Considéré comme un grand problème de santé publique dans le monde, l'hépatite virale C a atteint 71 millions de personnes à travers le monde en 2017, selon l'OMS causant ainsi 399 000 décès annuellement. Au Maroc le bilan de cette épidémie est terrible, 5000 marocains meurent chaque année, soit 15 par jour, selon l'Association de Lutte contre le Sida (ALS). Lors du point de presse tenu ce mardi, ALS révèle en outre que près de 400 000 citoyens et citoyennes sont infectés par le virus de l'hépatite C et 16 autres s'infectent nouvellement chaque jour. Pourtant, la majorité des personnes infectées ignore encore leur infection jusqu'à la survenue d'une complication tel que cirrhose ou cancer du foie, a déploré ALS. Mais aujourd'hui, avec l'avènement des nouveaux médicaments révolutionnaires (antiviraux à action directe ou AAD) très efficaces et commercialisés au Maroc avec un coût relativement bas, ce lourd bilan ne devrait plus être une fatalité. Pourtant, l'ALS estime que depuis 2015, le Maroc a entrepris un processus de lutte contre l'hépatite virale C avec trois séquences très importantes : En 2015, le Maroc a autorisé la fabrication et la commercialisation sur son marché du Sofosbuvir (une des molécules antivirales prescrite dans le traitement de l'hépatite virale C) puis l'a inscrit dans la liste des médicaments remboursables par les assurances publiques et privées . Depuis d'autres molécules ont été introduites sur le marché marocain (Daclatasvir, Ledipasvir, Velpatasvir). Ensuite, en 2016 avec l'élaboration du premier plan stratégique national (PSN) de lutte contre les hépatites virales pour la période '2017-2021', mais non encore lancé. Et enfin en 2019 avec le lancement de l'étude de séroprévalence nationale au Maroc (Février 2019). Réaction insuffisante, le gouvernement pointé du doigt Malgré quelques avancées notables, l'Association de Lutte contre le Sida déplore des réactions timides des autorités étatiques pout lutter contre la pandémie. L'ALS déplore la compromission de l'implémentation et la mise en œuvre des réalisations avec l'annulation de l'appel d'offres d'achat des AAD lancé en novembre 2017 et depuis non relancé. Le PSN de lutte contre les hépatites virales élaboré en 2016 n'est pas encore lancé officiellement. Par conséquent, elle estime que les personnes infectées par l'hépatite virale C et ne bénéficiant pas d'une assurance privée, notamment les Ramédistes n'ont pas accès au traitement, ce qui les exposent à une évolution vers la cirrhose et le cancer du foie. En plus des problèmes de santé, le coût de la prise en charge médicale des personnes porteuses du virus de l'hépatite C augmentera pour ceux qui auront évolué vers la cirrhose et ou le cancer, et qui nécessiteront une prise en charge multidisciplinaire et très coûteuse. Urgence nationale Pour corriger les manquements sur la prise en charge des malades, l'ALS déclare nécessaire et urgent la mise en place d'un plan stratégique national de lutte contre les hépatites virales. Pour ce faire, une étude menée dans le cadre du projet de plaidoyer pour l'accès universel au traitement de l'hépatite C, projet mené par Coalition PLUS, et l'ALCS et financé par UNITAID, montre que l'accès au traitement au Maroc permettra de sauver plus de 71 000 vies et prévenir 140 000 nouvelles infections d'ici 2050 ; prévenir la survenue de cancer chez 37 375 marocains et de la cirrhose décompensée chez 29,814. Cela permettra également d'épargner 20% des coûts totaux relatifs à la prise en charge médicale et soulager le budget d'état et des citoyens en évitant un coût relatif à la prise en charge de l'infection et de ses complications estimé de 44-52% du produit national brut. Pour ce faire l'ALS programme des pistes des débuts de solutions notamment : * Lancement urgent de l'appel d'offre d'achat des AAD * Lancement urgent du plan stratégique de lutte contre les hépatites virales. * Baisse du coût du diagnostic * Baisse du coût des médicaments génériques * Prise en charge du diagnostic et du traitement par le RAMED et sa généralisation aux populations vulnérables. Les tests sur l'hépatite virale C est une priorité ! Il aura un impact positif pour les personnes porteuses du virus et pour l'Etat, a suggéré l'ALS.