Biladi, l'une des toutes premières émissions télévisées marocaines qui s'est intéressée de près à la diaspora marocaine dans le monde, et ce durant 15 ans non-stop, pourrait être supprimée fin décembre prochain pour des raisons financières. Son présentateur Moustapha El Bied se bat aujourd'hui pour que la SNRT la maintienne dans sa programmation. Biladi, la célèbre émission télévisée sur la diaspora marocaine diffusée sur Al Oula, la première chaîne marocaine sera bientôt arrêtée. C'est ce que nous a confirmé aujourd'hui Moustapha El Bied, présentateur et producteur de l'émission. «Inadmissible !» Depuis 15 ans, Moustapha El Bied sillonne le monde pour aller à la rencontre des Marocains de l'Etranger. Objectif : voir comment ils vivent dans leur pays d'accueil mais aussi écouter les doléances qu'ils peuvent avoir vis-à-vis du Maroc. «Malheureusement, l'émission n'a plus les moyens financiers pour continuer», déplore Moustapha El Bied. «Depuis 15 ans que l'émission existe, les frais n'ont cessé d'augmenter et on ne peut pas faire plus avec les moyens dont on dispose aujourd'hui. Je lance donc un appel à la SNRT pour que la chaîne mette la main à la pâte pour contribuer au financement de cette émission. Les MRE représentent entre 10 à 12% de la population marocaine totale. Il est inadmissible de supprimer une telle émission !», poursuit-il. Au fil des années, la facture de l'émission n'a fait que s'alourdir : équipe de tournage à payer à leur juste prix, billets d'avions, voyages dans les 4 coins du monde pour rencontrer ces Marocains qui sont de plus en plus nombreux à s'installer dans des pays éloignés du Maroc. Pour tenter de réduire les coûts, l'émission avait fini par être diffusée deux fois par mois seulement, depuis ces 3 dernières années au lieu d'une fois par semaine. Mais cela ne s'est pas avéré suffisant. Une émission devenue en 15 ans porte-parole des MRE Ainsi depuis plusieurs jours, Moustapha El Bied est en pourparlers avec la direction de la SNRT pour convaincre la chaîne de trouver une solution financière pour garder cette émission, la seule émission qui parle des MRE depuis aussi longtemps sur la télévision marocaine. Car cette émission, Moustapha El Bied y a dédié une grande partie de sa vie. C'est son bébé. Sa plus grande fierté et il n'est pas prêt de lâcher l'affaire. «Ce qui me rend fier c'est que ces Marocains que nous avons suivi nous le rendent bien et ont été reconnaissants de l'effort que nous avons déployé pour parler d'eux. Où que l'on aille, nos équipes ont toujours été bien accueillies. Au final, ce sont ces Marocains du monde qui nous ont submergés de demandes pour nous inviter à venir filmer leur quotidien. L'émission était devenue leur porte-parole.» poursuit-il avec émotion. L'un des plus beaux souvenirs qu'il garde de l'un de ses nombreux tournages, représentant au total plus de 5000 heures d'interview avec des MRE, est lorsque l'équipe de tournage rencontre en 2002 les ouvriers marocains de l'usine Peugeot dans la ville de Sochaux. «Je me souviendrais toujours de ce jour-là, on était en hiver et il neigeait. En arrivant à l'usine de Sochaux, notre première surprise a été de voir qu'un drapeau marocain soufflait ur le toit de l'usine au côté d'un drapeau français. Les employés marocains avaient réussi à convaincre la direction de mettre le temps du tournage, un drapeau marocain sur le toit. Même France 3 en avait parlé et avait ouvert avec dans son JT ! Les ouvriers étaient si fiers que leur pays d'origine s'intéressent enfin à eux après avoir quitté le Maroc il y a 40 ans», explique-t-il. Suppression prévue dans un mois Malgré la tristesse qui s'entend dans sa voix, Moustapha El Bied garde espoir et le moral. «J'ai le sentiment d'avoir rempli ma mission. Il n'y a pas une communauté qui tient à son pays comme la communauté marocaine. Je ne dis pas ça par chauvinisme mais c'est ce que j'ai constaté en 15 ans d'émission. On a parlé des conditions inhumaines dans lesquelles vivaient les retraités et anciens combattants marocains qui doivent rester en France pour toucher leur retraite, on a parlé des mineurs de la région du Nord Pas de Calais, de ces jeunes marocains qui sont emprisonnés en Italie et qu'on a filmé en train de dessiner sur les murs de la prison un drapeau marocain avec le mot «houria» et aujourd'hui la diaspora marocaine continue d'évoluer avec des problématiques qu'il faut traiter comme les mariages forcés, les divorces qui sont extrêmement élevés en Belgique notamment ou la discrimination à l'embauche pour les plus jeunes. C'est de notre devoir de montrer le vrai visage de cette diaspora.» ajoute-t-il. A ce jour, l'une des solutions pour que l'émission Biladi continue à exister est qu'une autre chaîne de télévision reprenne le concept, une solution possible aux yeux de Moustapha El Bied. Si la SNRT décide, malgré tout de supprimer cette émission, sans prendre conscience de l'importance d'un tel programme qui sert de lien ombilical entre le Maroc et sa diaspora, la toute dernière émission Biladi est prévue fin décembre 2012.
