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Kenza El Ghali, Ambassadeure du Maroc au Chili : « La diplomatie du cœur est celle qui rapproche les peuples »
Publié dans Maroc Diplomatique le 08 - 12 - 2025

Près d'une décennie à Santiago, S.E.Mme Kenza El Ghali retrace une diplomatie d'ouverture qui a hissé la relation maroco-chilienne à un niveau inédit de confiance et de convergences. Point d'inflexion en 2024 : l'appui chilien au plan d'autonomie pour le Sahara et une dynamique politique, universitaire et culturelle accélérée. Des énergies renouvelables à la logistique Tanger Med–Pacifique, en passant par la recherche, le soft power – du Centre Mohammed VI de Coquimbo à la restitution de pièces paléontologiques – irrigue ce rapprochement. Portée par une jeunesse victorieuse et la perspective d'un « Congreso Futuro » Rabat–ALC, la relation s'affirme comme un partenariat Sud-Sud exemplaire.
l MAROC DIPLOMATIQUE : Madame l'Ambassadeure, près d'une décennie s'est écoulée depuis votre prise de fonctions au Chili. Quels sont les jalons essentiels de cette mission, et comment décririez-vous aujourd'hui la maturité des relations maroco-chiliennes, tant sur le plan politique que sociétal?
– Les jalons essentiels de cette mission ont consisté avant tout à instaurer une véritable proximité avec l'ensemble des acteurs chiliens qu'il s'agisse des autorités gouvernementales, du monde académique et culturel, de la société civile ou du grand public. Nous avons œuvré, depuis près d'une décennie, à promouvoir l'image du Maroc à travers une diplomatie d'ouverture, d'écoute et de partage. Notre objectif a toujours été de présenter la réalité du Maroc contemporain, d'effacer les zones d'ombre qui pouvaient exister, et de mettre en lumière les progrès remarquables réalisés sous la Vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste.
Nous travaillons également à faire connaître l'histoire millénaire du Royaume, la richesse de sa culture, ainsi que le rôle central de Sa Majesté le Roi dans la conduite des réformes et la consolidation du développement durable.
Aujourd'hui, les relations maroco-chiliennes ont atteint un niveau de maturité sans précédent. Elles se distinguent par un dialogue politique fluide, une coopération universitaire et culturelle en plein essor, et une convergence de vues sur de nombreuses questions internationales. L'année 2024 a d'ailleurs marqué un tournant avec la reconnaissance par le Chili de l'Initiative marocaine pour l'autonomie au Sahara marocain et la visite du ministre chilien des Relations extérieures à Rabat.
Sur le plan culturel, des événements majeurs tels que la Semaine du Maroc organisée au Musée du Palais présidentiel Gabriela Mistral symbolisent cette dynamique d'amitié et de rapprochement entre nos deux peuples.
l Le Maroc et le Chili partagent des valeurs de stabilité et de dialogue dans deux hémisphères que tout semble opposer. Comment transformez-vous ces convergences démocratiques en axes de coopération concrète, dans un monde où la diplomatie se réinvente face à la fragmentation internationale ?
– Ce qui est certain c'est que le Maroc et le Chili partagent une même conception de la diplomatie : celle de l'ouverture, du dialogue et du respect de la souveraineté des Etats. Nos deux pays s'inscrivent dans une approche fondée sur la non-ingérence, le respect du droit international et la promotion du multilatéralisme comme instrument essentiel de stabilité et de coopération.
Ces convergences de principes offrent un terrain particulièrement propice pour développer des initiatives concrètes. Elles permettent au Maroc et au Chili de s'ériger en partenaires complémentaires, chacun représentant un pôle de stabilité et de dialogue dans son hémisphère. Cette communauté de valeurs se traduit aujourd'hui par la multiplication des projets conjoints dans des domaines divers et variés.
Le Chili représente, pour le Maroc, une porte d'entrée privilégiée vers l'Amérique latine, tandis que le Royaume constitue pour le Chili un pont naturel vers l'Afrique et le monde arabe. Et cette Mission veille à ce que nos deux pays explorent des synergies nouvelles que ce soit à travers la coopération académique et scientifique, les échanges culturels, ou encore la promotion d'investissements croisés, dans un esprit de partenariat solidaire et durable.
Dans cet esprit, l'Ambassade du Maroc au Chili œuvre à renforcer les liens entre nos deux pays dans le cadre de la coopération Sud-Sud, chère à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Notre action vise à identifier des domaines d'intérêt commun
Dans un contexte international marqué par la fragmentation, nos diplomaties démontrent qu'il est encore possible de construire des passerelles fondées sur la confiance, la compréhension mutuelle et la volonté de contribuer à un ordre mondial plus juste et équilibré.
l La politique étrangère du Royaume place le partenariat Sud–Sud au cœur de sa doctrine. Comment ce principe s'illustre-t-il dans les relations Maroc–Chili, notamment dans les domaines émergents tels que les énergies renouvelables, la logistique portuaire, la recherche universitaire ou la transition agricole ?
– Les relations entre le Maroc et le Chili s'inscrivent pleinement dans cette logique de partenariat sud-sud équilibré et mutuellement bénéfique. Bien que notre coopération économique soit encore en phase de consolidation, plusieurs domaines offrent un potentiel réel de convergence.
Les énergies renouvelables, par exemple, représentent un axe naturel de coopération. Le Maroc, fort de son expérience reconnue dans ce domaine, notamment à travers des projets phares comme le complexe solaire de Noor Ouarzazate, partage avec le Chili la même ambition de transition énergétique et de réduction des émissions carbone.
La logistique portuaire constitue un autre champ d'intérêt commun : le Maroc, avec des infrastructures de pointe comme Tanger Med et le futur port de Dakhla Atlantique, peut inspirer le Chili dans ses stratégies d'ouverture maritime et d'intégration régionale.
Dans le domaine académique, plusieurs universités chiliennes manifestent leur intérêt pour établir des partenariats avec leurs homologues marocaines, notamment en matière de recherche scientifique, d'agriculture durable et d'innovation. L'Ambassade s'attache à jeter les bases de cette coopération Sud–Sud concrète, en mettant en relation les institutions des deux pays et en encourageant une approche de co-développement fondée sur la complémentarité, la durabilité et la confiance mutuelle.
Lire aussi : La convergence politique entre le Chili et le Maroc renforce la solidité de leur partenariat stratégique
l Les échanges économiques entre le Maroc et le Chili demeurent en deçà de leur potentiel. Quelles sont, selon vous, les principales entraves à lever pour stimuler les échanges économiques et attirer davantage d'investisseurs chiliens vers le Maroc, notamment dans la perspective d'un pont atlantico-pacifique entre Tanger Med et les ports chiliens ?
– Il est vrai que les échanges économiques entre le Maroc et le Chili restent encore en deçà de leur véritable potentiel. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, dont la compétitivité naturelle des marchés et la priorité, pour chacun de nos pays, à divers partenariats traditionnels. Le Maroc, par exemple, est fortement intégré à l'Europe, à l'Afrique et à certaines régions d'Asie, tandis que le Chili concentre une grande part de ses échanges sur les continents américain et asiatique.
Cela dit, il existe un potentiel réel et encore largement inexploité pour stimuler nos échanges bilatéraux, notamment dans le cadre d'un pont atlantico-pacifique reliant Tanger Med aux ports chiliens. Ce corridor maritime stratégique pourrait faciliter le commerce, ouvrir de nouvelles portes et créer des opportunités concrètes pour les entreprises marocaines et chiliennes.
Le Maroc a beaucoup à offrir au Chili, que ce soit dans l'agro-industrie, l'énergie renouvelable, la logistique ou le textile et inversement, le Chili possède des savoir-faire et des produits qui intéressent fortement le marché marocain. L'Ambassade continue de travailler à sensibiliser les acteurs économiques et à identifier les secteurs où des partenariats mutuellement bénéfiques peuvent être développés.
l Le Centre Mohammed VI pour le Dialogue des Civilisations à Coquimbo est devenu une vitrine exemplaire du soft power marocain. Comment ce centre participe-t-il à la diplomatie d'influence du Royaume ?
– L'ouverture du Centre Mohammed VI pour le Dialogue des Civilisations à Coquimbo en 2007, à la suite de la visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Chili en 2004, constitue un jalon important dans la diplomatie culturelle du Maroc. Il s'agit d'une initiative unique en son genre dans la région latino-américaine, visant à créer un espace de rencontre et d'échange entre les cultures. En promouvant l'art, l'architecture, la musique, la littérature et l'artisanat marocains, le Centre devient un vecteur concret de soft power, permettant au Royaume de renforcer son image et sa présence culturelle à l'international.
Ce centre illustre parfaitement la capacité de la culture à ouvrir des ponts entre les peuples. En diffusant la richesse culturelle marocaine, il contribue à créer un climat de confiance et de curiosité chez les Chiliens envers le Maroc. Ainsi, le centre agit non seulement comme un espace culturel, mais aussi comme un outil stratégique de diplomatie d'influence, capable de rapprocher des pays géographiquement éloignés et culturellement distincts.
l Vous venez d'être distinguée par la ville de Coquimbo, qui vous a remis la clé symbolique de la cité. Que représente, pour vous, cette reconnaissance locale ? Et comment ce type de distinction renforce-t-il la visibilité du Maroc au-delà des cercles politiques et économiques traditionnels ?
– Recevoir la clé symbolique de la ville de Coquimbo représente pour moi une immense fierté et un honneur profond. Cette distinction illustre non seulement l'importance accordée au Maroc et à sa présence au Chili, mais elle traduit également la reconnaissance des efforts déployés par cette ambassade pour renforcer les liens entre nos deux pays.
Chaque initiative, chaque projet ou activité culturelle, aussi modeste soit-il, contribue à tisser des ponts entre les peuples et à promouvoir la connaissance de notre culture et de notre patrimoine. Cette reconnaissance montre que ces efforts, parfois invisibles dans le quotidien, ne sont jamais vains : ils portent leurs fruits en matière de compréhension mutuelle, de coopération et de rayonnement du Maroc.
Elle symbolise également la confiance et l'amitié que les communautés locales, chiliennes et marocaines, nous témoignent. Elle me rappelle que la diplomatie ne se construit pas seulement à travers des accords officiels, mais aussi à travers des relations humaines, des échanges culturels et des gestes de proximité, qui font toute la différence dans le renforcement de notre présence à l'étranger.
l La restitution en 2024 par le Chili de plus de cent pièces paléontologiques marocaines a marqué un précédent éthique en matière de coopération culturelle. Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce processus et sur ce qu'il révèle du respect mutuel entre nos deux nations ?
– Ce processus témoigne de la transparence et de la rigueur avec lesquelles le Chili gère ses relations internationales dans le domaine patrimonial. Dès la réception de ces pièces, l'Ambassade a été immédiatement contactée pour assurer le suivi et la coordination avec les autorités marocaines en vue de leur retrait et de leur envoi sécurisé au Maroc. Chaque étape du processus a été communiquée de manière claire et détaillée, ce qui a permis un déroulement fluide et parfaitement organisé. Cette transparence a facilité non seulement les aspects logistiques, mais elle a également renforcé la confiance entre nos deux pays.
Au-delà de la dimension matérielle, cet épisode reflète une véritable valeur éthique partagée : la reconnaissance de l'importance de restituer les patrimoines culturels à leur pays d'origine, et la volonté de collaborer de manière constructive et respectueuse. Pour le Maroc, cette restitution symbolise la qualité des relations bilatérales avec le Chili et démontre que le dialogue, la confiance et le respect mutuel sont des fondements solides pour la coopération culturelle.
Ce geste illustre que la diplomatie culturelle ne se limite pas à la promotion d'un héritage, mais qu'elle repose aussi sur des principes éthiques qui renforcent les liens d'amitié et de confiance entre les pays.
l Vous êtes l'une des figures féminines les plus marquantes du corps diplomatique marocain. Comment percevez-vous l'évolution de la place des femmes dans la diplomatie marocaine ? Et quels progrès estimez-vous encore nécessaires pour atteindre une véritable parité d'influence ?
– Je me réjouis de constater que les femmes marocaines sont aujourd'hui de plus en plus présentes et actives au sein du corps diplomatique. Sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, notre diplomatie encourage leur participation et leur épanouissement, leur permettant de représenter le Royaume avec compétence, engagement et sens du devoir.
Cette évolution ne se limite pas à une question de chiffres : elle traduit une reconnaissance des compétences et de la valeur ajoutée que les femmes apportent à la diplomatie — rigueur, sensibilité, écoute et approche inclusive, autant de qualités qui renforcent la capacité du Maroc à bâtir des partenariats solides et durables.
Des progrès restent néanmoins nécessaires pour atteindre une parité réelle d'influence. Il s'agit de multiplier les opportunités d'accès aux postes de décision, de soutenir la formation continue et d'instaurer une culture où le mérite prime sur le genre.
Guidée par la vision royale, la diplomate marocaine est aujourd'hui appelée à jouer un rôle central dans le rayonnement international du Royaume, affirmant que le leadership et la compétence n'ont ni frontière, ni genre.
l La réforme du Code de la famille et la modernisation de la Moudawana suscitent une attention croissante à l'international. Comment ces réformes renforcent-elles, selon vous, l'image du Maroc comme acteur crédible de la modernité arabo-musulmane et de la diplomatie du progrès ?
– Il faut savoir que le Chili est l'un des pays au monde qui accordent une grande importance à la condition féminine et qui développent une politique étrangère féministe. Dans ce contexte, les réformes entreprises par le Maroc, notamment la réforme du Code de la famille et la modernisation de la Moudawana, constituent un signal fort à l'international. Elles montrent que le Royaume est résolument engagé dans la promotion des droits des femmes et dans l'égalité des genres, et qu'il s'inscrit dans une dynamique de modernité et de progrès social.
Ces réformes renforcent l'image du Maroc comme un acteur crédible de la modernité arabo-musulmane. Elles témoignent de la capacité du Royaume à concilier tradition et innovation, à adapter ses institutions aux défis contemporains tout en restant fidèle à ses valeurs culturelles et religieuses. Sur la scène internationale, ces avancées permettent de présenter le Maroc comme un pays en mouvement, ouvert au dialogue et à l'échange, capable de prendre des initiatives progressistes dans un cadre légal et social solide.
En matière de diplomatie, ces réformes deviennent un outil de rayonnement et de soft power. Elles permettent de nouer des partenariats fondés sur des valeurs partagées, de renforcer la crédibilité du Maroc auprès de pays attachés aux droits des femmes et de projeter une image d'Etat moderne, responsable et tourné vers l'avenir. Au-delà du Chili, ces progrès illustrent que la diplomatie du Maroc ne se limite pas à ses actions politiques et économiques, mais s'étend également à sa capacité à promouvoir un modèle social respectueux des droits humains et inclusif.
l Dans un contexte latino-américain en recomposition, comment le Maroc continue-t-il à défendre ses positions, notamment sur la question du Sahara, tout en consolidant des partenariats équilibrés avec les nations de la région ? Comment percevez-vous aujourd'hui la compréhension latino-américaine du plan d'autonomie marocain ?
– Le Maroc continue à défendre ses positions avec constance et pragmatisme, en s'appuyant sur les principes de dialogue, de coopération et de respect du droit international. Concernant la question du Sahara marocain, le Royaume met en avant le Plan d'autonomie comme solution réaliste, crédible et conforme aux résolutions des Nations unies, permettant à la région de bénéficier d'une stabilité durable et d'un développement socio-économique harmonieux.
Parallèlement, le Maroc consolide des partenariats équilibrés avec les pays latino-américains, en s'inscrivant dans une dynamique de coopération mutuellement bénéfique. Cela passe par le renforcement des échanges commerciaux, l'investissement dans des projets structurants, la coopération culturelle et académique, ainsi que le partage d'expertises dans des secteurs clés tels que l'agriculture, les énergies renouvelables et les infrastructures.
Aujourd'hui, on observe une meilleure compréhension et reconnaissance latino-américaine du Plan d'autonomie marocain, notamment grâce aux efforts diplomatiques continus, à la communication transparente et à la démonstration concrète des bénéfices socio-économiques qu'il apporte aux populations locales.
l Madame l'Ambassadrice, le Maroc vient de remporter, pour la première fois, une victoire historique face à l'Argentine chez les moins de 20 ans. Au-delà de la performance sportive, que représente pour vous ce succès sur le plan symbolique et diplomatique, sur le continent latino-américain où vous représentez le Royaume ?
– Cette victoire historique des Lions de l'Atlas face à l'Argentine est bien plus qu'une simple performance sportive. Elle est un symbole fort de la montée en puissance de la jeunesse marocaine et de son talent sur la scène internationale. Sur le plan symbolique, elle incarne la résilience, l'ambition et la détermination de notre jeunesse, des valeurs que nous partageons avec les nations latino-américaines.
Sur le plan diplomatique, ce succès est une magnifique carte de visite pour le Royaume ici, sur ce continent. En battant une grande nation de football comme l'Argentine, le Maroc démontre qu'il est un acteur sportif de premier plan. Le sport, dans ces moments, devient un puissant outil de soft power, renforçant la notoriété et l'image positive du Maroc et ouvrant la voie à un dialogue plus aisé et plus chaleureux entre nos peuples. C'est la preuve que les ponts que nous construisons ne sont pas uniquement politiques ou économiques, mais aussi humains et émotionnels.
l Vous avez souvent insisté sur la valeur du sport comme vecteur de rapprochement entre les peuples. Pensez-vous que cette victoire de la jeune génération marocaine puisse renforcer le dialogue culturel entre le Maroc et l'Amérique latine, et incarner cette diplomatie du cœur et de la jeunesse que vous défendez depuis votre arrivée au Chili ?
– Absolument. Le sport est un langage universel qui transcende les barrières linguistiques et culturelles. Cette victoire de notre jeune équipe est une incarnation parfaite de la diplomatie du cœur et de la jeunesse que nous nous efforçons de promouvoir. Elle met en lumière une génération marocaine ouverte, talentueuse et connectée au monde, qui partage avec la jeunesse latino-américaine une passion commune pour le sport et l'excellence.
En Amérique latine, où le football est une véritable religion, ce succès crée un point de convergence émotionnel et de respect mutuel. Nous l'avons d'ailleurs vu de manière concrète sur le terrain : le soutien extraordinaire des Chiliens et des supporters de toute l'Amérique latine pour le Maroc, le phénomène des Chiliens qui portent fièrement notre maillot, ou encore les artistes colombiens qui ont dédié une chanson à notre équipe ! Ces gestes spontanés sont la preuve que le Maroc a conquis les cœurs.
Ce succès facilite le dialogue, suscite la curiosité pour le Maroc et ouvre des portes pour les échanges culturels et académiques. C'est en multipliant ce genre de réussites humaines et partagées que nous renforçons les liens entre le Maroc et l'Amérique latine, en allant au-delà des relations étatiques pour toucher le cœur des citoyens, en particulier les jeunes, qui sont l'avenir de ce partenariat Sud-Sud.
l Enfin, Madame l'Ambassadrice, après près d'une décennie de présence au Chili, comment envisagez-vous l'avenir des relations entre nos deux pays ? Quels sont, selon vous, les chantiers prioritaires pour faire du lien Maroc–Chili un partenariat exemplaire entre deux nations du Sud ?
– Après près d'une décennie d'efforts soutenus, je me réjouis de constater que les relations entre le Maroc et le Chili connaissent un essor remarquable. Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi, que Dieu L'assiste, notre partenariat Sud-Sud s'affirme autour de trois axes prioritaires.
Fait marquant, le Chili – longtemps neutre sur notre cause nationale – a désormais exprimé son appui au Plan d'autonomie proposé par le Maroc. Ce tournant diplomatique a été confirmé lors de la visite à Rabat du ministre chilien des Affaires étrangères, M. Alberto van Klaveren, à l'occasion du Congreso Futuro (16–18 décembre 2024), événement scientifique d'envergure accueilli pour la première fois dans un pays africain ou arabe, avec une participation chilienne de haut niveau comprenant quatre ministres, des députés et des sénateurs.
Dans la continuité de cette dynamique positive, nous œuvrons à l'installation à Rabat du siège du Congrès du Futur Amérique latine–Afrique, initiative destinée à faire du Maroc une véritable plateforme de coopération Sud-Sud. Parallèlement, un travail de concertation est mené avec les principaux candidats à la présidence du Chili afin de garantir la continuité des positions favorables au Royaume, quelle que soit l'issue politique future à Santiago.
Sur le plan économique, la priorité va à la diversification et à l'intensification des échanges, notamment dans l'agriculture et les phosphates, avec pour objectif de faciliter l'accès direct des produits chiliens au marché marocain et d'accroître les exportations marocaines vers le Chili.
Un axe majeur concerne également la coopération énergétique, en particulier dans les domaines des énergies renouvelables et de l'hydrogène vert, où le Chili est un acteur de premier plan et le Maroc un partenaire naturel grâce à son potentiel solaire et éolien.
Enfin, l'Ambassade poursuivra une présence culturelle active, à travers la participation du Maroc à la Foire des Nations organisée par la municipalité de Las Condes à Santiago le mois prochain, ainsi que par une série de conférences universitaires que je donne, destinées à promouvoir la véritable image du Royaume et à contrer toute campagne de désinformation. Cette action diplomatique constante et offensive demeure essentielle pour défendre nos intérêts et affermir le rayonnement du Maroc en Amérique latine.
Par ailleurs, les médias chiliens contribuent activement à la diffusion de la culture marocaine et à la promotion d'une image fidèle du Royaume. Je tiens à saluer particulièrement Canal 3, qui a consacré l'an dernier une série de quatre épisodes sur le Maroc, diffusés en prime time et suivis par près de dix millions de téléspectateurs. Cette production a magnifiquement mis en valeur l'hospitalité légendaire du peuple marocain, unanimement reconnue par ceux qui ont visité notre pays.
De nombreux visiteurs ont souligné combien cette hospitalité incarne l'essence même de notre identité nationale. L'une des participantes à une conférence sur le féminisme au Maroc, invitée au Salon du Livre 2023, a même déclaré que « l'hospitalité marocaine devrait être inscrite au patrimoine immatériel de l'UNESCO», tant elle reflète les valeurs profondes de générosité, de respect et d'ouverture qui font la fierté du Royaume.


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