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France : « Il y a davantage de salafis issus de familles immigrées algériennes que marocaines »
Publié dans Yabiladi le 20 - 03 - 2013

«Du Golfe aux banlieues - Le salafisme mondialisé», c'est le titre du nouvel ouvrage de Mohamed Ali Adraoui, sociologue et chercheur spécialiste de l'islam, sorti ce mois de mars. Paru aux éditions Presses Universitaires de France dans la collection Proche-Orient, l'ouvrage est basé sur la thèse de doctorat du chercheur français d'origine marocaine. Un ouvrage qui fait l'état des lieux du salafisme dans le monde musulman et notamment au Maroc, mais également dans les banlieues françaises. Interview.
Yabiladi : Qu'est-ce que le salafisme ?
Mohamed Ali Adraoui : Le salafisme est un courant religieux désignant plusieurs réalités. Sur un plan politique, il fait aussi bien référence à des groupes quiétistes [ceux qui entreprennent un acheminement vers Dieu] qu'à des formations politisées, ou jouant le jeu des élections que des mouvements usant de violence pour renverser des régimes honnis. En tant que vision fondamentaliste, il s'agit de revenir aux fondements de la religion. Une vision qui met au cœur de la prédication, la recherche de la preuve islamique (dalil) sur lequel repose dès lors le sentiment de maîtriser objectivement les sources sacrées, que sont le Coran et la Sunna du Prophète. Sans oublier le athar, la trace des Compagnons et des Salaf Salih (Sages Anciens). Ainsi, les salafis défendent l'idée que l'islam véritable peut être atteint à travers une méthodologie rigoureuse.
Comment expliquez-vous que le salafisme ait pu se globaliser aussi vite et atterrir dans les banlieues françaises ?
MAA : Sociologiquement et politiquement, le salafisme s'est mondialisé depuis plusieurs décennies, et ce sous l'action de certains Etats tel que l'Arabie Saoudite, épicentre de cette offre religieuse, qui défend depuis sa création, les vues orthodoxes de la salafiyya. Il y a aussi une demande, puisqu'un grand nombre de personnes se sont éloignées des appartenances religieuses liées à des cultures spécifiques. Le salafisme correspond à une manière moderne de concilier une orthodoxie revendiquée avec certains aspects de la mondialisation et de l'époque contemporaine, telles l'appétence pour l'économie de marché et le peu d'entrain pour l'activisme politique lorsqu'il s'agit des quiétistes.
Faut-il avoir peur du salafisme aujourd'hui?
MAA : Tout dépend de qui on parle. En termes sécuritaires et idéologiques, les quiétistes sont, non seulement, opposés à ceux qui légitiment la violence mais ils entendent également les discréditer religieusement. La question concerne davantage le rapport au reste de la société ou encore le lien aux coreligionnaires. Il est vrai que la prédication salafie engendre une forme de concurrence, que l'on retrouve de manière claire sur le web. Elle engendre aussi des tensions intellectuelles puisqu'elle se présente comme véridique et donc comme source d'inspiration. Ce qui participe à un discrédit plus ou moins revendiqué des autres offres religieuses, même si elles sont islamiques, comme le soufisme, le tabligh ou encore les Frères Musulmans.
Quelle est la particularité du salafisme marocain. Est-il différent du salafisme égyptien, algérien ou saoudien ?
MAA : Sur un plan strictement religieux, le salafisme marocain n'est pas spécifiquement différent du salafisme dans d'autres pays, dans la mesure où on retrouve les mêmes principes, à peu de choses près. Néanmoins, d'un point de vue sociologique, par comparaison avec la France, j'ai pu remarquer qu'il y a des différences en termes de comportements chez certaines personnes. A titre d'illustration, j'ai pu remarquer que les salafis marocains, du moins ceux que j'ai rencontrés, sont moins radicaux dans leur discours. Cela s'explique d'après moi, par leurs origines sociales ainsi que par le fait qu'en France, il s'agit non seulement de s'opposer aux coreligionnaires, vus comme déviants, voire surtout à une société majoritairement non musulmane et même vécue comme inique [contraire à la justice]. Ce qui est très différent de la société marocaine.
Les salafis marocains inquiètent-il les autorités du royaume ?
MAA : Si l'on parle des salafis qui légitiment ou pourraient avoir recours à la violence, oui, de manière claire, les Etats craignent des attentats, des prises d'otages ou des attaques contre leurs intérêts ou contre leur population. C'est d'ailleurs ce qui explique la coopération du Maroc et d'autres pays avec la France dans le cadre de l'opération en cours dans le Sahel. Pour les quiétistes, ils ont été mis en avant parce que ce sont des défenseurs de l'ordre politique établi. Car ils sont réfractaires au militantisme politique et à la contestation des régimes musulmans, même s'ils sont imparfaits, ils sont vus par certains dirigeants comme des facteurs de légitimation interne, ce qui explique leur promotion dans certains pays.
Place aux jeunes des banlieues françaises. Certains choisissent de venir au Maroc pour faire leur hijra. Le Maroc est-il plus prisé par ces jeunes, car étant un pays touristique, ça passe plus «inaperçu» de venir dans ce pays, qu'aller par exemple en Algérie ?
MAA : Non, pas du tout. Il y a beaucoup plus de personnes salafies qui font leur hijra, leur migration salutaire vers l'Algérie qu'en direction du Maroc, ne serait-ce que parce qu'il y a davantage de salafis issus de familles immigrées algériennes que marocaines. C'est pour cette raison que, souvent, le pays d'origine des parents est prisé. Il y a donc certains salafis qui viennent au Maroc, mais également beaucoup en Algérie. Certaines personnes qui ont embrassé l'islam font aussi parfois le même chemin. C'est intéressant car, en un sens, les salafis font le chemin inverse de leurs parents et valorisent la vie au Maroc, en Algérie ou ailleurs pour des raisons religieuses, alors que les représentants des générations précédentes cherchaient avant tout la promotion sociale et une vie meilleure, pour eux et leurs enfants.
Pourquoi ces jeunes, ayant grandi en France, choisissent-ils de suivre la voie du salafisme ?
MAA : Il y a la fatigue et la crise des offres d'islam qui ne sont pas salafies, telles que celles représentées par les acteurs de l'islam militant comme l'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) ou d'autres plus piétistes tel que le Tabligh. L'individualisme, voire l'hyperindividualisme, touche de manière claire les musulmans. Pour être embrassé, le salafisme doit être déconnecté de toute autre forme d'appartenance culturelle. On peut être salafi et de n'importe quelle nationalité. Le but étant uniquement religieux, en dehors de toute velléité, de transformation du monde, autrement que par la prédication. En cela, on peut affirmer que ce courant correspond à une forme de post-islamisme, ou plutôt, pour être plus précis, d'un islamisme de la sortie de l'islamisme.
Mohamed Ali Adraoui donnera une conférence demain, jeudi 21 mars, autour de son livre, à Sciences Po Collège universitaire Campus de Menton à 17h30, heure française.


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