Ayant fait l'objet de stigmatisation par la droite et l'extrême droite pendant la campagne présidentielle, les musulmans de France attendent de François Hollande une politique gouvernementale qui cadre avec son discours électorale, c'est-à-dire, dans le respect total du Français de confession musulmane. «Conformément aux promesses du candidat François Hollande maintes fois réitérées durant la campagne, nous souhaitons que la laïcité s'applique dans toute sa clarté à tous les cultes en France à égalité de traitement», écrit Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, dans une lettre envoyée lundi dernier à ses délégués régionaux, selon Le Nouvel Observateur. «Nous pensons que cette garantie de la laïcité doit pouvoir s'appliquer dans le cas de l'organisation du culte musulman dont l'expérience du CFCM depuis une dizaine d'années doit évoluer vers une structure plus adaptée à la réalité du culte musulman», a-t-il ajouté. Pour M. Boubakeur, qui avait pourtant appellé les musulmans à voter pour Nicolas Sarkozy, la neutralité de l'Etat dans l'organisation du culte est une condition favorable à «l'émergence d'une coordination souple, légère et collégiale des principales organisations musulmanes de France reconnues par l'Etat». Maintenant que François Hollande est en fonction, le président du Conseil français du culte musulman, Mohamed Moussaoui, quant à lui, «espère être rassuré dans les discours et les actes», rapporte Saphir News. Le recteur de la mosquée d'Evry, Khalil Merroun, souhaite pour sa part que le PS évite toute forme d'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques. Sinon ce serait, selon lui, «contreproductif et en contradiction avec les discours sur le rassemblement et la justice de François Hollande». «On veut seulement que l'islam soit traité sur le même pied d'égalité que les autres religions. Le fait est que l'on n'a jamais entendu d'agressivité antimusulmane de la part de Hollande», a-t-il déclaré, selon le blog religion du journal Le Monde. Indulgence pour les femmes La co-fondatrice de Mamans Toutes égales, N'della Paye ne se fait pas trop d'illusion. Ce parent d'élève est concernée par la circulaire sur les sorties scolaires interdites aux mères voilées. Elle n'a cependant «pas l'impression que la situation va s'améliorer, puisque, rappelle-t-elle, les socialistes n'ont pas réagi aux plaintes des mères à ce sujet lors de la campagne. Notre souhait c'est qu'il n'y ait plus de lois ou de mesures d'exception pour les femmes musulmanes. On ne demande rien de plus, juste que la laïcité soit la même pour tous. Concernant la circulaire sur les sorties scolaires, on demande non seulement que le prochain gouvernement revienne dessus mais qu'il se positionne clairement dans l'autre sens car ce texte va créer des problèmes là où il n'y en a pas». Selon Sami Debah, président du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), l'abandon du texte «anti-nounous voilées», voté par la gauche au Sénat», serait la preuve d'une véritable «bonne volonté» du gouvernement Ayrault pour une normalisation entre les musulmans et le pouvoir politique, une non-ingérence mutuelle. Car Ce texte, justifie-t-il «vise à encadrer le port de signes religieux, y compris pour des femmes gardant des enfants à domicile». Une présidence «à surveiller de près» Après le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France [CMF], considère que «la présidence de François Hollande est à surveiller de près». «Je serai extrêmement vigilant sur les potentielles dérives de son mandat notamment en matière de falsification de la laïcité, qu'on instrumentalise trop souvent à gauche pour dénigrer les musulmans, a-t-il déclaré dans une interview accordée au site Foul Express . En ce sens, les premières déclarations de M. Valls sur la nécessité de 'protéger la laïcité' n'augurent rien de bon».
