Driss Aït Youssef est docteur en droit public, spécialiste des questions de sécurité et ex-président de l'Institut Léonard de Vinci. Dans cette interview accordée à Maroc Diplomatique, l'expert revient sur la visite du ministre français de l'intérieur, M. Laurent Nuñez, au Maroc, où il a rencontré son homologue marocain, M. Abdelouafi Laftit. Maroc Diplomatique : Au Maroc, le ministre français de l'intérieur, M. Laurent Nuñez, a déclaré, lors de sa rencontre avec son homologue marocain, M. Abdelouafi Laftit, que le très haut niveau de coopération bilatérale entre Rabat et Paris a été déterminant et est essentiel pour la poursuite de « nos excellentes relations ». Qu'est-ce qui caractérise l'excellence de la coopération sécuritaire maroco-française ? Driss Aït Youssef : C'est avant tout une grande et vieille histoire faite d'amitié, de confiance et d'entraide entre deux peuples amis. Je rappelle que Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V a été fait Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle, le 19 juin 1945. Cette distinction rappelle l'engagement indéfectible du Maroc à l'indépendance de la France. Depuis, la confiance et les échanges n'ont jamais été rompus même dans des moments difficiles. Ils ont été indispensables et souvent même déterminants à des moments critiques pour les deux pays. Lutte contre le terrorisme, contre la criminalité organisée, le narcotrafic, la cybercriminalité, la sécurité civile et la question migratoire… Pourquoi la France et le Maroc sont complémentaires dans le règlement de ces questions ? La France et le Maroc ont vécu et vivent encore des menaces similaires opérés, quelques fois, par les mêmes opérateurs ayant des liens avec les deux pays. Leur résolution passe par une coopération parfaite, et c'est bel et bien le cas. Lire aussi : Laurent Nuñez à Marrakech : La France souligne la centralité du partenariat sécuritaire avec le Maroc Ensuite, il y a une complémentarité entre les deux pays largement expérimentée, ces dernières années. Il faut toutefois rester attentif à l'évolution des menaces qui nécessiteront des deux pays de poursuivre sur ce chemin de la coopération « très élevée ». Je pense par exemple à la situation dans la bande sahélo-sahélienne. D'autres menaces comme la cybercriminalité, le terrorisme et la criminalité organisée sont en constante évolution. Enfin pour le Maroc, la préparation et la sécurisation des festivités relatives à la coupe du Monde 2030 sera un enjeu fort avec un savoir-faire indéniable de la France. Comment le Maroc s'est mué en un partenaire indispensable et crédible sur ces sujets ? Le Maroc était déjà un partenaire crédible depuis plusieurs décennies. C'est la montée en puissance de phénomènes qui ont mis en lumière ses compétences. En effet, le retour du Maroc au sein de l'Union africaine en janvier 2017 n'était pas uniquement lié à la reconnaissance de ses provinces du Sud. Il était aussi guidé par la nécessité de renouer pour mieux s'impliquer dans un continent en pleine mutation. Cette politique initiée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI a été décisive pour aider la France à certains moments. Le Maroc, fort de sa stabilité, sait mettre à son profit cette vision de long terme portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cela donne de la crédibilité et de la puissance à l'action régionale du Maroc. La France et le Maroc, forts de leur histoire, ont un avenir commun à défendre et à partager.