d'indépendance comme équivalent viable ». Cette tendance alimente l'idée qu'une prochaine résolution du Conseil de sécurité pourrait franchir un pas supplémentaire en érigeant l'autonomie marocaine en référence centrale du processus politique. Une telle évolution, même au prix d'abstentions persistantes de Moscou ou de Pretoria, consacrerait l'érosion quasi irréversible du projet séparatiste. Le Policy Center for the New South plaide pour une « doctrine du réalisme » : l'ONU devrait non seulement entériner le plan d'autonomie comme cadre exclusif de négociation, mais aussi accompagner sa mise en œuvre. Cela signifierait passer d'une mission d'observation militaire à une présence politique et institutionnelle, apte à soutenir le développement des provinces du Sud. Le Maroc, rappellent les auteurs, a multiplié les investissements dans ces territoires et inscrit leur intégration dans une stratégie régionale plus vaste, incarnée par l'Initiative Atlantique Royale. « Agir plutôt qu'attendre », écrivent-ils, impliquerait pour l'ONU de reconnaître le rôle de Rabat comme acteur de stabilité et d'intégration régionale. La prochaine réunion du Conseil de sécurité s'annonce ainsi comme une étape charnière. Elle interviendra à la veille d'une date hautement symbolique : le cinquantenaire de la Marche verte, moment fondateur de la récupération par le Maroc de son Sahara. Si les Nations unies choisissent de franchir un nouveau palier, ce pourrait être le signe d'un réalignement historique, où le pragmatisme l'emporterait enfin sur l'immobilisme.